Le festival offensif de Yassine Maziz
Pour la deuxième saison de suite, le FC Jeunesse Junglinster était engagé dans un match de barrage. Mais à la différence de la saison dernière, les verts et blancs n’avaient pas pour mission d’accéder à l’échelon supérieur, mais bien de sauver leur peau. L’adversaire du jour n’était autre que l’ancien géant du football luxembourgeois, l’Avenir Beggen.
On a tout de suite remarqué que Junglinster avait tiré des conclusions de son barrage précédent. Les hommes de Zwaag mettaient d’emblée une grosse pression sur la défense de l’Avenir. Cette attitude offensive se montrait immédiatement payante. Lancé sur le flanc droit, Yoann Goncalves glisse subtilement en retrait à Vanderlei Lopes qui place le cuir hors de portée de Kevin Straus. 1-0, le match est lancé.
Sans se montrer très dangereux, Junglinster domine les débats, mais Beggen commence à sortir de sa torpeur et se crée une première occasion via Marc Etoundi, qui s’incline face à Dany Rodrigues. Le véritable tournant de la rencontre arrive au quart d’heure. Etoundi pénètre dans le grand rectangle et est stoppé fautivement par Jeremy Mendes. Monsieur Sabotic désigne le point de pénalty et d’une frappe en plein axe, Yassine Maziz remettait les deux équipes à égalité.
Le match gagnait en intensité avec des occasions de part et d’autres. C’est d’abord Junglinster qui manque de peu de passer devant, suite à une reprise de volée de Goncalves qui frôle l’extérieur du poteau. Ensuite, c’est Etoundi qui manque sa reprise après avoir pourtant été parfaitement isolé par Gabriele Terenziani. Beggen pouvait à nouveau prendre l’avantage, mais Rodrigues était auteur d’un superbe réflexe sur une frappe de Maziz. Robin Moreira répondait juste avant la fin du temps réglementaire, mais croquait sa reprise au petit rectangle. C’est finalement Yassine Maziz qui profitait du centre à raz de terre parfait d’Eurico Gomes pour inscrire son deuxième but de la journée.
Au retour des vestiaires, Beggen jouait de manière plus relâchée et se montrait nettement supérieur à la Jeunesse Junglinster. Cette supériorité se reflétait immédiatement au score avec un nouveau but de Maziz qui, d’un appel contre-appel, se défaisait de tout marquage et trompait Rodrigues pour la 3e fois.
Les minutes avancent et il semble de plus en plus clair que Junglinster n’a pas les armes pour revenir. Beggen enfonce le clou via une reprise de volée d’Ibrahima Balde. 1-4. Pour la forme, une nouvelle fois parti à la limite du hors-jeu, Maziz s’offrait un face à face avec Rodrigues et crucifiait celui-ci. Par la même occasion il donnait au score son allure définitive avec un succès net et sans bavure de l’Avenir Beggen. L’ancien géant du football luxembourgeois espère ainsi entamer son retour au premier plan. Yassine Maziz se veut néanmoins prudent : « À Beggen, il y a des infrastructures incroyables et un président qui se donne les moyens de ses ambitions. On se doit d’être dans les divisions du dessus. Mais il faudra y aller step by step. Maintenant, l’objectif, c’est de profiter », relatait celui qui a permis à son équipe de revenir dans le match et puis de passer devant. « On a eu un peu de mal à rentrer dans le match, à l’image de notre saison. Mais on a une équipe qui ne lâche pas et on a su revenir dans le match d’une belle manière. Le tournant, c’est quand on obtient ce péno. On le marque et là, on est vraiment lancés. On s’est libérés de la pression qu’on ressentait en début de match. Après, on a déroulé notre jeu et on a marqué des buts. L’objectif de la saison a été atteint. »
Du côté de Junglinster, le sentiment dominant est évidemment la frustration. C’est sur ces mots que le capitaine Yannick Delgado réagissait à notre micro : « Perdre deux barrages de suite, ça fait très mal. L’année dernière, on a perdu le match de la montée, mais on avait quand même la sensation d’écrire l’histoire du club. Mais là, c’était un barrage pour ne pas descendre… On avait pourtant bien commencé, on devait mettre beaucoup de pression sur eux et on marque rapidement. Mais derrière, ils reviennent dans le match à cause d’erreurs individuelles de notre part. Après c’était dur moralement de revenir. Pour moi, le tournant du match, c’est le deuxième but. Il y avait clairement faute sur notre joueur. Mais bon, c’est le foot. Il faut l’accepter. Aujourd’hui, il va falloir digérer la descente. Mais la PH, c’est clairement la place de Junglinster. On ne va pas accepter de rester en première division et on va essayer de remonter le plus vite possible. »
Luxembourg City pensait avoir fait le plus dur
Autre club de PH, autre désillusion. Luxembourg City est également rétrogradé en D1 après sa défaite aux tirs au but contre Wormeldange qui retrouve donc la PH quatre années après l’avoir quittée.
