Clément Couturier : « Être champion dès cette année »

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Après une expérience particulièrement réussie du côté du F91, Clément Couturier est de retour en BGL Ligue, cette fois-ci sous les couleurs du Swift Hesperange. Le milieu s'est confié à Mental! sur ce retour au Luxembourg, ses ambitions toujours pas rassasiées et sa vision de la BGL Ligue. Entretien.

Comment évalues-tu ton retour en BGL Ligue jusque maintenant ?

C’était un retour un peu dans l’inconnu. Quand bien même je connaissais beaucoup de joueurs et le staff, il y avait beaucoup de changements, donc je ne savais nécessairement à quoi m’attendre. Mais je suis satisfait de mon retour. On a eu un petit faux pas contre Pétange pour trois victoires. C’est sûr qu’on a pas été l’équipe qui a fait la plus forte impression dans le jeu, mais il fallait s’y attendre avec beaucoup de nouveaux joueurs, un nouvel entraîneur et un groupe à souder. Ça n’est pas forcément simple, et j’estime que l’on va monter en puissance.
À titre personnel, j’ai pu enchaîner les matchs sans problème physique ce qui est déjà une bonne chose. Je n’étais peut-être pas encore à 100% sur mes premières rencontres, et je pense que ça va aller en s’améliorant et que je vais retrouver mes meilleures sensations. Je me sens aussi de mieux en mieux dans l’équipe. J’ai commencé les deux premiers matchs au milieu de terrain dans l’axe, avant de jouer les deux derniers à gauche où je me suis senti encore mieux. Évidemment, je suis disponible pour le coach pour jouer à n’importe quelle position, mais c’est vrai qu’à gauche, c’est là où j’ai été le plus performant avec Dudelange et Virton.

Après deux années très compliquées, entre Virton, aventure impeccable sur le plan sportif mais catastrophique financièrement et ta non-arrivée en Roumanie, tu avais fini par te poser en Corse à Bastia-Borgo, où les choses semblaient bien se passer. Pourquoi ne pas avoir prolongé la-bas ?

Après Virton, j’ai galéré sincèrement. J’avais peut-être des attentes un peu trop élevées par rapport à la situation Covid, ce qui compliquait les choses. Je suis resté quasiment six mois sans club, ce qui est très compliqué à gérer. J’étais sur une vraie pente ascendante dans ma carrière, et c’était un sacré coup d’arrêt. J’ai pris la décision de retourner en National à Bastia-Borgo où cela s’est plutôt bien passé pour moi. J’ai retrouvé la sensation des terrains et j’ai pu jouer dans des bonnes conditions. La Corse, on peut difficilement faire mieux… Mais si je dois être honnête, je pense que cela a été une erreur de revenir en National. C’est un bon championnat, mais au vu de ce à quoi j’aspirais avant toute cette période difficile, la troisième division c’était peut-être un peu trop bas. Cela reste des choix que j’ai pris, et il ne faut rien regretter, et j’ai été heureux là-bas.

Qu’est ce qui t'a poussé à revenir ici, au Swift ?

Le Swift aujourd'hui, même si je n’avais jamais vraiment joué ici, on sait tous que c’est une sorte de « Dudelange amélioré » (rires) ! J’ai toujours eu des bons rapports avec les dirigeants, et ils ne faisaient que de m’appeler. Ma compagne étant enceinte, je voulais quelque chose de stable, où je connaissais les gens et où j’allais me sentir bien, avec une situation géographique plus simple. Mon choix a été dicté par ces motivations là et les ambitions sportives.

Est-ce que tu as eu des contacts avec d’autres clubs au Luxembourg ?

J’ai parlé essentiellement avec le Swift car je savais que si je retournais en BGL Ligue ça serait dans ce club. Mais si j’avais poussé, je suis sûr que j’aurais eu d’autres possibilités ici.

Tu as dit dans quelques interviews que la direction avait été importante dans ton choix. Mais paradoxalement, retourner dans un club où Flavio Becca joue un rôle important, après l’expérience de Virton, n’est-ce pas un peu paradoxal ?

C’est mon avis personnel et je peux me tromper, mais je pense que le souci à Virton était que Flavio a fait confiance à des personnes malintentionnées pour gérer le club. Lui était vraiment en retrait, et n’était pas directement attelé à la tâche. Ce sont ceux au club qui ont fait ce qu’ils ont fait… Je préfère garder l’image de Becca à Dudelange où ça s’est très bien passé. Ma première expérience au Luxembourg a été une vraie mise en lumière. C’est ce que je veux revivre avec Hesperange, jouer les premiers rôles en BGL Ligue et par la suite être en coupe d’Europe. En prenant en compte que la Conference League est sûrement plus accessible pour les clubs Luxembourgeois dorénavant, il y a des choses à faire. C’est pourquoi je suis revenu. Je n’ai pas envie d’être un joueur lambda. J’ai de très grosses ambitions, et Hesperange me paraissait être le plus gros projet pour s’épanouir.

Est-ce que tu t’es fixé des objectifs personnels en arrivant ici ?

C’est pas trop mon genre. Je suis plus un joueur qui brille par le collectif. Si je peux marquer dix buts et faire dix passes décisives ça serait génial évidemment, mais ça n’est pas mon objectif. Ce que je veux vraiment, c’est jouer le maximum de matchs, m’imposer dans cette équipe et devenir un cadre. C’est ça avant tout. Et sur le plan collectif on connait le projet… Etre champion, ça serait super.

