Véritable légende du Tornado et capitaine de la sélection nationale, Colm Cannon revient avec nous sur son aventure au sein du club de sa vie, sans oublier de mentionner l’évolution de son sport depuis ses débuts. Entretien avec un homme qui aime toujours autant chausser les patins.
Comment définirais-tu la saison actuelle ? Es-tu satisfait ?
Je suis pour le moment très satisfait de la saison que nous sommes en train de faire. L’objectif clairement établi au début de saison était de se maintenir en D2 en atteignant au moins la 8e place. Pour le moment, nous sommes 7e et nous avons une chance de monter jusqu’à la 5e place avant les playoffs, donc c’est forcément positif. Le début d’exercice était un peu plus compliqué entre les nouvelles recrues et le changement au niveau du règlement avec les JFL (Joueurs Formés Localement), mais après quelques mois ensemble, le collectif s’améliore de plus en plus. Ça se voit sur la glace.
Justement, comment se passe l’intégration des nouveaux joueurs arrivés ces derniers mois ? L’ambiance est toujours au beau fixe ?
Ça fait une quinzaine d’années que je suis au Tornado et depuis le début de mon aventure ici, il y a toujours eu une bonne atmosphère au sein du vestiaire. Nous avons réussi à conserver cela malgré l’arrivée de beaucoup de nouveaux joueurs. D’ailleurs, en discutant avec ceux ayant joué dans d’autres clubs, ils soulignent ce côté jovial qui émane du groupe, avec tout le monde qui est là pour jouer et prendre du plaisir.
Au vu de la bonne dynamique des dernières semaines, quelles sont les ambitions pour la fin de saison ?
Petite anecdote qui va permettre de donner une idée de la mentalité actuelle du groupe sur la fin de saison : j’ai vu après le dernier match, lorsque l’on mangeait des pizzas ensemble, que tout le monde était sur le site du championnat pour voir les résultats de nos concurrents, preuve que l’on commence aussi à regarder en haut et que cette bonne série nous motive. Personnellement, j’ai 38 ans et pouvoir continuer à jouer à ce niveau avec ma famille à côté qui occupe aussi une partie de mon temps, c’est déjà satisfaisant. En tant que capitaine de l’équipe, l’objectif est de garder cette bonne atmosphère au sein du groupe, et également parvenir à progresser mentalement. Notre équipe est jeune et il faut essayer de tirer tout le monde vers le haut afin d’améliorer l’ensemble du collectif.
Il faut aussi être réaliste et se dire que la concurrence est rude. Je pense par exemple que si l’on va en playoffs et que l’on sort au premier tour mais en ayant tout donné, on pourra être fier de nous.
« Durant ces 15 années, le hockey a énormément évolué »
Tu en es à ta quinzième saison au club, qu’est ce qui a le plus changé au Tornado en 15 ans ?
Maintenant que l’on est en D2, le rythme de jeu est beaucoup plus professionnel. Je dirais que durant ces 15 années, c’est le hockey dans sa globalité qui a énormément évolué. Moi, je pèse 96-98 kilos et je suis désormais un dinosaure ! Maintenant, on est plus sur des gabarits qui font 85 kilos et qui patinent très bien, ce qui n’est pas forcément mon style. Le Tornado a forcément suivi cette évolution du hockey jusqu’à arriver à cette première saison en D2, où la vitesse de jeu a changé, et on voit la différence de niveau entre la D3 et la D2, mais également de professionnalisme au niveau du club. Ça a vraiment changé au moment de la période COVID où dans un premier temps, l’arrêt avait fait régresser l’équipe. Puis Christer est arrivé et a pris les choses en main et depuis, le club a énormément progressé.
Comment as-tu vécu la montée de la saison passée avec le groupe ?
C’était un moment magnifique. Ça ressemblait d’ailleurs un peu à cette saison : on avait commencé en gagnant quelques matchs sans être vraiment dedans. Et puis à la fin de la saison, on a vraiment été costauds. Il nous manquait quelques joueurs et c’est d’ailleurs pour ça que sur le deuxième jour du final four, on était mort, ce qui explique aussi la défaite contre Dijon. Mais oui, c’était un superbe moment qui restera gravé.
Avec ce passage à l’échelon supérieur, qu’est ce qui a le plus évolué ? Le nombre d’entrainements ?
