Que Max Mannes, Pit Brandenburger et Julien Henx ne prennent pas ombrage de ce coup de projecteur autour de la natation luxembourgeoise, mais nous avons choisi de nous intéresser aux « teenagers » de la nouvelle vague. Trois jeunes hommes emblématiques du futur de ce sport au pays, après la retraite de Raphaël Stacchiotti suite à sa dernière compétition disputée lors des Jeux olympiques de Tokyo.
Joao Carneiro (17 ans)
Et on commence avec le benjamin. Détenteur du record du Luxembourg sur 200m papillon (en 2’01’’92) depuis le mois de mai dernier et les championnats d’Europe de Budapest en grand bassin, Joao Carneiro (1m83, 78kg) devrait encore affoler les chronos durant les prochaines années. Le Niederkornois a comme ses homologues de la FLNS les championnats d’Europe en petit bassin de Kazan qui se disputeront du 2 au 7 novembre prochain. Viendront ensuite les championnats du monde à Abu Dhabi (13 au 18 décembre). Un calendrier que la FINA à du bousculer en raison de la crise sanitaire provoquée par le coronavirus.
Mais c’est uniquement sur les Mondiaux que va se focaliser Joao Carneiro, comme il nous le confiait à la mi-septembre dernier: « J’espère me qualifier pour les championnats en petit bassin, c’est le but. En attendant je vais continuer à m’entraîner, mais comme je vais partir étudier au Portugal, cela va être dur de trouver des compétitions afin de me qualifier pour les Europe ». Concernant les qualifications pour les Mondiaux, il va tenter de réaliser les minimas pré-requis, un objectif qu’il aborde avec optimisme, même si cela sera un petit saut dans l’inconnu: « Depuis 2019 on n’a pas fait de compétition en petit bain, mais vu la saison que j’ai fait en grand bassin, si tout se passe bien, si il n’y a pas d’imprévus ni rien, j’ai de bonnes chances de me qualifier ».
Après la brasse, le « pap »
Né à Niederkorn et grandissant à Bridel, Joao Carneiro a tout d’abord nagé dans la capitale au Swimming Luxembourg: « J’ai changé de club en fin de saison 2020/21, et maintenant je suis à Ettelbruck au SCDE. Je voyais plus le but de rester au SL, et je trouvais qu’il y avait du potentiel au Dauphin avec une bonne petite équipe » explique Joao qui nage en compétition depuis ses 7 ans. « J’ai pas vraiment eu le choix de faire de la natation, ce sont mes parents qui m’y ont mis. En même temps j’ai fait du ping-pong, du tennis, mais au final le sport dans lequel j’étais le meilleur c’était la natation donc à partir de ce moment, quand j’ai du faire un choix, j’ai tout arrêté pour nager », se remémore Joao, dont les six frères et soeurs ont eux aussi pratiqué la natation.
Au niveau de ses spécialités en matière de nage, Joao avoue avoir changé de cap il y a deux ans: « J’ai toujours été un nageur de brasse et de quatre nages aussi, mais maintenant c’est vraiment le « pap » qui est au top. La brasse c’est assez embêtant au niveau entraînement, on est à quinze nageurs, chacun nage sa spécialité et les brasseurs sont toujours en derniers. Avec le temps, je me suis mis à nager le pap, parce que j’avais envie d’être devant ». Tout simplement.
Avec les autres nageurs de sa génération, Joao entretient d’excellentes relations, que ce soit dans les bassins ou en-dehors: « Je suis vraiment ami avec Rémi, comme je le connais déjà depuis quelques années. Et puis Ralph je l’ai connu déjà il y a dix ans, et on a toujours nagé ensemble dans le même groupe, il y avait toujours cette rivalité, mais on se connait très bien on est très pote ».
Record du Luxembourg en 200m papillon (2’01’’92) – Championnats d’Europe 2021 à Budapest
Ralph Daleiden (18 ans)
Autre jeune visage emblématique de la nouvelle vague, Ralph Daleiden Ciuferri, qui lui aussi a débuté la natation au Swimming Luxembourg. Il raconte comme a débuté sa passion pour la natation: « Quand on partait en vacances j’étais toujours le premier dans l’eau! J’ai commencé la natation assez tôt, je dirai vers l’âge de 4 ou 5 ans, et depuis ce jour-là je n’ai jamais arrêté. J’ai vu que j’avais un certain talent là-dedans, et j’ai toujours été très content de nager ». Avec Joao Carneiro, ils font tout les deux leurs différentes classes en natation, les deux nageurs évoluent mais également leurs disciplines favorites aussi: « Au début tout le monde fait le 4 nages, et il y a deux ou trois ans j’ai commencé à me spécialiser en crawl et en papillon » explique Ralph.
L’évolution en quelques années du nageur aux origines italiennes est spectaculaire, tant est si bien qu’à l’instar de son ami Joao, lui aussi bat un record du Luxembourg en 2021, celui du 100m nage libre lors des championnats d’Europe Juniors à Rome disputés en juillet dernier. Deux mois plus tôt, lors des championnats seniors, c’est en compagnie de ses coéquipiers du 4×100 nage libre (Max Mannes, Raphaël Stacchiotti et Pia Brandenburger) qu’il contribue à améliorer le record du Luxembourg (3’21’’62) grâce à son 100m effectué en 49’’14.
