Differdange, arbitrage démon…
Entré directement au second tour, Differdange a longtemps cru – tant au match aller que retour – réussir un authentique exploit. Mais à chaque fois, dans les tout derniers instants, l’arbitrage particulièrement polémique a réduit en miettes tous les efforts effectués par les joueurs de Pedro Resende. Exaspérant.
On aurait pu penser qu’en tant que vainqueur de la Coupe de Luxembourg directement qualifié au second tour de la Conference League, Differdange avait un coup d’avance sur les autres écuries du championnat, ces dernières débutant au bas de l’échelle. Pourtant, le tirage ayant offert un sacré cador en la personne de Maribor, le FCD03 cochait la case des malchanceux. Une déveine qui s’est confirmée, au grand dam de tous ses supporters, lors de deux matchs durant lesquels l’arbitrage a été profondément cruel et injuste pour le dernier cinquième du championnat…
Une décision polémique à l’aller…
D’autant plus énervant que ces décisions du corps arbitral ont été lourdes de conséquences pour un club qui a tout donné sur le terrain. Une débauche d’énergie et une solidarité de tous les instants qui – couplées à une réelle aisance technique et un jeu ambitieux et téméraire – se sont matérialisées par un Differdange faisant vaciller Maribor. Déjà à l’aller, les Slovènes avaient vécu les pires difficultés pour mettre à mal la défense locale et son nouveau portier, Romain Ruffier. Et c’est bien le FCD03 qui se procurait les plus belles occasions, porté par un duo Trani-Naïfi insaisissable et un Érico Castro particulièrement précieux. C’est ce dernier qui allait mettre les siens devant en première période, faisant exploser le Stade municipal. Un avantage qui allait tenir, semblait-il, jusqu’à la fin du match, moment où l’arbitre de la rencontre prit une décision lourde de conséquences. Après un contact plutôt anodin, le jeu se prolonge durant de longues secondes avant que, pour des raisons difficiles à comprendre, Joonas Jaanovits décide de revenir sur sa décision et de siffler un coup franc pour les visiteurs. Une offrande que Jakupović exploite au maximum en bottant parfaitement le ballon dans le petit filet d’un Ruffier battu. Rageant, et à même de décourager l’outsider, clairement non récompensé de tous ses efforts.
… et grotesque au retour
Arrivé en terres slovènes avec ce résultat nul, mais ce goût amer en bouche, Differdange aurait d’ailleurs pu avoir des difficultés à se remettre de ce coup du sort. Et, lorsque Kolár ouvrait la marque dès la cinquième minute pour les locaux, l’inquiétude était de mise. Pourtant, les visiteurs vont, contre toute attente, repartir de l’avant.
D’abord par le biais d’Érico Castro, sur penalty, qui trompe le portier adverse. Ensuite, Guillaume Trani lance son récital avec un premier but qu’aucun avant-centre ne renierait, avant de s’offrir un petit chef-d’œuvre pour faire passer les siens devant. 1-3 dès le retour des vestiaires, et le sentiment que l’histoire est en marche. Malheureusement, la réduction du score de Repas, suivie de l’égalisation terrible de Brnić à la 82e minute vont inexorablement amener les deux clubs en prolongations. Amputé de ses meilleurs éléments offensifs, Differdange subit, plie, mais ne rompt pas. Après trente minutes forcément épuisantes sur le plan physique, le FCD03 croit s’orienter vers une séance de tirs au but. Jusqu’à la décision tout simplement scandaleuse de la part de Krzysztof Jakubik d’offrir un penalty à Maribor dans les ultimes secondes de la rencontre. Une offrande – encore une – que Josip Iličić n’hésite pas à convertir, faisant passer le club slovène devant au score dans les tout derniers instants de la rencontre.
On pourrait citer les choix effectués par le technicien qui, en sortant Castro, Naïfi et Trani de la rencontre, a grandement hypothéqué les chances de ses joueurs de souffler en ressortant le ballon proprement. On pourrait parler d’une météo particulièrement compliquée, qui a logiquement joué sur l’état de la pelouse et la capacité à développer son football habituel. Mais, soyons sincères, alors que le prochain tour aurait été joué contre Fenerbahçe, il n’y a véritablement qu’un seul responsable de l’élimination du FC Differdange. Un corps arbitral, tant à l’aller qu’au retour, qui a – et on ne saurait le dire autrement – décidé du sort du match, dans une rencontre à Maribor qui restera longtemps dans les esprits.
