Master League, patch et jouabilité mythique
Castolo, Miranda, Valeny ou encore Ximelez… Ces noms, s’ils créent en vous une émotion immédiate, sont de ceux qui en disent long sur comment vous occupiez votre temps libre dans la première décennie du troisième millénaire. Joueurs fictifs d’une Master League inoubliable, tous ces joueurs fictifs ont berné notre jeunesse et fait chauffer nos cartes mémoires, manettes et consommation électrique. Ce mode éternel a probablement été responsable d’échecs scolaires et engueulades avec des parents énervés de nous voir encore debout à 02h du matin. Alors que l’online était tout sauf démocratisé, le jeu en solo était la norme et dans ce domaine, la Masters League, diablement chronophage était LA référence.
En cette époque révolue, PES était intouchable. La franchise FIFA battait sévèrement de l’aile et souffrait énormément de la comparaison avec Pro Evolution Soccer, aussi connu sous le nom Winning Eleven au Japon. Tant pis si le jour de l’achat, personne ne jouait réellement, bien trop occupé à patcher le jeu pour éviter de jouer avec Ziderm, Roberto Larcos, Moldani ou encore Naldorinho. Il en allait de même pour les clubs, avec des Merseyside Red, Ile-de-France, ou North London. Avec l’éditeur de Konami, les premières journées étaient donc passées, comme tout passionné, à chômer de longues heures à apposer aux joueurs et clubs tous les noms corrects.
Ces soucis de licence, dans le fond, personne ne s’en souciait. Car le jeu proposait un tel plaisir, d’édition en édition, que ses petits défauts devenaient hors-sujet. Rarement l’immersion n’a t-elle été aussi puissante manette en main. Avec une attention particulière accordée à la tactique, qui devait être mise en place à la perfection afin d’optimiser au maximum son effectif, l’analyse des flèches de forme, et plusieurs styles de jeu développables, PES était la bible.
Un yo-yo constant.
Là où son rival encourageait des but rapides et actions au rythme constant, PES ralentissait les choses, récompensant le jeu d’approche patient et les passes nettes, facilités par une approche révolutionnaire de la tactique. Pourtant, cet âge d’or du début des années 2000 va sérieusement vaciller avec le passage sur Playstation 3. Faisant le choix étrange de favoriser un jeu arcade plutôt que la classique simulation qui faisait sa signature, Konami va soudainement décider de copier tout ce que les gens critiquaient chez FIFA. En faisant une fixation sur les graphismes, en particulier la modélisation des visages des joueurs, PES s’est tiré une balle dans le pied et la sanction a été immédiate. De concurrent direct, la série japonaise n’est alors devenu qu’une alternative de niche.
Le passage sur PS4 n’aura pourtant pas été mauvais, loin de là. Renouant avec ses valeurs d’un gameplay réaliste et de mouvements extrêmement similaires à un vrai match de football, la série a alors retrouvé de sa splendeur d’antan. Mais, dépassé par un marketing impressionnant par la franchise FIFA et son polémique FUT, Konami n’a jamais réussi à réduire l’écart dorénavant trop large entre les deux « géants ».
Alors que bien du monde s’attendait au passage sur next-gen comme l’occasion de se rapprocher encore une fois de son meilleur ennemi, l’annonce de la fin de la série a choqué à travers la diaspora du ballon rond. Et les réactions, extrêmement sincères ont été un formidable témoignage du plaisir que ce jeu nous a offert au fil des années. Hommages, douleurs, remerciements : tous et chacun avaient leur mot à dire sur la fin d’une époque, souvent brillante, parfois ratée, mais qui a laissé une myriade de souvenirs mythiques à tous ses anciens et actuels utilisateurs. À défaut d’avoir trôné là, tout en haut, PES restera à jamais dans l’imaginaire collectif comme, par moment, la plus grande simulation de football de tous les temps. Un titre que personne, pas même FIFA ne pourra jamais lui voler.
Ils nous ont fait rêver et passer d’incessantes soirées à ne pas lâcher la manette. Joies, tristesses, douleurs, addictions : toutes les émotions sont passées par là. Alors que l’ère PES semble définitivement achevée, petit retour sur les cinq meilleurs jeux de l’Histoire de la série.
5. PES 2021
Parce que c’est le dernier. Parce que malgré les critiques incessantes, en particulier sur les stratégies marketing et un système online assez inégal et pauvre en contenu, le gameplay demeure excellent. Parce que la jouabilité est jouissive, en particulier en match co-op, et aussi car visuellement, le jeu est fort agréable. Aujourd’hui, l’argument avancé par Konami expliquant le désir de faire une simple mise à jour de sa version 2020 pour se focaliser sur la next-gen est évidemment risible. Mais, et ceci n’est pas un speech empreint d’une nostalgie qui brouille le jugement, cette dernière édition de PES était honnêtement une fort belle pièce. Fort bien équilibré entre simulation et arcade, pas si facile à prendre en main, et avec le besoin de beaucoup jouer pour s’améliorer, PES 2021 est une réussite. On pourra néanmoins critiquer un arbitrage particulièrement chaotique, où, après deux tacles à la carotide, dix-sept fautes d’anti-jeu et douze ménisques brisés, l’arbitre daignera peut-être vous sortir un carton. Jaune.