Les Mondiaux dans le viseur
Concernant son calendrier de compétition pour les prochains mois, Ralph Daleiden est encore légèrement dans le flou: « Ce n’est pas encore clair, la Fédération m’a dit qu’on n’irait pas aux championnats d’Europe, pour des raisons qui ne sont pas encore bien déterminées. Mais concernant les championnats du monde, j’ai vraiment envie d’y aller et je vais tout faire pour me qualifier ». Le nageur de 18 ans visera donc les minimas en 50 et 100m nage libre afin de voir Abu Dhabi en décembre prochain: « Il faut voir aussi comment je progresse en 200m cette saison ».
La route vers les Emirats et les Mondiaux en petit bassin passera pour commencer par la France pour Ralph: « Je ne connais pas encore mon calendrier avec précision, à Saint-Dizier j’ai une première compétition en petit bain. Déjà là mon entraîneur souhaite que je réalise un temps suffisant pour me qualifier, on va voir quel temps je peux faire. Ce serait l’idéal, car ensuite il n’y a pas beaucoup de compétition en petit bassin au Luxembourg ». A 18 ans, le jeune nageur avoue avoir été surpris par ses propres performances ces dernières saisons, et si il n’a jamais vraiment eu d’idole dans le milieu de la natation, il reconnaît que Raphaël Stacchiotti est un des exemples à suivre en la matière: « Raphaël est le nom le plus connu de la natation luxembourgeoise, quand j’étais petit c’était un peu un héros pour moi ». Dans un sport exigeant et nécessitant un entraînement intensif, avec des heures et des heures passées dans les bassins, Ralph Daleiden trouve la motivation dans les résultats qu’il a engrangé récemment: « Quand je fais des bonnes performances je suis très content, j’aime la compétition et ca me donne envie d’aller de l’avant, et d’aller à la piscine pour m’entraîner ».
Rémi Fabiani (19 ans)
Voilà le troisième larron! L’aîné des trois jeunes nageurs de la nouvelle vague, est actuellement du côté des Etats-Unis et plus précisément dans les environs de Los Angeles, entre études et pratique de la natation dans le prestigieux milieu universitaire américain. Outre son arrivée outre-atlantique, Rémi Fabiani vit une année 2021 plutôt faste avec l’établissement d’un nouveau record du Luxembourg du 50m à la fin du mois de juin, sur le 50m nage libre du Sette Colli Trophy à Rome (22’’54).
Rémi Fabiani présente en tout cas un profil plutôt atypique dans la natation, puisqu’en plus de la politique qu’il étudie aux Etats-Unis, ce passionné de cinéma suit également un cursus afin d’éventuellement travailler un jour dans l’industrie cinématographique: « Je ne sais pas dans quel rôle précisément, mais ce qui m’intéresserait ce serait d’être présent sur les tournages, créer l’image et le film. Je suis passionné de cinéma depuis longtemps, quand j’étais plus jeune je regardais énormément de films avec mon père, notamment ceux avec Louis de Funès et d’autres films français. Et après au fur et à mesure je regardais beaucoup de films en anglais, et je suis un grand fan de Star Wars et des films estampillés Marvel ». Du côté des nageurs qui l’inspire on retrouve bien entendu un « sprinteur » comme lui: « J’ai toujours bien aimé Florent Manaudou. Mais j’ai eu la chance de nager avec Raphaël Stacchiotti qui a eu une belle longévité au haut niveau international. Le fait d’apprendre avec lui, de m’entraîner avec lui, c’était une expérience enrichissante ».
Le rêve américain
C’est à la California Baptist University que Rémi Fabiani a donc posé ses valises au début du mois de septembre dernier. Un univers totalement différent que ce que Rémi a pu connaître jusqu’ici: « Ce qui est très différent ici aux Etats-Unis, c’est qu’en sport et même en natation tout fonctionne en équipe. C’est à dire que les compétitions sont basées sur des points, et l’équipe qui veut gagner doit en marquer le plus possible. Ce n’est pas comme au foot ou il y a un match par semaine, mais il y a une compétition au moins chaque mois. C’est une mentalité très différente à laquelle nous autres européens somme habitués en général ».
Pour les prochaines compétitions internationales prévues lors du dernier trimestre de l’année 2021, Rémi Fabiani devra malheureusement faire l’impasse en raison de ses études: « Je pense que ce sera pas pour cette année. Il faut que je m’acclimate à mon nouvel environnement ici. Au début c’était compliqué mais maintenant je commence tout doucement à m’habituer, à prendre le rythme, et l’expérience est vraiment plaisante. Mais pour les compétitions en grand bassin l’été prochain je serai présent ». Rémi Fabiani devrait passer au minimum quatre années au total au pays de l’Oncle Sam, et entre ses performances dans la piscine et Hollywood, il voudra à coup sûr crever l’écran.
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