L’entraîneur du F91 Dudelange est sacré meilleur entraîneur de BGL Ligue. Une consécration qui aboutit à une saison rondement menée, avec en récompense ultime le titre de champion de Luxembourg. Entretien avec un coach fier, atypique et ambitieux.
Le joueur Fangueiro aurait-il aimé l’entraîneur Fangueiro ?
C’est peut-être la question la plus difficile. Je pense, oui. Parce que quand j’étais joueur, j’étais toujours attentif à la manière de gérer nos propres émotions, à ce qui se passait sur le terrain, l’exigence nécessaire, et à pourquoi faire ceci ou cela. J’avais en tête, à la fin de ma carrière de joueur, de devenir entraîneur de football pour continuer à vivre de ma passion. J’aime entrer dans la tête des joueurs, je valorise cela, et le retour que j’ai de leur part est très positif, donc je pense que oui, j’aurais aimé l’entraîneur Fangueiro.
Que signifierait pour vous remporter le trophée de meilleur entraîneur de BGL Ligue ?
C’est quelque chose de spécial, un peu comme la cerise sur le gâteau. Après deux superbes saisons, on bosse toujours pour devenir les meilleurs et c’est ce que je demande à tous mes joueurs. L’exigence individuelle et l’engagement par rapport au métier que l’on exerce font que si l’on arrive à avoir un trophée comme celui-ci à la fin, c’est, comme je l’ai dit, la cerise sur le gâteau.
Être choisi par ses pairs et par les capitaines de BGL Ligue, entre autres, est-ce une reconnaissance qui vous flatte ?
Je pense que tout le monde sait qu’on travaille dans la difficulté. Il y a eu beaucoup de changements dans le club ces dernières années et on a perdu un pouvoir financier énorme. Mais face à cette difficulté, on a réussi à faire un superbe travail avec des résultats sur le terrain. La manière de jouer, l’exigence des joueurs… On a créé une famille ici. En regroupant tout cela, on a réussi à faire quelque chose de grand.
En quoi êtes-vous un meilleur entraîneur qu’auparavant ?
Coacher au Luxembourg nous donne un bagage énorme. Sur le terrain, mais aussi en dehors. Chaque année qui passe, je sens que je suis meilleur. Je suis plus mature, j’arrive un peu mieux à gérer mes émotions, chose qui était parfois difficile pour moi.
Un peu comme votre F91 par rapport à la saison dernière, vous dites avoir gagné en maturité ; comment le ressentez-vous ?
J’ai surtout senti cela lors du dernier tiers du championnat. Je suis une personne très émotive et cela m’a amené à faire certains gestes qui n’étaient pas les bons. En fin de saison, j’ai trouvé que c’était beaucoup mieux. J’ai même reçu des félicitations d’arbitres pour mon comportement. Ça me rend heureux parce que c’est aussi la preuve que mon caractère s’améliore.
Ces émotions qui vous ont poussé à aller parfois trop loin, les regrettez-vous ?
Il y a un moment où je suis allé très loin. À la suite de cela, j’ai rencontré le conseil d’administration et je leur ai avoué mes erreurs en sachant que j’avais vraiment exagéré. C’était à Differdange, en début de saison, et j’avais écopé de cinq matchs de suspension. Si j’en avais eu dix, je l’aurais accepté. J’ai eu honte de moi-même et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à vraiment m’améliorer.
La possibilité de participer à la coupe d’Europe et de passer plusieurs tours pour espérer une éventuelle qualification en phase de groupes est-elle une motivation de plus qui vous a fait prolonger au F91 ?
À partir du moment où j’ai démarré mon aventure de coach à Pétange, j’ai toujours voulu jouer le titre. Quand je suis arrivé à Dudelange, cela a été la même chose. J’ai énormément confiance en mon staff, en la manière dont nous travaillons, et en la qualité des joueurs que j’ai à ma disposition. Le fait de pouvoir jouer la Ligue des champions, c’est quelque chose de fantastique. Grâce au travail qu’on fait ici, j’ai eu beaucoup de propositions, et cela me rend heureux, mais la coupe d’Europe a forcément pesé dans la balance.
À terme, devenir entraîneur professionnel est-il un objectif pour vous ?
Oui, et ce ici même au Luxembourg. Pour l’instant, je travaille au moins quarante heures par semaine, ce qui nécessite une grande exigence. Je sors à 17 h du boulot et j’arrive directement au centre d’entraînement. Tout est déjà organisé par mon staff qui m’aide énormément, mais c’est stressant. J’étais aussi chargé de la coordination des jeunes cette année, donc c’était beaucoup de responsabilités. À un moment de la saison, je me suis senti vraiment fatigué. J’aimerais donc me focaliser à 100 % sur le football. Cela me permettrait de m’améliorer.
J’ai eu des contacts en deuxième division portugaise, mais pour moi ce n’était pas le moment de partir. J’ai un rêve, c’est d’être entraîneur d’un club de haut niveau avec un beau projet, et même si ce n’est pas facile, je vais tout faire pour le réaliser. À l’heure actuelle, je suis dans un pays où je me sens très bien, avec des personnes que j’apprécie. Et si je n’arrive pas à atteindre ce rêve, je serai content d’être venu au Luxembourg.
Voir vos joueurs partir vers le monde professionnel, cela vous procure-t-il une satisfaction supplémentaire ?
Oui, véritablement. Pouvoir participer au développement d’un joueur et le voir signer dans un club professionnel dans un pays comme la France, cela me rend heureux. Ça prouve que le travail qu’on a effectué avec le staff et toute l’équipe a de la valeur. En plus de cela, si le club réussit à avoir une contrepartie financière, c’est beau. Aujourd’hui, le football devient aussi du business, même au Luxembourg. Si tout le monde peut en sortir gagnant, alors je serai fier.
Mental Médias SARL
15 Rue Emile Mark
L-4620 Differdange LUXEMBOURG
m : moien@mental.lu