4. PES 2016
Sorti pour les vingt ans de la série, PES 2016 offre un des meilleurs gameplay jamais démontré par Konami. Si le retard pris avec FIFA était déjà devenu trop grand pour pouvoir revenir rivaliser, la communauté de fans acharnés s’est tout de même régalée sur cette version. Avec le retour d’un football léché, patient, et des dribbles dévastateurs qu’il fallait réellement apprendre à maîtriser, PES 2016 était le moment où Konami a vraiment perfectionné son style de football signature. Les matchs se jouent à un rythme décent tout en restant réaliste, et les actions comme les passes, tirs et dribbles sont toutes satisfaisantes. Sans apporter de nouveautés révolutionnaires, cette édition semblait avoir parfaitement réussi toutes ses mises à jour, et tout changement, aussi minime puisse t-il être avait été particulièrement bénéfique. Si le sytème Myclub en était encore à ses balbutiements, les classements par divisions offraient aussi un certain enjeu à concourir régulièrement online, et le co-op commençait réellement à devenir l’atout majeur de la simulation de football. Un bien beau bébé, qui mérite bien une place dans le top 5.
3. PES 3
C’est le premier à être apparu sur la Playstation 2. Et PES3 incarne le début de l’âge d’or de Konami, lorsque son bijou détrônait FIFA tant en termes de qualité que de popularité. Pendant de nombreuses années, la firme japonaise aura fait rêver la grande majorité des amateurs de football avec un jeu aux antipodes de l’arcade de FIFA. Doté d’un gameplay déjà très solide, de graphismes impressionnants pour l’époque, PES 3 était, malgré son absence de licences, la référence inévitable. À une époque ou FIFA n’arrivait plus du tout à se renouveler, le bébé de Konami était l’achat inévitable de septembre pour tout adolescent qui se respecte. Et on rajoutera même un petit point bonus pour avoir osé mettre un arbitre, Pierluigi Collina, sur la jaquette. Respect.
2. PES 6
Attention : oui, ce jeu est exceptionnel. Et il a sûrement été séché par tout le monde. Qui ne se souvient pas des frappes de fou malade d’Adriano, des déboulés de Michael Owen ou Obafemi Martins, les coups-francs de Recoba en lunette à chaque fois, et les carré R2 dans tous les sens Mais, et ceci est évidemment subjectif, nous ne le mettons pas sur la plus haute marche du podium. Car, s’il était jouissif, PES 6 était tout de même plus arcade que son prédécesseur. Et offrait plus de chances à tout le monde de l’emporter sans nécessairement être le meilleur, avec une arrivée de l’aléatoire qui a commencé à salement influencer les clashs. L’histoire raconte que chez Konami, les jeux pairs étaient synonyme de gameplay offensif, tandis que les impairs faisaient la part belle à la défense. Avec une mise à jour de la Master League, et l’arrivée de l’online, cette dernière édition sur la PS2 clôt magnifiquement un âge d’or qui sera malheureusement souillé par une arrivée totalement ratée sur la PS3. Repose en paix.
Le GOAT. Celui qui a brisé des amitiés mais aussi grand nombre de manettes, était responsable de nuits blanches et de devoirs non finis, a vu des manettes exploser sur l’écran ou le mur, a nourri notre adolescence et bercé notre jeunesse. PES 5, où l’avènement ultime du football sur console. Moins rapide que l’édition suivante, encore plus dur à maîtriser, et doté d’une Master League du feu de dieu, ce petit bijou de Konami est, encore dans l’imaginaire collectif, la plus grande référence de tous les temps.
Au sommet sur le plan tactique, avec des ajustements constants à faire, le jeu est un prodige de simulation. Et, plus que jamais, a prouvé qu’il était possible de créer un jeu dans lequel, au même titre qu’une partie d’échecs, le meilleur l’emportait nécessairement. S’il était parfaitement rageant de perdre avec l’Inter Milan contre votre pote bien supérieur qui jouait avec Sochaux, il y avait un sentiment d’équité rare dans ce jeu. Et, même si cela peut procurer des émotions, les jeux d’aujourd’hui laissent trop de part à l’aléatoire, rendant ainsi possible que quiconque l’emporte. Une situation impensable dans cette simulation de football où il n’était pas possible de débattre sur qui était le plus fort, car le terrain répondait à cette question à chaque fois. ? Et puis, cette jaquette avec Drogba et Henry bordel…
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