Dudelange, opportunité manquée
Protégé par son statut de tête de série, Dudelange avait tout pour s’offrir un certain parcours européen et une rentrée d’argent fort nécessaire. Un avantage que n’a pas su exploiter le F91, éliminé par une équipe de Gzira largement à sa portée. Frustrant.
Pour une fois que le ciel semblait clément pour le F91… À la suite d’une année compliquée, conclue par une troisième place en championnat après avoir été devant à la trêve, un véritable exode tant du staff que de joueurs clés, et le verdict du procès Hellers se concluant par une perte estimée dans les six chiffres, Dudelange avait, enfin, vu le hasard lui offrir une petite accalmie.
L’éclaircie van Lingen…
Bien aidé par son statut de tête de série, le F91 débute en effet sa campagne européenne par l’équipe de Saint-Patrick, modeste adversaire en provenance de Dublin, Irlande. Le match aller, joué à domicile, permet de tirer deux conclusions : la première est que l’opposition est tout sauf un foudre de guerre, avec une absence de jeu et des lacunes techniques plutôt évidentes. La seconde, c’est que les locaux jouent déjà à se faire peur, en encaissant un but tout simplement grossier à la fin d’une rencontre où les Irlandais ne s’étaient pas procuré la moindre opportunité.
Une alerte avant un match épique à Dublin où, après quatre-vingt-dix minutes complètement folles, un nom va ressortir plus que tous les autres : Oege-Sietse van Lingen. La recrue néerlandaise, en provenance du Victoria Rosport, s’était déjà fendue d’un but au match aller. Cette fois-ci, le joueur va se sublimer en claquant trois pions, qui permettent à ses coéquipiers de se sortir d’un sacré bourbier et d’avancer au second tour de la compétition. Un immense « ouf ! » de soulagement pour les dirigeants du club emblématique au Luxembourg, qui vont recevoir une seconde bonne nouvelle avec un tirage particulièrement clément : c’est en effet le club maltais de Gzira United qui est le prochain adversaire de Dudelange. De quoi envisager un hypothétique troisième tour… avant une immense déception.
Gzira rira bien le dernier…
On peut parler de circonstances atténuantes lors du match aller : terrain synthétique, chaleur étouffante, locaux déterminés : soit. Mais lorsqu’on en vient au match retour, il est profondément rageant de voir que, face à un adversaire si limité, le F91 n’a pas réussi à aller chercher une qualification qui lui tendait les bras.
Et pourtant. En galvaudant un nombre incalculable d’occasions franches, en manquant de sang-froid dans la zone de vérité, et en encaissant un but particulièrement coup de poing à l’orée du temps additionnel de la part d’une équipe qui sortait pour la première fois de son milieu de terrain, Dudelange s’est sabordé et ne verra pas le troisième tour. Au-delà des pertes financières qu’une élimination comme celle-ci implique, c’est aussi symbolique de voir qu’un club réputé pour ses exploits européens a échoué face à une opposition aussi faible.
La preuve qu’une époque semble révolue pour le F91, focalisé sur une saison de transition ainsi qu’un nouveau cycle. Des ambitions mesurées assez logiques au vu des difficultés budgétaires de Dudelange et qui, sans troisième tour européen, ne peuvent pas être revues à la hausse, bien au contraire.
Hesperange, une inconstance qui coûte cher…
Malgré un premier match enthousiasmant et impressionnant en Slovaquie contre Bratislava, Hesperange a fini par quitter les joutes européennes par la petite porte, face à un adversaire pourtant prenable. Une élimination qui s’explique en grande partie par un effectif qui n’a jamais réussi par la suite à offrir une prestation constante pendant quatre-vingt-dix minutes. Décevant.
Il y aura eu la passion. La folie. Un engouement qui, malheureusement, ne s’est pas conclu par un but synonyme de prolongations contre le FK Struga. Et, derrière ces minutes enflammées, un constat demeure, implacable : celui d’un immense regret.