Depuis le début de saison, tu es intouchable et tu le rends bien avec trois passes décisives. On a néanmoins quand même vu malgré les bons résultats quelques difficultés sur certaines rencontres, notamment face à Pétange, mais aussi contre Mondorf où la victoire a été difficile ? A quoi imputes-tu tout cela ?

Il y a énormément de nouveaux joueurs ici. L’effectif a aussi été rajeuni énormément. L’expérience que j’ai connue à Dudelange était avec beaucoup de trentenaires, beaucoup de cadres… On voit ici un grand nombre de joueurs qui ont plus une petite vingtaine, qui ont moins connu de choses et qui sortent de clubs français où ils n’ont pas forcément réussi. C’est d’autres profils de joueurs, et ça n’est pas impossible que cela prenne un peu plus de temps à se mettre en place. Au fur et à mesure des rencontres, on devrait monter en puissance. C’est sûr, on a eu certaines difficultés, on a changé de système, mais je pense qu’on va trouver la bonne formule. Mais il va vite falloir passer un cap : dès ce mois de septembre, nous avons beaucoup de grosses échéances où l’on se doit de faire bonne figure.

Vous avez un groupe très chargé : est-ce que ça n’est pas compliqué de créer une vraie cohésion, une vraie harmonie, quand beaucoup de joueurs ne foulent pas les terrains ?

Ça n’est pas simple, on le sait. C’est le choix de la direction de faire un effectif de grande quantité. C’est à nous – les joueurs cadres – de créer un esprit d’équipe afin que tout le monde se sente concerné. C’est aussi au staff de réussir cela. Evidemment, cela va être compliqué pour certains, qui risquent de ne quasiment pas jouer de l’année. Mais il faut arriver à les garder concernés, impliqués… Cela serait sûrement plus simple avec vingt joueurs, mais la situation est comme ça, et il faut en tirer le meilleur. À tout le monde de faire des efforts pour trouver la bonne carburation.

Comment décrirais-tu Vincent Hognon comme entraîneur ?

C’est un coach qui amène déjà son expérience du haut niveau, il doit avoir plus de 300 matchs en Ligue 1. C’est toujours agréable d’être entraîné par quelqu’un qui a un vécu des grandes rencontres et qui essaie de nous transmettre tout ça. C’est pas simple pour lui avec presque trente-cinq joueurs à l’entraînement de satisfaire tout le monde. On devrait vite voir sa patte, passé ces débuts pas nécessairement simples. Et sur le plan humain, c’est quelqu’un qui veut vraiment nous insuffler une confiance en nous, et un état d’esprit d’équipe, pour que cela se ressente sur le terrain.

Est-ce que tu penses qu’un résultat autre que la victoire en BGL Ligue en fin de saison serait un échec ?

Très bonne question (rires) ! J’ai envie de dire oui. On connait les ambitions de la direction, mais aussi de nous en tant que joueurs. Si je suis revenu au Swift en BGL, c’est pour être champion. On sait tous que le projet ne va pas se faire en un an, que tout peut arriver, mais les objectifs à court terme sont clairs : on veut être champion dès cette année. Est-ce qu’on y arrivera ? Le temps le dira.

Est-ce que tu vois une évolution dans le championnat aujourd’hui ?

Il y a une grosse évolution. Le championnat est plus regardé, beaucoup de joueurs arrivent à partir ensuite dans le monde professionnel. Cela permet de faire dorénavant de la BGL Ligue une belle vitrine pour les footballeurs afin de se mettre en valeur. Le championnat devient aussi de meilleure qualité. Avant j’ai l’impression que c’était un peu un endroit où l’on venait quand on avait rien d’autre car les salaires n’étaient pas mauvais. Aujourd’hui, ça n’est plus le cas, et l’image a changé. Il y a des plateformes de scouting aussi, qui permettent d’apporter plus de regard de l’étranger, et c’est une bonne chose pour tout le monde.

Les années passent, forcément. Vois-tu un changement dans ton style de jeu, ta manière de jouer ?

J’ai changé, c’est certain. Je vais bientôt avoir 28 ans, je commence à avoir une certaine expérience. Je suis dans un groupe où il y a beaucoup de jeunes, et je me dois d’apporter mon expérience en tant que joueur qui a connu le monde professionnel, une superbe aventure en Coupe d’Europe. Pour ce qui est de mon style de jeu, je m’estime plus varié qu’avant. Par le passé, je faisais ce que je devais faire et ça s’arrêtait là. Maintenant, je sais varier, apporter des choses supplémentaires, ce qui est une bonne chose. Par contre quelque chose qui n’a pas changé est que pour réussir, j’ai besoin d’avoir des objectifs très élevés. Je veux toujours aller plus haut, retrouver le monde professionnel, etc… Certains pourraient dire que c’est rêveur, mais j’ai besoin de me dire « Si t’es en BGL là, c’est pour aller en première division dans un autre championnat par la suite ». Je ne me suis pas dit que je revenais ici pour finir ma carrière. Cela pourrait arriver, mais j’ai besoin de me dire que je vais aller plus haut, plus loin. C’est ma façon de penser.

Entretien réalisé par Tendai Michot

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