Peux-tu nous expliquer quelle est ta situation à l’heure actuelle ?
Je suis disponible pour jouer. Concernant mon contrat de travail, celui-ci me permet de rentrer dans le cadre de la loi du 3G. C’est ce que j’avais proposé dès le début au club, qui ne s’est positionné que la semaine dernière sur le sujet et est allé dans mon sens.
Tu n’as donc pas un statut de guéri ?
J’ai été positif il y a seize mois, en octobre 2020, avec pour seul symptôme le nez bouché. Il n’y avait pas encore de certificat de guérison à l’époque. Mais mes anticorps augmentent toujours au lieu de diminuer… Peut-être que j’ai un bon système immunitaire, je n’ai pas vraiment d’explication à ça. Ce qui est sûr, c’est qu’en ce moment je fais un test tous les jours et je suis systématiquement négatif.
Début janvier, ton nom a circulé dans les médias comme étant non vacciné. Comment as-tu réagi à cette information devenue publique ?
J’estime que ça n’a rien à faire dans les médias. On parle quand même de secret médical. Je ne pense pas que le président ait divulgué mon nom intentionnellement, ou qu’il y avait de mauvaises intentions derrière tout cela. Comme je n’étais pas présent au moment de la reprise début janvier, le journaliste du Quotidien en est arrivé à la conclusion que je n’étais pas vacciné… Ce sont des choses qui, à mes yeux, n’ont aucun intérêt, et je ne vois pas pourquoi cela devrait être divulgué.
Comment vis-tu cette période complexe, où les réglementations changent vite et les choses évoluent constamment. Estimes-tu que les footballeurs devraient avoir un statut différent ?
Je ne pense pas que notre statut devrait être différent, mais je constate que dans la grande majorité des pays, les gouvernements incitent à faire du sport pour se maintenir en bonne santé. Ici, toutes les directives et règlements ont tendance à mettre des bâtons dans les roues, donc j’ai du mal à saisir… Je m’adapte toujours aux lois, et c’est pour cela que j’ai décidé de continuer à faire le sport que j’aime tout en suivant la règle actuelle du 3G.
L’instauration du passe vaccinal a pas mal secoué le monde du football. Les débats dans les vestiaires sont-ils polarisés ? Est-ce un grand sujet de discussion ?
À mes yeux, tous les débats dans les vestiaires sont similaires. Que cela soit dans le foot, le basket, le handball… Tout le monde se pose des questions. « Est-ce que je fais ce vaccin pour ma santé ? Est-ce que je le fais pour continuer à faire du sport ou parce que j’y suis obligé ? » Les discussions sont là, les interrogations aussi. Mais j’estime que dans le sport, comme dans la plupart des milieux professionnels ou privés, de nombreuses personnes se sont vaccinées pour pouvoir aller au restaurant, au cinéma, voyager… J’ai un peu de mal avec ça. Personnellement, je recherche une option qui me permet de m’adapter à la loi tout en préservant ma santé.
Dans ton discours, on a l’impression qu’au-delà du passe sanitaire, ce qui te gêne, c’est la sensation que ça ne soit pas « officiellement » obligatoire, mais que dans la réalité, c’est compliqué de faire sans ?
Oui, exactement. Soit tu le fais parce que tu es convaincu que c’est une bonne chose pour ta santé, que cela va être un rempart contre le covid. Soit tu le fais pour garder ta liberté (restaurant, voyager…). Je respecte totalement ça, mais je ne le ferai pas. Je ne suis pas vacciné, mais cela ne m’empêche pas de voyager. Oui, je ne vais plus au restaurant au Luxembourg, mais avant je faisais des tests et basta. Et sincèrement, le fait de ne plus avoir cette option ne va pas me forcer à franchir le cap. Si j’ai vraiment envie d’un resto, je peux aller en Belgique (rires) !
Ton statut médical a été divulgué, as-tu eu le sentiment d’être directement considéré comme antivax ?
Non, j’essaye de prendre de la distance par rapport à ce que pensent les gens et je ne veux pas passer pour un antivax. Je n’ai aucun souci avec ceux qui décident de se faire vacciner, c’est un choix libre. Je ne suis pas convaincu par ce vaccin qui à mes yeux est bien plus un traitement qu’autre chose, avec des doses de rappel constantes. Le jour où nous aurons des tests, des preuves, des résultats bien plus concrets sur l’efficacité d’un produit qui peut définitivement enrayer cette crise sanitaire, alors évidemment, je prendrai ce qu’il y a à prendre. À l’heure actuelle, je ne suis pas convaincu. Mais encore une fois, je n’ai pas le moindre souci avec ceux qui font le choix de se vacciner.
Il semble il y avoir eu beaucoup de bras de fer entre dirigeants et joueurs dans de nombreux clubs. En veux-tu à ta direction ?
Non. Je comprends tout à fait qu’elle s’adapte ou suive les règles imposées par la loi. Les dirigeants doivent prendre une position pour le bien-être du club, c’est tout à fait normal. De mon côté, j’ai essayé de trouver une solution qui arrangeait tout le monde, tant le club que moi. Le but est de continuer sur de bonnes bases de collaboration. Donc non, je n’en veux à personne, et pas du tout au FCD03 d’avoir voulu que les joueurs se vaccinent. J’ai donné une solution au club, j’ai été patient, ils ont réfléchi eux aussi et on a fini par tomber d’accord. Il y a toujours des solutions qui entrent dans le cadre des lois en place.
Penses-tu que ta situation pourrait se compliquer à nouveau en cas d’évolution des lois ?
J’espère surtout que le championnat va pouvoir reprendre correctement et sans interruption. Il faut rappeler que pour la première partie de saison, les vaccinés n’étaient pas testés. Si cela avait été le cas, je pense que nous aurions vu bien plus de positifs… Donc, quand je vois le nombre de cas positifs aujourd’hui, c’est tout de même assez inquiétant. Sachant que les vaccinés seront dorénavant testés eux aussi, je ne sais pas trop comment on va réussir à s’en sortir… Cela va être très compliqué.
Mais ce n’est pas propre au football : le monde du sport et la société dans sa globalité sont impactés. De mon côté, je fais ma vie, je continue à faire les choses que j’aime faire et je m’adapte aux règles imposées par la loi. Pour l’instant, je touche du bois, je n’ai pas encore été positif ; même si pour le coup, contracter le covid pourrait rendre ma situation encore plus simple (rires) ! Plus sérieusement, je continue à trouver des solutions pour m’adapter aux réglementations 3G dont je fais partie. Après, combien de temps cela durera-t-il ? Je ne peux pas le dire… en tout cas, chacun doit suivre son cœur et savoir ce qui est bien pour sa santé.
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