Amy Thompson : « Je ne m’attendais pas du tout à ça »

5 minutes
Anouk Flesch

Quand elle a repris en début de saison au FC Mamer, Amy Thompson voulait surtout jouer et prendre du plaisir. Elle en est aujourd’hui à 35 buts et 12 passes décisives en championnat et a fait un come-back fracassant en inscrivant 4 buts contre la Lettonie et la Macédoine du Nord. L’attaquante de 27 ans au parcours atypique revient sur cette année folle.

Que représente ce titre de meilleure joueuse de Ligue 1 dames pour vous ?

Cela me fait plaisir d’avoir un peu de reconnaissance parce que j’ai fait un grand parcours, qui n’a pas toujours été facile. Après, ce n’est pas le plus important non plus, ce qui compte c’est ce que l’on fait en équipe, et on a réalisé une belle saison avec mes coéquipières. Mais avoir une reconnaissance individuelle, c’est clair que ça fait toujours plaisir.

Vous réalisez une superbe saison avec le FC Mamer, avec 35 buts et 12 passes décisives. Quel bilan personnel tirez-vous de cette année ?

Je pense que l’on peut dire que c’est quasi parfait. Je ne m’attendais pas du tout à ça… Quand j’ai repris, je voulais juste jouer, prendre du plaisir. La première partie de saison était déjà pas mal, et ensuite je ne pouvais tout simplement pas rêver mieux !

Collectivement, vous terminez 2e derrière le Racing, qui a été sacré champion. Est-ce difficile d’aller chercher le club de la capitale ?

Oui, très difficile. On est assez réalistes, on sait que la première place va au Racing et je pense que ce sera encore très dur que ce soit autrement les deux ou trois prochaines années. Le Racing a beaucoup investi, ils sont à fond derrière les filles, et ça change quelque chose. Ils ont un budget, des moyens financiers que les autres n’ont pas. Mais ce n’est pas impossible d’aller les chercher ! Juste très difficile.

Vous avez fait une pause dans votre carrière, avec une expérience aux États-Unis, puis au poste d’entraîneure adjointe au Progrès. Comment s’est passé votre retour sur les terrains ?

Quand j’étais coach à Niederkorn, j’avais repris la fin d’une saison et le début de la suivante, mais ensuite je me suis blessée. J’avais déjà mis 14 buts avant cela, avec Niederkorn. J’ai fait une pause de deux ans après cette blessure. Ensuite, j’ai décidé de reprendre à Mamer et cela s’est bien passé. J’avais des petits soucis de tendon d’Achille au début, j’ai sûrement voulu reprendre trop vite. Mais une fois que la machine est repartie, tout est revenu.

Les choses se sont tellement bien déroulées que vous êtes également revenue en sélection. Et de quelle manière ! En inscrivant 4 buts contre la Lettonie et la Macédoine du Nord en avril. Racontez-nous ce retour en sélection.

J’étais contente que le sélectionneur m’appelle pour me proposer de revenir dans le groupe. Et puis cinq minutes après, je me suis dit : « Ah mince, là ça y est, il y a de l’attente, est-ce que je vais y arriver, est-ce que j’ai encore le niveau ? » J’ai paniqué un instant. J’ai failli rappeler et dire que je n’étais pas prête. Mais une fois sur le terrain, j’ai enchaîné les entraînements et ça a été. Et puis ces deux matchs… rien à dire, je ne pouvais pas rêver mieux !

Et l’intégration avec le reste du groupe ?

Cela s’est très bien passé, je connais quand même pas mal de filles, sur le terrain, en dehors. Ce n’est pas la même chose qu’il y a cinq ans ou dix ans, il y a de nouveaux visages, mais on se connaît globalement.

À 27 ans, comment voyez-vous la suite de votre carrière ?

Presque 28… Pour l’instant, je vois la suite ici. À un moment donné, on a d’autres priorités, d’autres responsabilités dans sa vie, des projets personnels, donc on ne peut pas se permettre de partir comme ça, sur un coup de tête. Si je devais partir, ce serait pour une offre vraiment intéressante. J’ai eu des contacts avec deux clubs à l’étranger, mais malheureusement, ils ne proposaient pas assez pour partir.

L’intérêt pour le football féminin grandit au Luxembourg comme ailleurs, mais des problèmes structurels persistent. Quel regard portez-vous sur ces évolutions ?

Je pense que c’est quand même positif. Je suis dans le football féminin depuis maintenant quatorze ans. J’ai vécu les moments très difficiles où l’on n’avait vraiment rien du tout, alors l’évolution est positive, forcément. Mais il y a encore la place pour tirer tout ça vers le haut !

Comment expliquer l’écart de niveau entre certaines équipes de Ligue 1 dames ?

Je pense qu’il y a toujours eu un peu d’écart, avec des équipes qui montent, d’autres qui descendent. Mais c’est vrai que là, on voit des différences un peu extrêmes. Le covid n’a pas aidé certains clubs, je crois… Bon, on joue à treize équipes, celles qui montent ont vraiment du mal à suivre, à s’accrocher. C’est difficile et malheureux pour elles, pour qui j’ai beaucoup de respect, parce que les filles ne lâchent rien sur le terrain.

Quelles sont les priorités et urgences pour que le football féminin passe un cap supplémentaire au Luxembourg ?

Je pense que pour le championnat, il faut commencer par diminuer le nombre d’équipes afin de renforcer la concurrence, la compétitivité. Pour la sélection, les choses se font progressivement, mais on a besoin de joueuses qui partent à l’étranger pour aller chercher le niveau supérieur et le stade professionnel.

admin

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