Le rêve de faire revivre l’Aris Bonnevoie
En mai 2022, nous apprenions que l’ASL Porto allait mettre la clé sous la porte faute de moyens. C’était une page d’histoire qui allait se tourner puisque l’ASL Porto était l’héritier du FC AS Luxembourg-Fëschmaart (comprenez : « FC Amis du Sport »), fondé en 1919. C’est alors qu’une nouvelle direction, composée de 8 anciens joueurs de l’Aris Bonnevoie, a repris le club en mai 2022 avec un objectif : faire renaître l’Aris. L’ancien géant de notre football national, fondé en 1922, 3 fois champion et une fois vainqueur de Coupe n’existe plus depuis sa fusion avec le CS Hollerich en 2001. Le FC Alliance 01 Luxembourg ainsi créé allait ensuite fusionner en 2005 avec l’Union et le Spora Luxembourg pour créer le Racing FCU Luxembourg.
Mais l’Aris ne revint finalement pas. « Malheureusement le CA du Racing a décidé de nous bloquer. Celui-ci a fait protéger le nom et le blason. Nous avons été contraints de changer », regrettait Domenico Laporta, éducateur de profession et désormais président de l’AS Luxembourg-Fëschmaart. Après une saison sous la dénomination AS ALSS Luxembourg, homonyme du club de futsal dont Domenico Laporta était également président, le choix fut pris de revenir au nom originel du club.
Un projet sportif ambitieux malgré des moyens limités
Avec un comité composé de 5 anciens joueurs de l’Aris, de 3 membres de l’ASL Porto et de membres de l’ALSS, il a fallu trouver un compromis pour le blason. La base est celle du blason originel de l’AS Luxembourg-Fëschmaart. L’on a néanmoins troqué le rouge pour le blanc afin de porter les couleurs emblématiques de l’Aris et on a rajouté les trois gouttes de l’ALSS, représentant le respect, l’initiation et l’intégration. Concernant l’initiation et l’intégration, le club collabore avec des associations telles que la Croix-Rouge, Caritas ou CLAE pour permettre l’intégration par le biais du sport.
Le but est de viser très haut. Le comité s’est donné 5 ans pour faire ses preuves. « Notre but est de grandir dans chaque secteur », exposait Domenico Laporta. « On veut accéder à la BGL Ligue dans les cinq ans en alternant montée – stabilisation, saison après saison. Mais si on mettait 10 ans à accéder à la BGL Ligue, ça m’irait aussi. Ce qui est important, c’est de pouvoir structurer, étape par étape, chaque domaine de développement ».
Ce projet est ambitieux, d’autant plus qu’au cours des 104 ans de son existence, l’ASL n’a jamais évolué dans les deux échelons supérieurs de notre football national. De plus, les moyens financiers restent assez limités. « Dans le pays, à l’exception de certains clubs de D3, on doit être l’un des seuls clubs à ne pas payer de salaire fixe aux joueurs. Nous payons uniquement des primes de match et elles sont les mêmes pour chacun », nous expliquait le président. La stratégie pour convaincre les nouveaux joueurs, c’est de faire en sorte qu’ils s’identifient au projet du club. « Nous avons réalisé le doublé Coupe Championnat lors de la saison 2015/2016 avec l’ALSS en futsal et nous avons joué en Coupe d’Europe en 2016 sans un centime de masse salariale ou de primes », argumentait Laporta, avant de conclure, « évidemment, si on évolue en Promotion d’Honneur ou en BGL Ligue, on reverra peut-être notre position. Mais dans les ligues inférieures, nous ne pensons pas que cela soit nécessaire. »
Faire grandir tout un club et non simplement une équipe
Généralement, les clubs qui ont des moyens financiers plus limités tentent de compenser avec une école de jeunes performante. Ce n’est pas (encore) le cas pour l’AS Luxembourg-Fëschmaart. « À ma connaissance, nous sommes le seul club de la ville à ne pas avoir de catégories jeunes. Je ne vois pas le club pouvoir subsister durablement ainsi. C’est pourquoi il faut remédier à cette anomalie », analysait Domenico Laporta.
La création d’équipes d’âges (prévue pour août 2024), devra avant tout être à vocation sociale, comme il nous l’expliquait : « On doit contribuer à faire de notre jeunesse des adultes responsables. » Concrètement, le projet est bâti sur 3 piliers : le sport, l’éducation et la scolarité. L’ASL souhaite mettre en œuvre une structure dans laquelle les jeunes joueurs viendront après l’école et bénéficieront d’une aide aux devoirs scolaires. « Ensuite, ils s’entraîneront et, au besoin, ils pourront bénéficier de l’aide d’un éducateur qui veillera à leur bien-être psychosocial, mais également à l’accompagnement socioprofessionnel », continuait Domenico Laporta. De plus, l’ASL souhaite sensibiliser les jeunes au rôle des arbitres et des bénévoles afin qu’ils comprennent à quel point ces postes sont importants pour l’évolution du football en général.
L’idée est donc d’essayer que chaque jeune atteigne son potentiel. D’un point de vue sportif, ce potentiel doit à terme être utile aux équipes premières, aussi bien masculine que féminine. C’est pourquoi une section féminine est pareillement en projet.
« Le premier bilan sera tiré au terme de la période quinquennale »
À côté du volet sportif, éducatif et social, l’AS Luxembourg-Fëschmaart souhaite s’inscrire culturellement dans la vie de la capitale, comme le prouve son stand lors de certains événements tels que la fête nationale ou encore le Pechvillchen. « Notre relation avec les services communaux est bonne », souligne Domenico Laporta « mais elle pourrait encore s’améliorer. Nous avons la chance de pouvoir bénéficier des installations du complexe sportif Boy Konen, cependant, contrairement à d’autres clubs de la ville, nous n’avons pas accès aux locaux comme nous le souhaiterions. Nous aimerions aussi avoir un terrain avec un drainage, ce qui nous permettrait de l’utiliser plus régulièrement. En cas de fortes pluies, notre pelouse devient peu praticable et les risques de blessure sont énormes. Une réunion est prévue prochainement avec le service concerné afin de trouver peut-être une réponse favorable à nos demandes. Je tiens néanmoins à souligner que nous sommes très satisfaits du travail que fournit la conciergerie. » L’ASL espère que la montée et l’exploit cette saison en Coupe contre Beggen permettront de mettre leur projet en avant aux yeux des politiques locales, mais également aux yeux des sponsors qu’elle recherche activement. « Le premier bilan sera tiré au terme de la période quinquennale. Mais je remercie déjà tout le comité et les bénévoles sans qui rien ne serait possible », concluait Domenico Laporta.
Andy Foyen
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