David Vandenbroeck : « Un goût de trop peu »

9 minutes
David Vandenbroeck
Albert Krier

Après une saison passée cauchemardesque, Wiltz n’a pas réussi son entame de saison. Pour son entraîneur David Vandenbroeck, au-delà des qualités intrinsèques de son effectif manque clairement un atout clé : le dépassement de soi.

On peut, on l’imagine, parler d’un début de saison difficile au sein du FC Wiltz. Comment vous l’expliquez-vous ?

On espérait tous avoir plus de points à ce moment de la saison et travailler dans une atmosphère plus sereine. On n’a pas trop mal entamé le début de saison, avec un nul à Kaerjeng qui prend pas mal de points, et qui était encore sur la lancée de la saison dernière. On gagne contre Rosport. Et à partir de là, on fait un bon match contre Mondercange que l’on doit gagner. Le résultat ne reflète pas la physionomie du match, dans lequel leur gardien a été proche d’être infranchissable ce jour-là. Et ensuite, on est sur les deux matchs suivants passés complètement au travers à chaque fois pendant au moins quarante-cinq minutes. Il y a à chaque fois eu une mi-temps où on n’a carrément pas joué, où on s’est fait enfoncer et dominer. Cela encore aujourd’hui, j’ai du mal à me l’expliquer. J’ai toujours été un joueur très compétiteur, et je donnais toujours tout. Est-ce que c’est ce qui manque ? Est-ce qu’on se repose sur nos lauriers après un 4/6 et une bonne rencontre contre Mondercange ? Est-ce qu’on s’est dit « ça va rouler » ? C’est justement ce que j’essaye de faire comprendre à mes joueurs cette semaine-ci où on a du remettre un tour de vis. Si on se présente sur un terrain et qu’à la fin de la rencontre on se dit « Ah c’est pas grave, ça ira mieux la semaine prochaine », c’est le début des problèmes. A un moment donné, c’est aussi savoir se faire mal, aller au bout des efforts, et tout donner à tous les instants. Si cela tient cinquante minutes, c’est comme ça. Si cela tient soixante-dix minutes, c’est comme ça. Et si c’est tout le match, alors c’est génial.

« Il faut se faire mal, pour ses coéquipiers, et ne pas penser à sa petite personne mais bien au collectif »

On parle donc d’une faillite plus mentale que technique ou tactique…

Je pense que c’est avant tout un état d’esprit défaillant. Je reste persuadé que l’équipe qu’on a constitué cette saison avec des jeunes joueurs, d’autres qui ne connaissent pas la BGL a énormément de qualités. Je pourrais vous inviter à nos séances d’entraînement, il y a le rythme, l’intensité, l’efficacité et la rigueur. C’est pour cela que je ne m’explique pas la raison pour laquelle on arrive le week-end et qu’à un moment donné, quelque chose ne fonctionne plus. Encore une fois, la qualité est là, je crois en mes garçons, j’ai confiance en eux, et ils doivent maintenant réussir à retranscrire ce qu’ils font à l’entraînement. Et pour cela, il va falloir pour une grande partie d’entre eux réussir à amener sur le terrain un véritable état d’esprit avant même de parler de qualités footballistiques.

Est-ce l’inquiétude qui prédomine ? L’espoir ? La détermination ?

C’est assez compliqué. Il y a toujours une certaine pression. En ratant notre début de saison, car c’est le cas, on se met automatiquement dans une situation où on a de la pression. L’équipe en a, mais le staff aussi en tant que capitaine du bateau. Notre objectif est clair depuis le début : se maintenir le plus rapidement possible. Mais pour le faire, il faut prendre les points le plus vite possible. Si on prend le match contre Niederkorn, à partir du moment où vous tenez le match nul quasi en poche, vous ne pouvez pas encaisser sur une phase arrêtée lors de la dernière minute de match. Ce n’est pas possible. C’est ce genre de points qu’il faut savoir aller chercher au caractère. Malheureusement, à la fin de la rencontre, je vois la plupart de mes garçons au sol, déçus. Mais… être déçus en ayant tout donné, j’ai aucun souci avec ça. Mais là, j’avais un goût de trop peu. Il faut se faire mal, pour ses coéquipiers, et ne pas penser à sa petite personne mais bien au collectif. Force est de constater qu’aujourd’hui, on travaille sous une forme de pression. Dire le contraire serait être aveugle vis-à-vis de la situation.

Les résultats très compliqués de la saison passée sont-ils encore dans toutes les têtes et jouent-ils dans les difficultés du moment ?