C’étaient les pensionnaires de D1 qui prenaient le meilleur envol dans ce match, et après 10 minutes, Claudio Borges Furtado obligeait Hélio Da Costa à sortir sa première parade. Il fallait ensuite attendre la demi-heure pour voir davantage d’occasions. Tout d’abord, Parreira tenta sa chance des 18m pour Luxembourg City, mais son envoi passait au-dessus. Miguel Rosas répondait avec un coup franc des 35m qui venait s’écraser sur la transversale. Mais sur l’action qui suit, Hugo De Almeida rate complètement sa sortie et Brian Branquinho ouvrait le score. 1-0, Luxembourg City pointe en tête à la mi-temps.
Wormeldange n’a pas le choix. Il doit revenir dans le match et il y parvient rapidement grâce à une subtile déviation de Claudio Borges Furtado. Luxembourg City se procure ensuite les meilleures opportunités, tantôt grâce à des situations de contre, tantôt grâce à des centres ou même grâce à des erreurs individuelles dans la défense de Wormeldange. Mais les Citizen n’en profitaient pas. Le score restait à 1-1 et les deux équipes étaient contraintes à jouer 30 minutes de plus.
Dès l’entame des prolongations se produit le premier coup de semonce. Il y a un véritable cafouillage dans le grand rectangle de Luxembourg City suite à un corner de Wormeldange. Le ballon arrive dans les pieds d’Anes Hajder qui le pousse au fond et met Wormeldange aux commandes. Pour le reste de la rencontre, Luxembourg City adopte une philosophie de jeu ultra offensive et tente le tout pour le tout. La récompense vient à la 117e minute via un coup franc magistral de Rodrigo Parreira, qui remettait à nouveau les deux équipes à égalité.
Les deux équipes allaient devoir se départager lors de la terrible séance de tirs au but. City a eu l’avantage de commencer la séance. Parreira lançait parfaitement les siens avec un contre-pied parfait. Luca Raposo faisait de même en plaçant le cuir hors de portée de Da Costa. Wormeldange passait devant avec le deuxième tireur. Hugo De Almeida stoppait l’envoi de Mamadu Camara alors que Pedro Henrique Cabede prenait Da Costa à contre-pied.
Luxembourg City dos au mur, Samuel Correia n’avait pas le choix, il devait transformer son essai. Mais de son point de vue, le scénario catastrophe se confirme, Hugo De Almeida parvient également à arrêter son tir au but. Wormeldange prend même deux longueurs d’avance avec la transformation d’Emmanuel Billa.
En cas de nouveau but de Wormeldange ou de nouveau manqué de Luxembourg City, les deux équipes échangeaient leurs divisions. Le capitaine Pascoal transformait son pénalty avec beaucoup de sérénité. Nelson Furtado, lui, prit le parti de tirer en plein axe et vit Hélio Da Costa arrêter son tir. L’étau se resserre. Luxembourg City n’est pas encore mort, d’autant plus que Marvin Reis place remarquablement son pénalty dans le coin inférieur gauche, inarrêtable. Yannick Tavares Medina avait une nouvelle balle de match. Soit il la transforme et Wormeldange est en D1, soit il rate et les deux équipes vont en mort subite. Il s’élance, prend Da Costa à contre-pied et envoie Wormeldange en PH. Au regret du premier buteur de la soirée, Brian Banquinho. « C’est le football. On ne peut plus rien y changer… », regrettait-il. « On a remarqué que leurs arrières centraux fixaient nos deux attaquants. J’en ai profité pour me faufiler et j’ai profité de l’intervention ratée du gardien pour marquer. (…) Malheureusement, ce n’était pas suffisant. On a été aux tirs au but et les choses ne se sont pas passées comme on l’espérait. C’est ainsi qu’ils ont obtenu leur montée en Promotion d’Honneur et je les félicite… Je ne sais pas encore où se situera mon avenir, mais cette descente ne va pas me freiner. J’ai beaucoup appris pendant mon prêt et je garderai en mémoire l’excellente ambiance qui régnait dans notre vestiaire. »
Le son de cloche était évidemment nettement plus optimiste chez Hugo De Almeida, le portier qui a démontré qu’on peut passer d’anti-héros à héros en l’espace de 90 minutes : « C’est indescriptible comme sensation. J’ai raté mon intervention, surpris par le terrain qui n’était pas évident à anticiper. Je ne devais surtout pas baisser la tête. Je sais comment garder la tête froide et je suis resté concentré à 100% sur le match. Pour les pénaltys, j’ai pris le pari de ne pas anticiper les tirs. J’ai plutôt réagi. Je m’étais beaucoup entraîné à cet exercice et ça a payé. À la différence de Luxembourg City, on n’avait aucune pression. On a réalisé un beau championnat et monter, c’est vraiment la cerise sur le gâteau. Je veux d’ailleurs remercier toutes les personnes qui sont venues voir le match, le président, l’équipe et tout le staff pour cette saison inoubliable. »
Andy Foyen
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