Il suffit d’une fraction de secondes pour que le destin bascule. C’est ce qui est arrivé le 28 avril dernier à Claire Faber (22 ans), sur la N31 entre Esch-sur-Alzette et Kayl. Percutée par un automobiliste, la jeune cycliste de l’équipe Andy Schleck – CP NVST – Immo Losch est grièvement blessée, et doit probablement son salut à son casque. A quelques jours du départ du Festival Elsy Jacobs pour lequel elle se préparait, Claire Faber se retrouve finalement à l’hôpital, et doit déplorer de nombreuses blessures.: « J’avais huit os de cassés, la clavicule, la maxillaire, trois côtes cassées, et au niveau des vertèbres j’avais des petits os de cassés… » énumère la cycliste.
L’accident, le choc, elle n’en conserve aucun souvenir, c’est le trou noir complet, un phénomène courant ce genre d’accident violent: « Je ne peux pas me souvenir de toute cette journée, ça ne me revient pas du tout en tête ». Et forcément après une frayeur pareille, Claire Faber voit désormais les choses sous un tout autre angle, et avec philosophie: « Après un tel accident on voit la vie d’une autre façon. Même si c’était un accident, je vois cela comme une chance, j’essaye de ne pas penser au côté négatif. Quand je parle de cela, bien sûr j’avais beaucoup de blessures, mais je vois la vie différemment ».
Si elle n’a jamais craint de ne plus pouvoir remonter sur un vélo, Claire Faber a d’emblée espérer pouvoir se remettre sur pied rapidement: « J’ai eu peur au début car les docteurs m’avaient dit que je devais attendre six mois afin de guérir à 100% ». Mais finalement grâce à sa bonne condition physique, Claire Faber va déjouer les pronostics initiaux: « Je pense que le corps des sportifs sait comment gérer l’effort, et guérir d’une blessure c’est un aussi un effort afin que tout se remette en ordre. Donc au final j’étais sur le vélo plus tôt que je ne le pensais ».
Faire évoluer les mentalités
La convalescence de Claire Faber se passe donc comme sur des roulettes, et la cycliste a pu déjà remonter sur un vélo. L’automobiliste impliqué dans l’accident a lui tenté de faire amende honorable, mais la cycliste veut tourner la page: « Il a appelé quelques fois à la maison, mais je ne veux pas de contact, je pense que c’est de l’énergie négative et je veux éviter tout cela ». Cet accident de la route a en tout cas une nouvelle fois remis le débat concernant la sécurité des cyclistes au centre des discussions. Pour Claire Faber, ce n’est pas au niveau institutionnel ou des infrastructures que se situe le problème, mais bien au niveau du comportement des usagés de la route, automobilistes notamment: « C’est la mentalité des gens qui doivent changer, tout le monde doit se montrer plus tolérant. C’est incroyable l’ignorance et l’arrogance des automobilistes envers les cyclistes sur la route, et c’est vraiment un problème. Il doit y avoir un respect mutuel et ça fera beaucoup plus d’effet que d’investir des millions dans l’infrastructure des routes ».
Sans amertume malgré cet épisode douloureux, Claire Faber souhaite que le partage de la route se fasse sous le signe du bon sens: « Il faut que ce soit moins dangereux sur les routes. J’espère que des accidents comme j’ai eu vont servir à ouvrir les yeux aux automobilistes, c’est quand même assez grave. Je trouve cela triste qu’on attende qu’un accident comme le mien arrive pour que l’on parle de la sécurité routière. Cela doit être un thème dans les médias toute l’année pas seulement lorsqu’il y a un accident ».
Durant les heures qui ont suivi la nouvelle de son accident, les témoignages de soutien envers la cycliste ont afflué de partout. Elle-même fut la première étonnée de recevoir autant de message d’affection: « J’en ai reçu beaucoup de la part des gens du cyclisme luxembourgeois, mais comme c’est arrivé quelques jours avant le festival Elsy Jacobs, on en a beaucoup parlé sur la course. Et il y a des cyclistes internationales qui étaient sur le festival qui m’ont écrit. J’étais surprise de tout ce support, et que tellement de gens aient été touché par mon accident. C’est quand même un grand problème dans le monde du cyclisme ce genre d’évènement et ça provoque des discussions forcément ».
Après des vacances passées à sillonner à vélo quelques régions des Balkans, la Slovénie, la Bosnie, et a même pu participer à sa première course seulement 97 jours après son accident, au Gran Fondo ITT de Sarajevo avec une victoire à la clé devant la Slovène Laura Simenc, ainsi que Nina Berton. Un exercice du contre-la-montre qui lui sied donc toujours autant et dans lequel elle peut faire parler ses qualités de rouleuse. Et cinq moins après son accident, Claire Faber a deux grands événements dans le viseur lors des semaines à venir, les championnats d’Europe du côté de Trento en Italie, et les championnats du monde en Flandre autour de Bruges: « Je vais faire le 10 septembre le contre-la-montre des championnats d’Europe, et après j’espère pouvoir faire le contre-la-montre des championnats du monde. Pour le reste je ne me fais pas de stress, je m’entraîne et je suis tellement contente de pouvoir faire des courses, et avoir retrouvé un niveau correct malgré la gravité de mes blessures il y a quelques mois. Tout va bien je suis satisfaite ».
De la à parler de revanche après une année 2021 qui marquera quoi qu’il arrive un tournant dans sa vie? « Oui, je pense que l’on peut dire ça ». A seulement 22 ans, Claire Faber montre en tout cas une impressionnante force de caractère et un mental capable de surmonter bien des obstacles. Des atouts et une histoire personnelle dans lesquels elle puisera sans doute afin d’aller de tirer le maximum de tout son potentiel sur un vélo.
Mental Médias SARL
15 Rue Emile Mark
L-4620 Differdange LUXEMBOURG
m : moien@mental.lu