Jeremy Harik, co-secrétaire de la Fédération de Boxe anglaise : « En boxe, on apprend un art, une technique »

Dans le but de mettre en lumière certains sports moins médiatisés que les plus populaires du pays, Mental! est allé à la rencontre de différents acteurs de fédérations sportives pour faire le point sur leur situation et leur futur. Entretien avec Jéremy Harik, co-secrétaire de la Fédération de Boxe anglaise.

Vous faites partie d’une fédération dont on parle bien moins souvent, mais qui est évidemment touchée elle aussi par le coronavirus. Pouvez-vous nous dire quelles sont les conséquences pour vous de cette pandémie et les mesures qui en découlent ?

Avant tout, merci beaucoup de nous consacrer cette interview vu qu’on est une petite fédération. Cela fait plaisir que les gens pensent à nous.

Pour ce qui est de la pandémie et ses conséquences, oui en effet, ça nous a touché, très fortement. Lorsque tout a commencé, nous n’avions tout simplement pas le droit de faire d’entraînements. Un arrêt total qui ne concernait évidemment pas que la boxe. Maintenant, comme on peut le voir depuis quelques semaines et l’assouplissement des mesures, les choses s’améliorent un peu. Il y a quand même néanmoins encore quelques problèmes. Je pense à nos locaux, qui généralement ne sont pas assez grands pour accueillir beaucoup de monde tout en respectant les mesures sanitaires. Hormis deux de nos clubs qui peuvent entraîner une dizaine de personnes simultanément – soit le maximum autorisé -, la grande majorité est limitée à entre deux et quatre athlètes. Donc c’est très limite, pour ces clubs habitués à accueillir un bien plus grand nombre d’athlètes.
Quant à l’an dernier, sans possibilité d’entraînement et l’interdiction de compétitions, on a du annuler tous les galas de 2020. Les sportifs ne pouvaient pas s’entrainer, ça allait donc de soi qu’on ne pouvait pas les mettre tout de suite sur le ring car il faut tout de même une préparation assez longue. Tout a du être annulé, ça a été un vrai problème. Au-delà des évidents soucis dits logistiques, il y a aussi eu les conséquences que cela engendre sur le plan de la motivation. La boxe est un sport intense et exigeant, et quand les sportifs ne peuvent pas se mesurer entre eux, cela provoque une perte d’adhérence au sport et au club.

Beaucoup de sports souffrent des mesures sanitaires, mais dans le cadre de la boxe, comment peut-on réussir à pratiquer quand tout contact est interdit ?

Il faut bien regarder l’entraînement de la boxe. Pendant celui-ci, le contact est tout sauf fréquent. Avant de pouvoir faire un sparring, il faut déjà connaître la technique, qui s’apprend tout seul ou avec un partenaire. Donc ce que l’on fait, c’est montrer la technique, que les élèves répètent tout seul ou au sac en faisant les pas et les coups. On peut aussi varier certains exercices physiques pour éviter que les athlètes soient en contact. Par contre, ce qu’on ne peut pas faire évidemment, ce sont les imitations de combats, ou encore les pattes d’ours (quand une personne tient des gants et l’autre tape pour faire des combinaisons). Mais sincèrement, 80% de l’entraînement peut réellement se faire sans contact. Donc ça n’est pas un problème majeur.

Dans quel état financier se retrouve la fédération après cette année compliquée ?

Sans grandes dépenses, financement de voyages à l’étranger, galas et autre, il nous reste aujourd’hui encore quelques réserves. Après, si les choses continuent comme ça, cela risque de se compliquer. On ne demande évidemment plus aux clubs des cotisations vu qu’ils n’ont pas de rentrées d’argent. Il y a eu un consensus général et une solidarité entre tous au vu de la situation. Donc oui, il reste des réserves, mais elles deviennent de plus en plus petites.

Parlons un peu de votre fédération. Quel est l’âge moyen de vos membres, y retrouvez-vous des femmes ?

Je pense qu’on doit se situer vers 500 licenciés approximativement. Pour ce qui est du nombre de femmes, je dirais que le pourcentage doit se retrouver aux alentours de 30%. Cela fluctue pas mal entre différents clubs. Et pour ce qui est de l’âge moyen, avec quelques clubs qui ont quelques enfants pratiquants, je dirais qu’on se retrouve à un âge moyen de 25-30 ans.

Comment arrivez-vous à attirer le public sur votre fédération quand d’autres grosses écuries comme le football, le basket ou le handball dominent la couverture médiatique sportive du pays ?

Le problème avec la boxe c’est qu’elle véhicule beaucoup de clichés. Pour beaucoup de personnes qui pourraient s’intéresser, il y a encore des barrières basées sur ces stéréotypes. Ce n’est qu’une fois qu’ils sont venus au club, qu’ils ont fait des entraînements, qu’ils réalisent que ça n’est pas du tout similaire à l’image véhiculée à la télévision. Quand on entend boxe, on pense à Rocky, aux combats avec énormément de sang. Alors que ça n’est pas du tout ça. La boxe, c’est une très grande préparation, de la discipline, et au final, un des sports les moins dangereux, bien moins que le football par exemple. Ce n’est pas un sport de brutes, on apprend une technique, on apprend un art. C’est un sport olympique, très réglementé.

Tout l’art de persuasion consiste à convaincre les familles que ça n’est pas un sport de bagarre mais plus d’entraînement physique. Donc régulièrement pendant les compétitions, on essaye de faire de la publicité sous forme de flyers, apparitions radio ou tout simplement bouche-à-oreille, pour justement attirer les gens. Cela permet de les faire venir à l’entraînement, voir, essayer, et se rendre compte que la réalité est bien loin de l’image qu’ils se font du sport.

Avez-vous quelque chose à dire de plus avant de terminer cette interview ?

Que les gens sont les bienvenus. On les invite à venir faire des entraînements chez nous, à essayer, et ne pas hésiter à prendre contact avec nous pour qu’on puisse leur montrer réellement ce qu’est la boxe. Il n’y a aucune crainte à inscrire ses enfants à la boxe. Et nous accueillons tout niveau, de débutant à confirmé.

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