Steve Evans, président de la Fédération de Cricket : «Il y a deux types de crickets»

Dans le but de mettre en lumière certains sports moins médiatisés que les plus populaires du pays, Mental! est allé à la rencontre des présidents de différentes fédérations pour faire le point sur leur situation et leur futur. Entretien avec Steve Evans, président de la Fédération de Cricket.

Pour le cricket, sport assez original au Luxembourg, les restrictions sanitaires doivent tout de même s’appliquer. Pouvez-vous nous dire quelles sont les conséquences pour vous de cette pandémie et les mesures qui en découlent ?

Nous avons la chance de pratiquer un sport qui se déroule principalement en été, et extrêmement socialement distant. Il n’y a essentiellement aucun contact au cricket. Ajouté à cela, nous sommes un sport d’été. Donc en étant en plus un sport d’extérieur, c’est un grand avantage. Quand le confinement a été levé l’an dernier, nous avons eu la chance de faire une saison quasi complète. On a perdu le mois d’avril mais nous avons pu lancer la saison en mai, ce qui nous a permis de faire la quasi totalité des activités prévues. En indoor, c’est vrai que c’est un peu plus compliqué (seule notre première division y participe).

Durant cette période, avez-vous réussi à communiquer avec le Ministère des Sports pour trouver des solutions dans cette période difficile ?

Les ministères ont été très ouverts. À vrai dire le plus difficile a été d’expliquer clairement les règles (rires) ! Mais ils ont été très à l’écoute, avides d’apprendre et comprendre pour pouvoir agir en conséquence. Du très bon travail.

Parlons un peu de votre fédération assez originale et de son histoire. Quand a commencé le cricket au Luxembourg ?

L’histoire a commencé en 1973. L’UK faisait alors partie de l’European Economic Community et des habitants de Grande-Bretagne ont commencé à venir travaillé ici. Avec l’accroissement de la communauté, les anglais ont commencé à se retrouver ensemble, à l’image du premier pub, fondé en 1976. Et le contingent a continué de grandir proportionnellement à l’expansion du secteur financier. Le cricket est alors venu naturellement. Pour ce qui est des joueurs, la composition au départ était logiquement en très grande majorité anglaise, avant l’arrivée dans les années 90 de quelques joueurs indiens.
Au départ, nous avons été obligés de jouer dans d’autres pays, puis dans les années 80, grâce à la commune de Walferdange, nous avons acquis un petit terrain, avant d’en récupérer un plus grand et d’excellente qualité un peu plus tard. Alors, la fédération a été fondée en 1996 avec quatre clubs.

Combien de membres y a-t-il au sein de la fédération ?

Dans les années 90, nous devions avoir quelque chose comme 30 membres, puis 50 à l’arrivée du nouveau millénaire. Et aujourd’hui, nous en sommes à un peu plus de 200. Il y a eu un gros changement dans les 5-10 dernières années. Comme vous savez, le cricket est globalement joué dans des pays anciennement ou actuellement membres du Commonwealth. Mais aujourd’hui, notre sport est devenu massivement dominé par la communauté indienne. L’Inde ne pratique que peu de sports collectifs, et l’engouement pour le cricket là-bas est énorme. Tout le pays est obsédé par ce jeu. Pour vous dire, il y a deux ans, Luxembourg for Finance a fait une petite vidéo dans le but d’attirer le peuple indien en leur expliquant qu’il y avait bien du cricket ici (rires) ! Donc, on peut dire qu’on fait partie de la politique d’internationalisation du pays.
Mais plus sérieusement, c’est toujours un plus pour quelqu’un de pouvoir arriver dans un nouveau pays et avoir la possibilité de pratiquer son sport préféré sur des terrains impeccables. Le seul vrai problème que nous avons aujourd’hui – et c’est un excellent problème – c’est que nous commençons peut-être à avoir trop de monde. Nous cherchons donc de nouvelles zones pour pouvoir jouer. L’avantage que nous avons est que nous pouvons aller chercher des terrains catégorisés comme « zones inondables », ce qui empêche la pratique de beaucoup de sports, mais pas le cricket.

Quel est l’âge moyen de vos membres ?

Avec l’arrivée de nouveaux joueurs, nous avons réussi à rajeunir un peu, car il est vrai que la première génération commence un peu à vieillir. Mais dans l’ensemble je dirais que cela doit tourner autour de 30 ans. Et nous avons aussi une trentaine d’enfants qui sont membres et qui vont de 5 à 15 ans.

Avez-vous réussi à recruter des natifs luxembourgeois ?

Vous savez, je suis natif luxembourgeois. Mais je vois ce que vous voulez dire. Dans l’ensemble, tous nos membres ont un lien avec la Grande-Bretagne. Pour ce qui est du « luxembourgeois de souche », hormis trois filles locales qui avaient rejoint notre équipe le temps d’un été, nous n’en comptons pas réellement parmi nos membres.

Que diriez-vous pour essayer d’attirer des personnes étrangères à ce sport ?

Il y a deux types de cricket. Celui extrêmement compétitif, et celui profondément social et divertissant. C’est vrai que sous COVID, cette deuxième catégorie a disparu car il n’est pas possible de partager une bière et un barbecue après les matchs. Mais dans l’ensemble, je dirais que le cricket est un super sport pour socialiser et s’amuser.
Nous commençons aussi un nouveau programme pour envoyer des entraineurs dans les écoles pour faire connaître notre sport aux plus jeunes. Il n’y a pas énormément de chance que cela fonctionne, mais on estime que cela vaut vraiment le coup d’essayer. On a profondément envie que la nouvelle génération prenne la relève. On est réaliste, mais ambitieux !

Il y a-t-il des échéances futures intéressantes pour la fédération ?

Nous allons participer, je l’espère si le Covid nous laisse tranquille, aux qualifications pour la Coupe du Monde avec une rencontre contre la Finlande fin juin. C’est une échéance très excitante. Nous sommes aussi en discussions avec Malte pour ajouter le cricket aux Jeux des Petits Etats. Car sur les neuf pays participants, sept ont une équipe de cricket. C’est notre objectif pour 2023. On croise les doigts.

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