International à 96 reprises, Dany Scholten (38 ans) s’est éclatéavec l’équipe nationale de handball avec qui il a disputé son dernier match en janvier 2017. C’est donc avec un certain intérêt qu’il a suivi, de loin, la double confrontation face à la Belgique. Entretien sans concession.
2022. Trois ans qu’il a tiré sa révérence. Le temps file, mais la passion et l’attrait pour le handball demeurent intacts. Une discipline que Dany Scholten a pratiquée durant une bonne trentaine d’années depuis ses débuts à l’âge de 4 ans à La Fraternelle (Esch) jusqu’au « terminus » à Berchem en mai 2022. Âgé de 38 ans, Dany Scholten – international avec les Rout Léiwen de 2005 à 2017, exclusivement sous l’égide de Adrian Stot – connaît la musique puisqu’il facture 96 sélections et 240 buts. Des chiffres démentiels. « Il eut été beau d’arriver arriver à 100, un chiffre rond. Tant pis. Mais quelle fierté d’y jouer. Une vraie plus-value dans ma vie. »
L’ancien ailier de Berchem est un spectateur avisé des matchs de championnat mais aussi un téléspectateur assidu des confrontations internationales. N’empêche, il n’a pas modifié son agenda pour assister au match aller (2e phase des qualifications pour le Championnat d’Europe 2026 organisé conjointement par le Danemark, la Norvège et la Suède) contre la Belgique au Gymnase de la Coque le 12 mars. « Je tenais, comme bénévole, la caisse à la cafétéria du club de football de Kaërjéng. » L’UNK en décousait avec Differdange (ndlr : défaite 4-0) en 1/8e de finale en Coupe de Luxembourg. Ceci explique cela ! « Après ma carrière, continuer à pratiquer une activité sportive s’imposait. » Et entre le tennis, le squash et le football, il y en a pour tous les goûts. « Je joue au football avec la troisième équipe de Käerjéng chaque vendredi. Retrouver l’odeur du vestiaire me comble de joie. J’en ai besoin. » Des baskets aux chaussures à crampons, il y a davantage qu’un simple pas à franchir. « Comparer le monde du football et celui du handball est inutile. Nous, avec la sélection luxembourgeoise, nous ne jouions jamais dans les capitales mais dans des toutes petites villes voire des villages. Après avoir pris l’avion, il fallait se taper des heures de bus », sourit Dany.
La dernière rencontre disputée par l’alerte trentenaire le fut en Italie le dimanche 15 janvier 2017, une défaite 26-24 qui lui reste en travers de la gorge. Et des déplacements, notamment dans les pays de l’Est, il en a effectués un sacré nombre. « Je garde un sentiment très, très positif de l’équipe nationale. Nous formions une véritable bande de copains et jamais il n’y a eu detensions », souligne Dany Scholten. De sa première cape en 2005 via une lettre de convocation qui débutait en ces termes : « Chers amis sportifs,… », véritablement d’un autre temps, aux quatre buts inscrits au gardien français Thierry Omeyer, en passant par la fierté de se produire (assez souvent) à la Coque où la présence de 1200 spectateurs le transcendait, les souvenirs foisonnent. « Dan Ley était le seul professionnel à cette époque ». Le « rituel » de préparation était immuable : entraînements, rassemblement et stage à l’INS, nuitées à la Coque, séances vidéos, tactique. « Le sélectionneur Stot savait innover et il n’hésitait pas adapter sa tactique. »
