Paul Hunnewald : L’homme qui a marqué dans chaque division !

10 minutes
Paul Hunnewald

De part le travail et une volonté de fer, Paul Hunnewald a marqué le football luxembourgeois à sa manière. En deux carrières, il n’a connu que cinq clubs, mais a laissé des traces dans chacun d’entre eux. L’actuel entraîneur du Marisca Mersch est revenu avec nous sur les moments forts de sa carrière. Rencontre avec celui qui possède certainement la meilleure vue d’ensemble du football sénior au Luxembourg, pour avoir joué et marqué dans chaque division. 

Commençons par un petit retour en arrière. On est le 6 novembre 1999. Au stade « Op der Grenz » devant 2000 personnes, les joueurs de la Jeunesse Esch et du FC Schifflange 95 entrent sur le terrain. Du côté schifflangeois, un joueur de 26 ans porte le brassard de capitaine. Ce joueur, c’est Paul Hunnewald. Il vient de tenir sa promesse qu’il a fait à l’âge de sept ans sur le lit de mort de son grand-père. Le milieu de terrain est né dans une famille dont le football et plus précisément les clubs de Schifflange occupaient une place particulière. Son grand-père avait même été président du club de supporters du The National, club qui fusionna avec Les Amis des Sports pour créer le FC Schifflange 1995. Alors que son grand-père était condamné par un cancer des poumons, Paul Hunnewald lui a promis de porter un jour les couleurs de Schifflange en Division Nationale. « Je n’étais pas doté d’un grand talent. Je compensais avec ma volonté, mon engagement et ma combativité. Même si je n’ai pas vraiment marqué l’histoire de la Division Nationale, je suis fier de mon parcours parce que j’ai réussi à y accéder », commentait-il.

Pour Schifflange, le passage en DN tourne court. En lutte acharnée avec Wiltz, ce sont finalement les nordistes qui se maintiennent malgré le même nombre de points au terme des Play-offs de descente. Toutefois, Hunnewald a tapé dans l’œil du club de Mondercange, qui lui propose de continuer l’aventure en Division Nationale, ce qu’il accepte. Au FCM, la concurrence est plus rude et Paul Hunnewald n’y est pas titulaire régulier. Ça ne l’a pas empêché de prendre sa revanche sur Wiltz en plantant un but à la Géitzt lors de la victoire 0-2 le 22 mai 2003. Parlons-en d’ailleurs des buts. Paul Hunnewald a joué et marqué dans chaque division au Luxembourg. Il a de plus été couronné champion de chaque division à l’exception de la meilleure, la Division Nationale, renommée BGL Ligue à l’aube de la saison 2004/2005. Cette performance, Paul Hunnewald la doit à son parcours hors du commun et à son amour du jeu. Il quitte Mondercange pour retourner à Schifflange en 2003.  

« Je ne savais pas encore si j’étais fait pour devenir entraîneur. »

À l’âge de 33 ans, Hunnewald déménage à Mersch et s’engage au Marisca, avec lequel il joua cinq saisons en D1 et une saison en D2, lors de laquelle il est sacré champion. L’âge se fait grandissant, mais l’amour du jeu reste intacte. Il accepte alors de relever un défi de taille. « Je suis arrivé à 39 ans à Useldange comme joueur-entraîneur. J’étais la saison d’avant encore titulaire en D1 et on était presque montés. J’ai accepté ce poste, parce que je ne savais pas encore si j’étais fait pour devenir entraîneur. Je me considérais d’ailleurs au début plus comme joueur que comme entraîneur, et Useldange était une bonne opportunité pour continuer à jouer », détaillait-il. Son passage y est couronné de succès et il devient très vite l’emblème de ce club de troisième division qu’il parvient à hisser en deuxième. Il adore son nouveau club, mais le travail qu’il doit y fournir est colossal et il doit finalement y mettre un terme à la fin de la saison 2015/2016. Son passage à Useldange a évidemment laissé des traces. L’une d’entre elle est matérielle et se trouve encastrée dans la terrasse du terrain d’Useldange : une plaque à son honneur. 

