Libéré de son contrat depuis peu, l’ex-défenseur central du Swift Hesperange revient avec nous sur ces quelques mois passés au sein d’un club qu’il n’est pas prêt d’oublier.
Tout d’abord, peux-tu nous en dire plus sur ta situation actuelle ?
Je suis libre depuis le 26 décembre dernier, après avoir effectué les démarches pour résilier mon contrat. J’attends de nouvelles opportunités en étant plein d’ambition, et en étant bien décidé à reprendre du plaisir !
As-tu déjà eu des touches pour rebondir ailleurs ?
C’est difficile de répondre, mais ce sont mes agents qui gèrent cette partie et j’ai entière confiance en eux pour qu’ils puissent me sortir de cette situation délicate.
Comment as-tu vécu cette courte aventure au Luxembourg et qu’est ce que tu en retiens ?
C’était ma première expérience à l’étranger, loin de ma famille. Je suis arrivé déterminé à tout casser, et puis au fil des mois, la passion du foot se perd. L’argent est le nerf de la guerre pour tout le monde… La fin a été dure mais heureusement que j’avais mes proches avec qui je pouvais discuter, ainsi que quelques collègues dans le monde du football à côté, qui permettaient aussi de se changer les idées.
Est-ce que tous les joueurs du club n’étaient pas payés ou cela dépendait des joueurs ? Faisais-tu partie des joueurs qui ont eu des impayés de salaire ?
On ne peut jamais réellement savoir car le monde du football reste assez particulier, mais de ce que tout le monde disait, personne n’était payé.
As-tu reçu l’argent que le club te devait depuis ?
Non je n’ai toujours rien reçu, et je suis donc entrain de faire les démarches avec les instances françaises et la FIFA pour pouvoir recevoir l’argent que le club me doit.
Comment fait-on lorsque l’on n’est pas payé et que le salaire versé par le club est notre seule source de revenu ?
J’avais un contrat en louage d’ouvrage, qui se pratique beaucoup au Luxembourg apparemment. Mais malgré cela, tu dois être payé à partir du moment où tu travailles, ce qui n’était pas le cas et cela pose évidemment problème. Après, pour subvenir à nos besoins, on a la famille qui aide un peu, on tape un peu dans nos économies mais on ne vit pas comme on le devrait avec les salaires que l’on a.
Comment se sont passés les échanges avec la direction et qu’est ce qui a pu être dit ou promis par le club concernant la situation ?
Dans n’importe quel travail, on doit être payé, ça parait évident mais apparemment, ça ne l’est pas ici. Pour ce qui est des promesses, c’est peut-être la seule chose positive si on peut dire ça ainsi : rien ne nous a été promis.
Avec le recul, penses-tu que faire la grève lors du match contre Mondorf était une bonne idée ? Aviez-vous averti le club que vous ne joueriez pas ?
Le recul reste compliqué à avoir car je reste pour le moment toujours dans cet environnement là… Je ne sais pas si c’était une bonne idée ou pas, mais en tout cas, elle était collective, la preuve : les 18 joueurs sont tous allés jusqu’au bout, ce qui montre bien que c’était un ras le bol collectif. Au final, ça n’a servi à rien, mais il fallait bien le faire pour tenter de faire bouger les choses.
Aviez-vous averti le club que vous ne joueriez pas contre Mondorf ?
Oui on avait averti le club dans la semaine de notre intention de ne pas jouer le match contre Mondorf si nous n’étions pas payé le dimanche. Tous les joueurs pourront vous le dire d’ailleurs.
Avais-tu déjà vécu ce genre de situation précédemment durant ta jeune carrière ?
Avant j’étais à Avranches où le budget était inférieur à celui du Swift, mais où le président a toujours fait en sorte que les joueurs soient payés en temps et en heure.
On sait que de nombreux clubs ont des soucis financiers au Luxembourg : en avais-tu été averti avant d’arriver à Hesperange ?
Pour le coup non, je n’avais pas cette information. Mais dans les premiers jours ayant suivi mon arrivée, j’ai eu des discussions avec des joueurs qui m’ont mis au parfum. Le groupe est vraiment top et c’est à noter. On avait notamment eu un joueur qui été reparti au bout de 15 jours cet été car il avait été averti de ça. De mon côté j’ai été averti, mais c’était trop tard.
Cette situation joue forcément dans la tête et a un impact sur les performances …
Bien sûr, nous avions eu cette discussion avec le coach qui avait été vraiment top là-dessus et qui comprenait des non-performances de l’équipe ou de certains joueurs au vue de la situation. Si la tête ne va pas, les jambes ne vont pas aller non plus, car l’un ne va pas sans l’autre.
Le coach Emmanuel Da Costa est-il toujours, à ta connaissance, l’entraineur du club ?
À ma connaissance, oui, il est toujours entraineur du club.
Comment cette situation a été vécue au sein du vestiaire, avec certains joueurs qui sont embourbés dans ce problème depuis plusieurs saisons déjà ?
Gros respect à ceux qui sont au club depuis des années et qui subissent la situation depuis si longtemps. Au sein du vestiaire, on ne parlait pas de résultat ni de performance. La première chose qu’on se demandait était de savoir si on allait être payé, car certains ont même des enfants et c’était une situation indécente.
As-tu vu passer l’information selon laquelle les présidents d’autres clubs luxembourgeois s’engageaient à ne pas recruter de joueur du Swift cet hiver, en solidarité avec le club d’Hesperange ? Qu’en penses-tu ?
J’ai effectivement vu passer cette information et je trouve que c’est moyen. Si ces gens là étaient dans notre situation, à ne pas être payé, il y aurait des mesures prises que ce soit des grèves ou autre.
Mental Médias SARL
15 Rue Emile Mark
L-4620 Differdange LUXEMBOURG
m : moien@mental.lu