Anthony Mfa : « Je suis resté sur ma faim avec la descente »

8 minutes

Arrivé dans les buts du FC Rodange en 2020, Anthony Mfa a rempilé pour une troisième saison malgré la relégation en Promotion d’Honneur, cet été. À 31 ans, le gardien formé au FC Metz revit après quelques années de galère.

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Tu as choisi de rester à Rodange malgré la relégation. Pourquoi avoir pris cette décision ?

Tout d’abord, j’étais encore sous contrat. J’étais resté sur ma faim avec la descente. L’objectif était clairement le maintien la saison dernière et je me suis dit que je ne pouvais pas partir comme ça, sans avoir atteint l’objectif. C’était important pour moi de rester pour faire remonter le club.

Comment as-tu vécu cette relégation ?

On va dire qu’on a été condamné très tôt dans le championnat. On a toujours voulu arracher des résultats, même si on savait ce qui nous attendait. On a essayé d’y croire jusqu’au bout, on a parfois enchaîné des performances intéressantes. Quand on savait qu’on allait descendre, ça a été compliqué à vivre. On sait qu’on n’a pas spécialement été aidé par tout le monde au club. C’est passé, on veut voir autre chose et remonter pour remettre le club à sa place, en BGL Ligue.

Après avoir connu la Ligue 1 et le FC Metz, tu n’as pas eu de problème d’égo à l’idée d’évoluer en deuxième division Luxembourgeoise ?

Non, parce que c’est moi qui ai accepté de rester. J’avais tout simplement besoin de connaître réellement le projet. Si le projet était de jouer le maintien sans vraiment d’ambition, ça ne m’aurait pas plus. Je sais que le projet du club est de remonter et ils ont mis les moyens pour. 

Tu as signé à Rodange en 2020 après une saison à Sarre-Union, stoppée par le covid. Tu n’as pas eu d’autres opportunités, en France notamment ?

C’était assez compliqué, j’étais arrivé à Sarre-Union en cours de saison avec l’idée de faire une saison et de rebondir. J’arrivais en fin de contrat avec Sarre-Union. J’avais des contacts, mais tout s’est arrêté avec le covid. J’avais des matchs de prévus avec la sélection du Gabon pour que des personnes viennent m’observer, mais ces matchs ont été annulés. Le Luxembourg s’est alors présenté à moi et j’ai accepté.

« Je partie du club mais je n’avais pas de licence pour jouer le week-end. »

ANTHONY MFA

Avant de signer à Sarre-Union, tu étais sans club pendant trois ans, après ton départ du FC Metz. Tu as fait des essais à Marseille-Consolat, puis… en Afrique du Sud ! Qu’est-ce qui t’a emmené jusque là-bas ?

J’y suis allé deux semaines pour les vacances, pour voir de la famille. J’en profitais pour courir et me maintenir en forme. Là, mon cousin me dit qu’il y a un club où je peux m’entrainer. C’était un club de D2, pratiquement sûr de monter en D1. Ils m’ont fait une proposition pour que j’intègre leur groupe. Je n’étais pas venu dans l’optique de venir jouer en Afrique. J’ai prolongé mes vacances, je me disais que c’était mieux de m’entraîner ici que d’aller courir en France. Je m’y sentais bien, il y avait un bon entraîneur des gardien et de bonnes infrastructures, comme le pays a organisé la Coupe du Monde en 2010. C’est assez carré là-bas. Je suis arrivé mi-janvier pour deux semaines, je suis finalement resté six mois. Je signe avec eux pour deux ans, on me demande les papiers de mon dernier club. Le FC Metz envoie tous les papiers à la fédération sud-africaine. Finalement, ça s’est très mal passé. J’ai su par la suite qu’ils ne m’avaient pas enregistré auprès de la fédération. Je faisais partie du club mais je n’avais pas de licence pour jouer le week-end. Ça a duré presque trois mois. J’appelais partout pour essayer de résoudre le problème. Je me suis même demandé si le soucis venait de Metz ou de la Belgique, comme j’avais été prêté à Seraing. En réalité, le directeur sportif qui m’avait fait venir me voulait, mais certains membres du comité n’étaient pas d’accord. En Afrique du Sud, les étrangers ne sont pas spécialement bien vus, dans le sens où tu peux prendre la place d’un joueur local. Je ne voulais pas partir comme ça. J’ai porté plainte et le dossier a été traité par la FIFA. J’ai attendu sur place et quand j’ai su que c’était réglé, j’ai pris mes affaires et je suis rentré. C’est là que j’ai signé à Sarre-Union.