D’ailleurs, Paul Hunnewald y a eu sous ses ordres l’un des joueurs qui l’ont le plus marqué dans sa carrière, à savoir le gardien Hugo Correia. « C’est un joueur qui était toujours disponible. J’aurais pu l’appeler à trois heures du matin pour un entraînement, il serait venu. Aussi humainement, c’est une superbe personne. Sa mentalité et son engagement sont exemplaires. Il lui manque malheureusement 15cm de taille pour être un gardien du top », nous expliquait-il.

Mais complètement vidé à la fin de son parcours, il prend une année loin des terrains de football et pense à ne plus jamais être T1. C’est comme T2 qu’il s’engage à Bissen pour le début de la saison 2017/2018. Son effectif compte alors quelques joueurs francophones, mais le T1, lui, est germanophone. Paul Hunnewald doit donc très vite prendre des responsabilités supérieures à son grade et est officiellement nommé coach principal en décembre. Il est couronné en D1 et offre à Bissen la troisième accession de son histoire en Promotion d’Honneur. Mais en PH, l’histoire prend une tournure délicate : « La mentalité est pour moi très importante et je pense qu’à travers ma personnalité, je peux influencer la mentalité de mes joueurs. Je leur dis toujours qu’on peut être en dessous d’un adversaire techniquement ou tactiquement. Mais je ne veux pas que nous quittions le terrain en ayant affiché une moins bonne mentalité que l’adversaire. Même si nous avons dans l’effectif des joueurs qui ont de forts caractères, j’essaie d’inculquer cette mentalité. Si je n’arrive pas à le faire, comme ce fut le cas à Bissen, alors je dois partir. »

« Je n’ai pas quitté Bissen pour Mersch. »

Dans le même temps, Mersch, son ancien club, est en proie à de grosses difficultés et court un grand risque de descendre en D2. Une défaite 4-1 sur le terrain d’Äischdall sonne le glas du parcours d’Yvo Martins comme T1. Paul Hunnewald avait déjà refusé trois clubs de D1 et réservé ses vacances, persuadé de ne pas reprendre de club avant la saison prochaine. Il assiste à un match de Lintgen lorsque son téléphone sonne. « J’étais à côté de Christian Theis, ancien gardien de Lintgen, et je lui ai dit ‘voilà je suis le nouvel entraîneur de Mersch’, et ce même avant d’avoir décroché. Je n’ai pas refusé Mersch, parce que je m’étais persuadé que j’y serais un jour T1. En plus j’habite toujours à Mersch… Le timing était un hasard complet. Je n’ai pas quitté Bissen pour Mersch », raconte-t-il. 

Reprendre Mersch était quasiment du suicide, tellement la position du Marisca était préoccupante au classement. « Nous avions déjà élaboré un projet sportif pour la D2 », avoue-t-il. Mais mathématiquement, il y avait encore espoir et le club y a cru jusqu’au bout. À côté de Merzig, l’un des rivaux de Mersch pour le maintien était … Useldange. Le maintien passait donc par un déplacement à son ancien club, au stade qui porte sa ‘plaque’. C’était le 5 mai 2019. 

« Je me rappelle bien ce match contre Useldange », nous explique-t-il. « J’avais une sensation très partagée. Il faut savoir que je joue toujours avec Useldange chez les vétérans. Je suis vraiment resté fidèle à ce club. Mais je me suis engagé pour Mersch et quand je m’engage quelque part, je le fais à fond. Ce match, c’était un 0-0 typique. Dans les arrêts de jeu, on marque le 0-1, on fait 0-2 juste derrière. Je m’étais déjà fait à l’idée de ne prendre qu’un point. Mais prendre les trois, c’était tellement important… » Le maintien de Mersch n’était pas acté pour autant. À la dernière journée de championnat, Merzig et Mersch s’affrontaient à distance pour éviter la place de barragiste. Mené sur le terrain de Kehlen, 2-0, à 10 contre 11, à 8 minutes du terme, Mersch était sur la corde raide. Mais miracle, ils s’imposent finalement 2-3 dans les tous derniers instants de la rencontre. « Je n’avais plus aucun espoir. J’étais sur le banc, en train de me demander comment je pourrais remobiliser mes troupes pour le match de barrage. Et on a réussi à renverser la situation. Après le match, j’ai dit aux joueurs que ce qu’ils ont vécu ce jour-là, ils ne le revivraient plus jamais. C’était incroyable », se rappelle-t-il toujours aussi incrédule. 