Même les défaites font partie intégrante de la vie d’un sportif de haut niveau. « Résultat positif ou négatif, le groupe appréciait sortir, boire un verre après un match. » Sans excès mais avec la folle envie de décompresser. Deux souvenirs sont ancrés dans sa mémoire. « En Roumanie, nous avions mis la note du bar sur la chambre de Dominique Gradoux (ndlr : directeur technique national). Lors du check-out du lendemain, il était furieux. Il l’a été tout au long du voyage. En Tchéquie, on nous avait renseigné un café distant de 20 km de là où nous logions. Sur place, hormis la serveuse et deux personnes endormies, imbibées d’alcool, il n’y avait que nous. Je m’étais occupé du juxe-box : il y avait de tout comme musique. On a bu des bières. Nous avons aussi payé deux… cafés : on se demande qui les a commandés ? » Des moments uniques, chouettes, forts mais aussi des épisodes plus difficiles à vivre. « À Oradea en Roumanie, l’extra-sportif avait choqué. » Très loin du confort grand-ducal, « la réalité a fait mal. Nous avons vu des enfants abrités sous des tentes. Il faisait moins 5 degrés. Ils se réchauffaient comme ils le pouvaient. On peut dire ce que l’on veut : le mode de vie et la mentalité diffèrent dans les pays slaves. »
Battu assez largement 22-32 à domicile par son voisin la Belgique (29e au ranking mondial) qui l’a surclassé au niveau de la puissance dans le secteur défensif et offensif, le Grand-Duché de Luxembourg (34e) a pris sa revanche en s’imposant 27-24 quatre jours plus tard à Hasselt. Classés à la 4e place du groupe 5 (qualification pour le Championnat d’Europe 2026) derrière la Croatie, la République Tchèque et la Belgique, les Luxembourgeois mesurent toutefois le chemin à parcourir pour offrir, de manière régulière, une opposition de qualité à un/des adversaire(s) n’émargeant pas au « gratin » du handball. « Il ne faut pas rêver de battre les Tchèques. Les joueurs belges qui tiennent un rôle en vue dans leurs clubs respectifs à l’étranger (ndlr : beaucoup en Pro League, soit la 2e division française) sont davantage et mieux préparés à ces joutes internationales. » Neuf internationaux du groupe de Maik Handschke évoluent en dehors du pays. « Au risque de choquer, je ne décèle aucune progression depuis 2017. Le niveau de la 3e division allemande est comparable à celui de Berchem. Tu ne peux pas progresser. » Le constat est sévère.
639 spectateurs ont été recensés à la Coque pour le duel face aux Belges. La concurrence de la Ligue des Champions, de la Coupe de Luxembourg et les deux derniers résultats (défaites 25-35 contre la Croatie et 23-17 en République Tchèque) n’expliquent pas tout. « La fédération ne sait pas vendre le produit handball. Je n’ai pas peur de le dire. Des nations comme les Îles Féroé, la Grèce, la Géorgie, l’Italie et d’autres travaillent nettement mieux. Elles ont pris le bon chemin. En utilisant les réseaux sociaux comme TikTok pour attirer la jeune classe vers la découverte d’un sport où il y a de l’action, la fédération italienne semble l’exemple à suivre. » Un autre constat a trait à l’affrontement entre les Îles Féroé et les Pays-Bas (32-32). « Il y avait plus de 3000 personnes. C’est extraordinaire. Nous, on a joué devant… 100 personnes aux Féroé. »
Le Luxembourg pointe à une modeste 34e place au ranking européen. Le constat de l’ancien international Scholten est cinglant et sans appel : « On ne progresse pas depuis des années. Il faut relancer le hand au pays ! L’Italie (20e), les Îles Féroé (21e), la Grèce (22e), la Géorgie (26e) et la Belgique (29e) pour ne citer qu’eux, sont devant nous. Ils trouvent la voie. Nous ambitionnons d’être dans le top 24 pour participer au Championnat d’Europe et nous sommes 34e. Quand je jouais, nous étions 28e et il fallait faire mieux. Je ne vois aucune amélioration, aucune stratégie mise en place depuis 2017. La fédération doit fonctionner comme une entreprise et ce n’est pas le cas. Pourtant, avec deux connaissances, nous avions préparé un workshop… qui n’a rien donné. Nous n’avons pas été suivis. »
Prochains matchs : les 7 et 11 mai contre la République Tchèque et en Croatie
Vincent Lommel
Mental Médias SARL
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