Quels ont été vos premiers pas dans le monde du cheval ? Comment en êtes-vous arrivé à pratiquer l’équitation ?
FT : J’ai commencé l’équitation en 1971. Ça fait cinquante et un ans exactement que je monte à cheval. J’ai arrêté quelques années parce que j’avais beaucoup de travail et j’ai recommencé les concours il y a maintenant deux ans.
Vous êtes-vous essayé à d’autres sports ?
FT : J’étais beaucoup chez les scouts, j’ai pratiqué quelque temps le hockey sur glace, un petit peu de karaté également. Puis j’ai connu des Anglais pas loin de chez moi qui pratiquaient l’équitation, ils m’y ont emmené.
Président depuis 1997, en quoi consiste votre rôle au sein de la Fédération luxembourgeoise des sports équestres ?
FT : À diriger une entreprise qui est une fédération, plus précisément à gouverner le sport au Luxembourg.
Avez-vous des objectifs précis ? Des principes auxquels vous tenez particulièrement ?
FT : Non, je veux que tout avance et qu’on essaie de rester simple.
Et de 1997 à aujourd’hui, quelles sont les grandes évolutions que vous pouvez mettre en avant, vous et votre équipe ?
FT : Je crois que la première chose qu’on a faite est l’ouverture avec la frontière allemande. On a signé un contrat de coopération avec la FN (fédération allemande), ce qui nous a permis d’avoir accès à plus de concours et de prendre part aux compétitions en Allemagne, sans licence. Les Allemands peuvent également s’engager dans les concours au Luxembourg, le règlement est le même dans les deux pays. De manière générale, on peut dire qu’au niveau sportif, que ce soit en dressage, en saut d’obstacles et à tous les niveaux, on a quand même énormément grandi.
Et concernant les licenciés, les infrastructures…
FT : En matière d’infrastructures, ce n’est pas dépendant de nous. En trouver à Luxembourg, c’est très difficile, il n’y a pas de terrain disponible. Du côté des licences, on n’a pas tellement grandi non plus. Ça fluctue entre 1 000 et 1 100 licenciés. On a évolué au niveau sportif et il faut maintenant trouver la solution pour avoir des davantage de jeunes qui grandissent avec nous. C’est seulement comme ça que l’on avance. Il faut grandir.
Fédérer des jeunes pour faire du sport ou du loisir, ou les deux ?
FT : Les deux ! En tant que fédération, notre but est d’avoir du loisir et du sport. Chaque sportif ne devient bon que s’il a le plaisir d’avoir un beau loisir, sinon, ça ne marche pas.
A la Fédération, au-delà de gérer les licenciés – et comme ce qui peut se faire dans d’autres fédérations, dans d’autres sports – gérez-vous aussi la formation ?
FT : Nous faisons un peu d’enseignement en interne. On organise des formations d’entraîneurs, en plus de formations continues, pour eux, mais également pour nos officiels ainsi que nos juges.
Nous devons aussi motiver tous les clubs à organiser des manifestations. Et ça, je crois que ce n’est pas seulement chez nous ; le grand souci dans tous les sports pour les années à venir, ce sera le bénévolat. Sans bénévolat, les prix vont s’envoler. Il faut prendre conscience que si l’on veut pratiquer un sport, il faut des gens qui aident à ce que les manifestations puissent exister.
Constatez-vous une diminution du nombre de manifestations sportives ?
FT : Cette année, on a constaté une chute, oui.
Paul Engel – secrétaire général : En dressage surtout, où l’on a pu observer quatre à cinq concours en moins.
N’est-ce pas dû à une tendance survenue après les différents épisodes liés au Covid ?
FT : On ne parle pas seulement de nous. Ça reste une excuse générale et c’est un peu dommage ; j’espère que ça va bientôt repartir, que les gens auront de nouveau envie de refaire des choses. Parce que si tout devenait professionnel, ça pourrait devenir très difficile à gérer.
