Figure emblématique du cyclisme féminin luxembourgeois avec 12 titres nationaux en cyclo-cross et sur route, 17 en contre-la-montre et un titre mondial par équipes en 2016, Christine Majerus s’apprête à donner ses derniers coups de pédales dans le peloton professionnel. La championne évoque pour nous ses souvenirs et ses objectifs d’une saison 2024 synonyme de clap de fin après 16 années de bons et loyaux services.
Comment vis-tu émotionnellement l’approche de ta dernière saison en tant que cycliste professionnelle ?
Effectivement, j’arrive au bout d’une carrière bien remplie. J’en suis très fière et je n’ai que peu de regrets. Je pense que c’est cela qui va me permettre de profiter à fond de cette dernière année. J’ai l’esprit libre et l’impression d’avoir fait du bon boulot durant toutes ces années. Pour autant, ce n’est en aucun cas une année d’au revoir pour moi, je reste toujours sérieuse et concentrée sur ce que je dois faire.
Ton principal objectif personnel cette saison est de participer aux Jeux Olympiques de Paris. Comment cette ambition influence-t-elle ta préparation au quotidien ?
C’est très clairement le but de ma saison. C’est un circuit que je connais et que j’apprécie. Je ne veux pas y aller pour faire de la figuration mais bien pour y faire un résultat. Dans cette optique, je me concentre dans un premier temps à être performante sur l’ensemble des classiques du printemps car ce sont les profils de courses qui se rapprochent le plus du circuit proposé à Paris. En ce qui concerne la suite de ma préparation, je ferai quelques ajustements après mon bloc de compétitions du printemps. J’ai prévu de partir plus souvent à la montagne, chose qui m’a été rendu impossible l’an dernier à cause de ma mononucléose.
Ton exercice 2024 est déjà bien entamé. Quels enseignements tires-tu des courses déjà effectuées ?
2024 n’a pas très bien commencé avec mon infection Covid. J’ai mis presque un mois avant de me sentir mieux et à pouvoir enchaîner les séances. Mais depuis je suis très satisfaite de la tournure de mon début de saison. J’ai effectué ma rentrée lors d’une course à étapes en Espagne plutôt typée grimpeur et je m’en suis très bien sortie. Ma reprise en Belgique les dernières semaines a été également très satisfaisante. J’ai fait des courses offensives et l’équipe se montre très contente de mes performances.
Lors de ta confrontation au championnat national avec ta coéquipière Marie Schreiber, tu avais souligné sa progression. Comment perçois-tu l’évolution des jeunes talents au Luxembourg et leur impact sur le cyclisme national ?
Marie est parmi les meilleures au monde en cyclo-cross. Nina a également fait de grands progrès l’an dernier sur route et il y a aussi Liv qui frappe à la porte pour les prochaines saisons. Le pays n’a pas à se plaindre du cyclisme féminin en ce moment. Elles font la démonstration que le cyclisme féminin a de l’avenir aussi auprès des générations futures.
Avec le recul, quelles ont été les plus grandes évolutions dans le cyclisme féminin que tu as observées au cours de ta carrière ?
Je pense que j’ai un peu tout vu depuis mes débuts. C’est une perspective de carrière aujourd’hui pour les jeunes filles alors qu’à l’époque ce n’était que du « sport ». Cela n’avait rien à voir avec un métier. Il y a eu pas mal de coups de gueule car on a souvent eu l’impression de ne pas être prises au sérieux. Au final, quand je vois la facilité qu’a la dernière génération de coureurs à pouvoir juste se concentrer sur l’aspect sportif, à être reconnues comme athlètes professionnelles et à pouvoir en vivre, je suis contente d’avoir pu faire partie de celles qui ont osé donner, de temps en temps, un coup de pied dans la fourmilière. La médiatisation a été, et sera encore dans le futur, la clé vers cette professionnalisation.
Au-delà des Jeux Olympiques, as-tu envisagé comment tu souhaiterais contribuer au cyclisme, après ta retraite sportive ?
Je ne peux pas trop en dire plus pour le moment mais j’ai des idées et des touches dans le sport. Il n’y a encore rien d’officiel donc je ne vais pas plus me prononcer sur le sujet. Bien évidemment, j’espère rester d’une façon ou d’une autre dans le sport. Ma priorité sera surtout de passer plus de temps à la maison et il faudra que mon futur travail coche cette exigence.
Christophe Borel
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