Le maintien en poche, le reste appartient à l’histoire comme on dit. Avec Norbert Fischels, ils ont complètement restructuré l’effectif du Marisca. Ce fut une réussite et Mersch accéda à la Promotion d’Honneur. 

« La Promotion d’Honneur n’est tout simplement pas viable »

Mersch s’y établira-t-il sur le long terme ? Pas à en croire Paul Hunnewald : « Quand on accède à la Promotion d’Honneur, on doit avoir un projet pour accéder à la BGL Ligue, parce que la Promotion d’Honneur n’est tout simplement pas viable. Les joueurs demandent plus d’argent qu’en D1, tandis qu’en terme de rentrée d’argent, on a de moins bonnes recettes qu’en D1. Un club comme l’US Esch se déplace sans public. Par contre un club comme Lintgen se déplace avec au moins 100 supporters. D’un point de vue de sponsors, la Promotion d’Honneur n’est pas plus attrayante que la D1 non plus. Celui qui se maintient sur une longue durée en Promotion d’Honneur risque de s’écrouler totalement. »

Paul Hunnewald est en train de vivre sa quatrième décennie dans le football sénior au Luxembourg. Il a été témoin de l’évolution des mentalités. Il loue les connaissances footballistiques développées des joueurs actuels et la remise en question plus systématique que ce qui était le cas dans le passé, mais il regrette le fait que l’argent soit la préoccupation première de bon nombre de joueurs, lui qui a utilisé la promesse faite sur le lit de mort de son grand-père comme leitmotiv.

Même s’il n’a jamais été le meilleur, il a laissé et continue de laisser une trace indélébile dans le football luxembourgeois et ce de la Division 3 jusqu’à la BGL Ligue. Cet homme de passion a laissé sa griffe dans chaque club par lequel il est passé, et il tentera de continuer d’écrire l’histoire du Marisca. 

Un début de saison 2021/2022 haletant

C’est une nouvelle saison de Promotion d’Honneur qui a démarré sur les chapeaux de roue le 13 août dernier. Des équipes surprises, des prétendants à la montée en mode diesel et des journées prolifiques, le cru 2021/2022 nous vend presque du rêve et on ne demande qu’à ce que cela continue. 

L’US Esch et l’US Rumelange, habituellement candidats aux premières places, ont laissé des plumes en ce début de championnat. Pour les premiers, une victoire lors de la première journée et puis plus rien. Pour les seconds, aucune victoire en quatre matchs (trois nuls et une défaite) et les hommes de Manuel Cuccu se retrouvent déjà à neuf points du premier et d’un adversaire direct à la montée, l’UN Käerjéng. Ces derniers sont actuellement sur un sans-faute et on doute que cela s’arrête de si tôt.

Au rang des formations inattendues de ce début de championnat, le FC Blo-Wäiss Medernach, qui étonne tout son monde avec trois victoires en quatre rencontres. Son attaque de feu (déjà onze buts — deuxième meilleure attaque derrière Schifflange) sera sans doute une force en vue d’obtenir un maintien d’ores et déjà en bonne voie. Quoi qu’il en soit, la Promotion d’Honneur nous offre depuis un mois un spectacle auquel on ne s’attendait pas forcément. Quatre journées sont passées, et les buts continuent de trembler. 132 buts en 32 matchs, soit une moyenne de 4,1 buts par match, c’est probablement du jamais vu. Si certains scores nous questionnent sur la réelle valeur de certaines équipes, on ne demande rien d’autre qu’à revoir des journées comme celles-ci.

Andy Foyen

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