La saison passée a laissé énormément de traces, on ne va pas se le cacher. Au sein des supporters, des comités et du staff, cela marque. Lorsque l’on perd un match, on peut se dire « On a raté ci, les faits de jeu où l’arbitrage nous a désavantagé « . Mais à un moment, vous avez la sensation que tout va contre vous. Si je prends le match contre Niederkorn, il y a une phase où un défenseur adverse arrête le ballon de la main, mais l’arbitre ne le voit pas. La même chose se reproduit contre la Jeunesse, où un joueur adverse met un coup sur un de mes joueurs, et les images montrent bien qu’il lui écrase la main. A un moment donné, le sentiment d’être floué commence à prendre une grande place. Mais ce ne peut pas être que des faits de jeu défavorables. Il faut savoir forcer sa chance. Si un ballon tombe dans les seize mètres, c’est à nous d’y être. Après, évidemment que les fantômes de la saison dernière reviennent facilement. Vous perdez un match, puis deux, et le sentiment de ne pas pouvoir s’en sortir revient. J’attends aussi de certains de nos joueurs, qui sont des tauliers, de réussir à recréer cette spirale positive, et de porter le groupe. On doit enlever les doutes de nos têtes. On doit aller de l’avant, et ne pas commettre les mêmes erreurs que l’année passée.

« Si les résultats ne sont pas là, si on continue ainsi, je trouverais cela logique que le club commence à réfléchir à une autre option »

Il y a eu énormément de mouvements cet été au sein du club. Est-ce que les résultats peuvent aussi s’expliquer par un certain manque d’automatismes ?

Dire aujourd’hui que les joueurs peuvent déjà se trouver les yeux fermés, ce serait prétentieux. La préparation a aussi été assez compliqué, entre les blessures et autres aléas. On n’a pas forcément eu le temps de travailler tout ce qu’on voulait. Les automatismes évidemment ne sont pas à 100%. Mais je pense que l’équipe ne développe pas à l’heure actuelle le potentiel que l’on espérait à ce moment de la saison. Sinon, on se retrouverait avec plus de points, tout simplement. Enfin, on a essuyé beaucoup de départs importants, avec Osmanovic, Ibrahimovic, Cornet… À eux trois, ils ont représenté énormément des passes et buts de la saison passée.  Il va falloir réussir à compenser avec les nouvelles arrivées, et en effet, tout le monde ne se connait pas parfaitement. Mais je maintiens que tout le groupe doit arriver maintenant à jouer les uns pour les autres. On ne peut pas se dire « Ca va, on a le temps de travailler ». Il faut agir, et prouver, maintenant. L’an dernier, beaucoup de gens venaient me voir après les matchs et me disaient « C’est pas grave, vous avez une bonne équipe, ça va le faire ». Mais cela, ça n’apporte rien. Je veux aider ce groupe, l’aiguiller à travailler correctement, avec des analyses, des entraînements, mais il faut aussi plus de points pour pouvoir travailler plus sereinement, et se concentrer plus sur nous, et pas nos adversaires.

Le match de ce week-end, face à Hostert, ne devient-il pas alors le match test pour savoir si les joueurs ont compris, et que la réaction est en marche ?

On a beaucoup travaillé cette semaine. On a parlé, on a transmis le message, quand bien même sous pression. Donc forcément, ce match à Hostert revêt la forme de test. On sait tous qu’aller jouer là-bas est toujours extrêmement difficile. On va se retrouver avec un adversaire en face qui a du ballon, mais qui aussi et surtout, donne tout sur la pelouse. C’est toujours un combat chez eux. L’un dans l’autre, ce match-ci tombe peut-être au moment opportun. Au moment où je demande à mes joueurs, avant d’être des footballeurs, d’être des guerriers. De poser une mentalité et un caractère sur le terrain. Les qualités footballistiques, ils les ont. Mais on ne peut pas se reposer sur ses lauriers, en particulier dans une compétition collective. C’est un match capital pour nous. Il pourrait nous permettre de nous relancer, et, au vu des autres rencontres ce week-end, de remonter au classement dans une position plus confortable pour travailler. On peut mettre Hostert à six points, et on peut le faire, si on y met tous les ingrédients.

Dans ce contexte, est-ce que vous ressentez une forme de pression sur votre poste à la suite des résultats récents ?

Bien sûr. Et c’est tout à fait logique. On a eu des discussions cette semaine avec le comité et le président. Le rendement de l’équipe et le nombre de points ne sont tout simplement pas suffisants. J’ai clairement de la pression sur mes épaules, mais cela fait partie du sport. L’an dernier, nous avions prôné l’union sacrée, mais on ne peut pas répéter cela chaque saison. Il n’y a plus moyen de se cacher. Si les résultats ne sont pas là, si on continue ainsi, je trouverais cela logique que le club commence à réfléchir à une autre option. Tout le staff, ainsi que les joueurs vivent avec cette pression. 

admin

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