Un immense regret déjà, car lors de son premier tour de Champions League, Hesperange avait tout simplement impressionné. Un énorme match nul en terres slovaques face au Slovan Bratislava, avant de céder logiquement lors de la manche retour malgré, encore une fois, une première période de haut acabit. Une élimination qui, au lieu de désarmer, avait plus été source d’enthousiasme pour les suiveurs du football luxembourgeois. Car – et en particulier sur ce match retour au Stade de Luxembourg – les hommes de Carlos Fangueiro étaient passés très proches de réussir un immense exploit, la faute à un penalty raté de Dominik Stolz et à un taux de conversion des opportunités assez faible.
Une régularité trop insuffisante
Contre un adversaire d’une telle envergure, les ratés sont généralement vite pardonnés. Mais, malheureusement, ces manques sont revenus, inlassablement, lors des tours suivants. Si le nouveau penalty manqué de l’attaquant allemand contre The New Saints avait obligé le Swift à aborder le match retour sur un score d’égalité, les hommes de Fangueiro, sans livrer une prestation complète, avaient tout de même réussi à l’emporter. Alors, déjà, trois composantes clés inquiétaient vis-à-vis des performances du tenant du titre en BGL Ligue : le manque de réalisme, l’agressivité – ou plutôt l’absence – et l’inconstance.
Des maux encore plus mis en évidence lors du troisième tour contre le FK Struga. À Skopje, pour le match aller, les visiteurs avaient offert une première période tout simplement apathique. Un raté dans les grandes largeurs qui, malgré une seconde période plus intéressante, s’était conclu par un retard de deux buts.
Dos au mur, Hesperange devait alors réussir à renverser ce handicap somme toute conséquent pour ce qui constituait la dernière chance d’atteindre les barrages de Conference League. Las, de nouveau, le Swift a offert une première mi-temps bien trop fragile pour espérer viser l’exploit. Mené 1-0 à la mi-temps, la seconde période de feu de Couturier et les siens, qui aura vu un torrent d’opportunités se succéder et le public y croire jusqu’à la dernière seconde, laisse un sentiment amer. Car – et rappelons que cette deuxième partie de match était digne d’éloges – encore et toujours, l’absence de réalisme face au but a empêché Hesperange d’écrire une bien belle page dans son (encore) petite histoire européenne.
Des facteurs qui pèsent lourd…
Comment expliquer cette déconvenue ? Il y a sûrement plusieurs raisons. Un nouveau staff, beaucoup de changements de joueurs, et un temps d’adaptation peut-être encore un peu trop précoce. Une inexpérience européenne qui peut jouer dans les têtes et en certains points faire déjouer. Mais aussi, on n’en doute pas, une immense pression. Car cet Hesperange, quand bien même il est tenant du titre, n’a pas été repris par Flavio Becca pour empiler les titres en BGL Ligue. Son réel dessein est de faire revivre au Grand-Duché l’ivresse de voir un club participer à des poules de compétition continentale. Et – secret de polichinelle – cette ambition se traduit par une pression de tous les instants qui peut vite se retourner contre le groupe. Ainsi, dans un climat plus serein, la décision de remplacer Geordan Dupire n’aurait jamais eu lieu. Ou peut-être que son remplaçant, Youn Czekanowicz, moins stressé, ne se serait pas fendu d’une erreur qui, finalement, a coûté assez cher.
Difficile de savoir. Ce qui est certain, c’est que l’aventure européenne s’arrête là pour Hesperange, au troisième tour de Conference League. Certes, un round de plus que les autres écuries du championnat, mais assurément pas aussi loin que le club le souhaitait. Reste maintenant à reprendre le rythme des matchs domestiques, en espérant vivre une nouvelle occasion de se rapprocher des poules l’été prochain avec, on l’espère, moins de pression et plus de certitudes.
Niederkorn, si proche de l’exploit
Après un premier tour bien géré, Niederkorn se retrouvait face à une sacrée montagne en la personne du FC Midtjylland. Défait 2-0 à l’aller, le Progrès est passé proche d’écrire une des plus belles pages d’histoire du football luxembourgeois. Une prestation qui permet de croire en un futur doré, tout en espérant que certaines leçons seront retenues. Encourageant.