Non, nous avons gardé le même rythme de deux entrainements par semaine dans notre training rink, en face de Kockelscheuer. Mais ce qui a changé, c’est qu’avant, entre la première et la troisième ligne, il y avait une grosse différence. Désormais, entre la première et la troisième ligne, l’écart est beaucoup plus mince. On a plus de profondeur que par le passé et c’est un vrai point positif.
« Le club est comme une famille »
Qu’est ce qui pourrait être mis en place pour que la performance du club s’améliore ?
Probablement avoir une vraie salle de sport potentiellement, mais je pense que pour le niveau où on est, nous sommes déjà bien lotis. Après, si vous demandez à Christer, il aura sûrement une vingtaine de points qu’il souhaite améliorer (rires), mais en tant que joueur, c’est forcément un peu différent.
Comment définirais-tu le club du Tornado ?
Je dirai que le club est comme une famille. L’atmosphère est vraiment saine, avec un bon entourage qui gravite autour. Et même quand les gens arrêtent, ils sont contents de revenir dans le vestiaire pour pouvoir discuter avec tout le monde. Pour moi c’est vraiment la caractéristique principale du club. Il y a notamment quelques anciens avec lesquels je suis très proche, et nous étions à nos mariages respectifs, preuve que c’est plus que de simples coéquipiers.
Les supporters sont de plus en plus présents, est-ce que cela vous impacte de voir autant de monde pour vous soutenir à chaque rencontre ?
Évidemment, ça a un impact super positif sur nous. J’ai parfois des collègues qui viennent et adorent l’expérience : ils en parlent à droite à gauche, donc le bouche à oreille fonctionne et ça attire de plus en plus de monde. C’est un autre point positif et je pense que la montée en D2 a aussi contribué à cette augmentation de la moyenne de spectateurs. Même s’il n’y a pas que ça, et que c’est le fruit de plusieurs années de travail qui paie. C’est Teemu Hinkula, un ancien de la maison, qui avait vraiment commencé à promouvoir les matchs du club et c’est à ce moment que ça a commencé à basculer dans le bon sens.
Dans l’histoire du club, tu es le joueur qui a marqué le plus de buts, fait le plus d’assists, marqué le plus de points et joué le plus de matchs. Tu as conscience de faire partie de l’histoire du club et du pays ?
Ce n’est pas quelque chose auquel je pense pour le moment. J’adore jouer au hockey et c’est une part importante de ma vie, mais même si j’étais nul, je jouerais quand même. J’ai la chance de ne pas être trop mauvais et d’avoir fait de belles choses avec le club et l’équipe nationale, mais j’aurai le temps de réfléchir à tout ça une fois que j’aurai pris ma retraite !
« Le club et tout ce qu’il représente font partie de ma vie »
Quel moment t’a le plus marqué durant toutes ces années au Tornado ?
D’un point de vue sportif, le final four était vraiment exceptionnel, mais j’ai aussi été à énormément de mariages de mes coéquipiers, nous avons fait des enterrements de vie de garçon mémorables ensemble. Des retours d’après-match où nous avions bien fait la fête dans le bus… ce sont vraiment de bons moments et après 15 ans à faire ce que tu aimes avec tes potes, c’est difficile de sortir un seul moment.
À titre personnel, que représente ce club pour toi ?
Toutes ces années passées au club… je ne sais pas ce que je vais faire de ma semaine et mes week-ends quand j’arrêterai (rires). Maintenant j’ai mon fils qui a commencé à jouer, c’est la relève. Mais évidemment, le club et tout ce qu’il représente font partie intégrante de ma vie. Même les vacances que je prends avec ma famille sont dictées par le hockey !
Tu évoques la retraite : envisages-tu de jouer encore quelques années au club, ou tu as déjà cette fin de carrière dans un coin de la tête ?
Pour moi, si ça reste comme ça et que Christer veut que je reste, et bien je continuerai. Mais… je crois qu’il y a un moment donné où il sera temps de dire merci à tout le monde et de dire au revoir.
Un au revoir de joueur, mais tu vas bien rester dans le monde du hockey pour l’après ?
Bien sûr je ne quitterai pas ce sport, d’autant plus que je vais un peu sur la glace avec mon fils et j’aide aussi avec les entrainements. Je prendrai peut-être un rôle au sein du Tornado. Mais je pense que quand je mettrai fin à ma carrière, je prendrai d’abord une petite pause avant de voir ce que l’avenir me réserve.
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