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Après ces galères, as-tu pensé à arrêter ta carrière et te reconvertir ?

Si, ça m’a un peu dégouté, mais je ne pensais pas spécialement à ça. Je regardais les championnats, je me disais « ce n’est pas possible que je ne puisse pas retrouver quelque chose ». Sans être prétentieux, je savais que je pouvais trouver ma place quelque part, peu importe l’endroit, mais il fallait que je reparte de plus bas pour ensuite rebondir.

Ton passage au FC Metz ne t’a pas permis de rebondir. Tu penses que c’est lié à la particularité de ton poste ?

Oui, c’est beaucoup plus difficile. Quand je finis à metz, j’ai eu deux offres d’Iran, une d’un club en Afrique du Sud. J’ai refusé en me disant que même en étant en Ligue 2 ou National, avec un salaire moindre, je restais dans le circuit européen. J’ai fait des essais, discuté avec des clubs. Mon profil plaisait, mais il y avait toujours un problème : le salaire, le nombre de places dans l’effectif… C’était très compliqué. Ça aurait pu se faire avec Valenciennes, mais ça ne concordait pas avec ce que je voulais. Même en restant au chômage, je touchais plus que ce qu’ils me proposaient et ils ne prévoyaient pas une concurrence saine. J’aurais préféré un autre discours, où on me dit que je suis clairement numéro 2, plutôt que « il y a déjà un numéro un, mais ça peut évoluer ». Je savais que ça allait être difficile à vivre. Si financièrement c’était intéressant, pourquoi pas. Mais là, sportivement et financièrement, ça ne valait pas le coup, donc je ne voyais pas l’intérêt de donner une réponse positive.

Avec Metz, tu as disputé 16 matchs de Ligue 1 et 11 matchs de Ligue 2. Quels souvenirs gardes-tu de ce passage ?

Quand on est formé dans un club, la première chose que l’on veut, c’est débuter avec les pros. Je garde en mémoire la montée en Ligue 1, parce qu’on n’était pas programmé pour. On montait de National. On était sur une bonne dynamique mais notre objectif était de finir dans les dix premiers. On a réussi à monter, c’était vraiment une belle année, une très bonne saison. En plus, il y a eu une certaine magie entre les supporters et les joueurs, qui étaient un peu en froid. Cette remontée a créé un engouement et a réconcilié tout le monde.

Tu fais partie de la sélection du Gabon. Tu te vois continuer ?

Ça se passe bien, ça fait un moment que j’y suis. On ne s’est pas qualifié pour la Coupe du Monde et on s’est fait sortir en huitième de finale de la CAN 2022. On va avoir des échéances en mars pour la CAN 2023. C’est une bonne expérience, la sélection est en développement et il y a de belles choses à faire dans les années à venir. Je sais que dans quelques temps, je devrai forcément laisser ma place et essayer de former d’autres personnes.

Comment imagines-tu cette saison avec Rodange ?

On n’a pas très bien commencé, mais on s’est ressaisi. On doit se concentrer sur nous-même. On fait pratiquement les mêmes erreurs à chaque fois. Si on commet moins d’erreur individuelles, on connaîtra moins de contreperformance. La montée est en ligne de mire, c’est clairement l’objectif.

Tu as failli signer en Afrique du Sud. Tu te verrais bien tenter une pige dans un pays exotique ?

Ce n’est pas évident. Je ne peux plus me permettre de partir comma ça, comme quand j’étais seul. Je ne dirais pas non forcément, il faudrait voir si c’est intéressant, mais ce n’est pas l’objectif. Je veux remonter avec Rodange et voir ce qu’il est possible de faire avec eux, car je me sens bien ici avec ma famille. Je ne ferme aucune porte, mais j’ai eu cette discussion avec le club : si je peux continuer ici dans une bonne atmosphère, je le ferai sans problème, c’est mon objectif premier.

Sinon, as-tu déjà commencé à préparer ton après carrière ?

Forcément oui, je suis un peu dans la réflexion. Je sais pas exactement dans quoi, mais je pense que le plus adapté pour moi est ce que je peux transmettre aux plus jeunes. Je me vois sur le terrain, avec les gardiens.

Propos recueillis par Florian Tonizzo

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