Qu’ils sont importants, ces points pris lors des compétitions européennes ! Chaque match, chaque victoire et chaque nul sont des moments rares à l’échelle du football luxembourgeois, mais aussi des alliés précieux dans la lutte pour les divers coefficients UEFA. Niederkorn en est le parfait exemple puisque, après plusieurs années sans connaître l’Europe, le Progrès l’a retrouvée, auréolé de ce statut précieux de tête de série.
Une qualification sans le beau jeu…
Un avantage non négligeable que le club luxembourgeois a fait respecter au premier tour contre Gjilani. Et qu’on se le dise, à Pristina, tout n’a pas toujours été simple pour le favori sur le papier. Après un match nul sévère à l’aller 2-2, Niederkorn se déplaçait au Kosovo pour essayer d’aller chercher sa qualification. Pourtant, ce jour-là, et malgré l’avantage numérique pendant 75 minutes, les hommes de Jeff Strasser ont souffert. Sacrément. Mais, avec une froideur digne des plus grandes écuries européennes, ils ont su faire le dos rond avant de piquer au moment où cela faisait mal. Un raid d’Antoine Mazure, une finition tranquille pour Jarmouni, et voilà le dauphin de BGL Ligue au second tour. Lors d’une conférence de presse d’après match, le technicien du Progrès avait exprimé l’opinion que ces matchs – où la meilleure équipe sur le terrain finissait perdante – étaient souvent par le passé le sort des clubs luxembourgeois, non de leurs adversaires. Comme une manière de se dire que oui, gagner en jouant mal était un signe de progression assez évident.
Un superbe jeu, et une élimination…
Cette progression, le club de Mitdjylland l’a prise en pleine face. Après l’avoir emporté logiquement à domicile, le club danois pensait vivre une soirée paisible du côté de Differdange. C’était sans compter sur Karayer et ses coéquipiers qui, ce soir-là, ont fait vaciller un ogre au budget vingt-cinq fois supérieur au leur. Avec une discipline, une envie et une justesse absolument irréprochables, Niederkorn fait vivre un cauchemar à son adversaire. Un but en première mi-temps de De Almeida, suivi d’une transversale de Karamoko. Un second pion de l’ailier après la reprise, avant une volée faramineuse de Natami qui fait croire au troisième but. Un portier en état de grâce qui repousse toutes les tentatives de visiteurs de plus en plus inquiets. Niederkorn la voit, la sent, la touche presque, avant de sortir – tête haute, sur un boulet de canon en prolongations – d’un match qui aura fait vibrer tout le public, particulièrement bouillant pour l’occasion.
Quelques leçons à retenir demeurent néanmoins derrière cette fierté et le sentiment d’avoir vu un club luxembourgeois se hisser à une hauteur rarement égalée dans le passé. Des petites choses à corriger qui, on n’en doute pas un instant, sont le fruit d’une certaine inexpérience dans ces matchs couperets où, au-delà du football déployé, il faut aussi savoir garder la tête froide. Ainsi, face à un tel adversaire, il n’est pas normal de prendre un contre si meurtrier, à dix minutes d’une séance de penalty fatidique. Cet excès d’allant, d’enthousiasme, doit être tempéré, et quand bien même le sentiment de vivre quelque chose d’historique demeure, il faut savoir garder son calme, ses esprits, et ne pas oublier l’importance du pragmatisme au football. Tout comme il faut savoir, dans ces secondes qui passent alors si vite, faire le bon choix et ne pas hésiter à se sacrifier pour l’équipe. Est-ce une vision chevaleresque de dire que Guette aurait dû ceinturer/tacler/bloquer son adversaire par tous les moyens, quitte à laisser ses partenaires à dix ? Assurément, non. Mais l’Europe passe aussi par ce vice, ces coups bas, cette méchanceté. Les clubs luxembourgeois l’ont assez vu sur leurs diverses campagnes européennes : nos adversaires n’ont aucun scrupule à l’idée de gagner moche, et il faut – car c’est bien là la réalité – s’en inspirer, pour être sur un terrain d’égalité dans ce domaine dès l’année prochaine.
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