Pour organiser un bon concours, il faut compter entre vingt et trente personnes. Et si on ne les a pas, il faut toutes les payer. Il en faut par exemple un qui s’occupe du parking, l’autre des pistes, et des personnes qui prennent soin de tout nettoyer. Et ceci est valable pour tous les sports, je ne parle pas uniquement de l’équitation. Il faut que l’on arrive à motiver les gens, qu’ils prennent conscience qu’ils doivent aider les manifestations…
Que faudrait-il faire pour rendre l’équitation plus populaire ?
FT : Montrer à l’extérieur qu’on est un sport pour tous les enfants. L’avantage est qu’ils grandissent avec le respect de l’animal et ils doivent savoir aussi que le cheval a besoin d’une attention quotidienne et qu’il doit recevoir des soins, ça les responsabilise. Ça prend beaucoup de temps aussi.
Comment communiquez-vous avec les clubs ? Reçoivent-ils des consignes de la part de la Fédération ?
FT : Non, ils sont libres, ils le font eux-mêmes.
Et jouent-ils le jeu ?
FT : Pas assez.
Pour être totalement honnête, la presse luxembourgeoise est très calme au sujet de l’équitation. À Roeser (le concours international phare du pays), on a la chance d’avoir l’Essentiel et le Tageblatt. RTL est aussi présent. Le Wort est devenu « réticent » à tous les sports.
Pensez-vous que les concours jeunes chevaux reprendront ?
FT : Oui, bien sûr. C’est une question d’organisateurs et de cavaliers, qui doivent monter un peu plus de jeunes chevaux. Aujourd’hui, si vous voulez évoluer dans le sport, il faut apprendre à monter les jeunes, à s’habituer à différents types de chevaux, avec tout type de caractère. Il faut qu’ils sachent que leur seule chance pour continuer à monter à un niveau raisonnable, c’est de former un cheval soi-même afin d’arriver étape par étape le plus haut possible.
Pour les enfants, c’est différent, je crois que c’est important qu’ils aient des chevaux avec un peu d’expérience, des chevaux très sages.
Avez-vous constaté une évolution de la filière au Luxembourg ?
FT : Il y a de plus en plus de chevaux dans le pays, de plus en plus de paysans qui disposent de leurs installations équestres.
Combien y a-t-il d’élevages ?
FT : C’est très difficile à dire comme le stud-book n’est pas affilié ici. Eux ne sortent jamais de chiffres.
Existe-t-il des actions mises en place pour les petits afin de rendre les choses plus accessibles dès le plus jeune âge, ou peut-être faire tomber certaines barrières que les parents pourraient avoir en pensant à inscrire leur enfant dans un centre équestre ?
FT : C’est le même prix dans tous les pays, on ne constate pas de changements. Ce n’est pas plus cher au Luxembourg qu’ailleurs, et ce n’est pas forcément beaucoup plus onéreux que d’autres sports.
Il y a une dizaine de structures membres de la Fédération luxembourgeoise des sports équestres ?
FT : Oui, il en manque, il en faudrait davantage.
Quelles sont vos relations avec le ministère des Sports ?
FT : Très bonnes. Le nouveau ministre on ne l’a pas encore vu.
Quelles sont vos principales priorités pour les deux prochaines années ? Favoriser l’accès aux jeunes ?
FT : C’est notre chantier quotidien, depuis toujours. On essaie de faire en sorte que notre sport devienne plus ouvert à tout le monde, que chacun comprenne où on va. On continue chaque année, il faut motiver beaucoup de jeunes et essayer de trouver les sportifs qui auront la chance d’accéder au niveau de la famille Bettendorf. Il ne faut jamais oublier que le Luxembourg est un tout petit pays, avec 1 100 licences. Je ne vais pas vous raconter des histoires…
Quelles sont vos relations avec la FEI ?
FT : On les connaît très bien. Eux font un très bon travail, ils vendent très bien le cheval et l’esprit qu’il faut avoir pour pratiquer l’équitation. Ce qui prime, c’est le cheval. La grande priorité, c’est de former un couple. Il y a parfois de bons chevaux qui tournent avec un cavalier et pas avec un autre. C’est vraiment la preuve que les deux doivent être unis, que c’est une vraie équipe.
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