Il y a des fins plus tristes et amères que d’autres… Le 24 mars dernier, la Turquie joue la demi-finale de barrage pour la Coupe du monde face au Portugal. Sur la pelouse de Porto, on joue la 65e minute et Burak Yilmaz a le penalty de l’égalisation au bout du pied. Quelques minutes plus tôt, il a déjà réduit le score, les Portugais ne mènent plus que 2-1. Autant dire que le Kral a l’occasion de devenir le héros de tout un peuple… Mais il rate sa frappe. À la 94e, Nunes enterre les derniers espoirs turcs, le Portugal l’emporte 3-1, Yilmaz et les siens ne verront pas la Coupe du monde. Dans la foulée, l’attaquant de 36 ans annonce sa retraite internationale en déclarant : « Je pense que je vais me réveiller toutes les nuits jusqu’au bout de ma vie en imaginant que je marque ce penalty »… Le compteur s’arrête donc à 77 sélections et 31 buts pour le colosse d’Antalya.
Ünal, le successeur naturel
La question que tout le monde se pose alors : qui prendra le leadership de l’attaque turque ? La piste la plus naturelle et évidente mène à Enes Ünal. L’attaquant de 25 ans de Getafe sort de la meilleure saison de sa carrière avec Getafe, en Liga, avec 16 buts inscrits en 37 matchs dont certains comptent double, comme celui inscrit le 2 janvier, qui permet à son équipe de battre le Real Madrid et d’infliger au futur champion sa deuxième défaite de la saison seulement à ce moment-là. Au terme du championnat et au moment de faire les comptes, l’activité et le rendement d’Enes Ünal ont indéniablement contribué à la survie du club en Liga, qui a obtenu son maintien grâce à sa 15e place. Surtout, l’attaquant turc se frotte au haut niveau depuis un moment maintenant : arrivé en Espagne à 20 ans, à Levante en provenance du FC Twente, il a ensuite joué à Villarreal avant de faire deux saisons à Valladolid, puis a rejoint Getafe en 2020. Ses stats ont un moment stagné entre 4 et 8 buts, jusqu’à cette saison où il semble enfin donner la pleine mesure de ses moyens. S’il n’en est aujourd’hui qu’à 2 buts en 24 sélections avec l’équipe nationale, le vide laissé par le départ de Yilmaz pourrait être le bon déclic pour s’affirmer enfin.
Bozok, la confirmation
Mais outre Ünal, un autre nom risque de revenir régulièrement dans la bouche du sélectionneur allemand Stefan Kuntz : celui d’Umut Bozok. Le natif de Saint-Avold a été appelé pour la première fois pour le match amical contre l’Italie, juste après l’élimination contre le Portugal, même si ce dernier n’est pas entré en jeu et n’a donc pas encore connu sa première sélection. Mais à 25 ans, celui qui a eu du mal à s’imposer à Lorient, qui l’a prêté avec option d’achat à Kasimpasa, vient de terminer meilleur buteur du championnat turc, devant Mario Balotelli, avec 20 buts. Le potentiel du Lorrain ne date pas d’aujourd’hui : il finit meilleur buteur en National avec Marseille Consolat en 2016-2017 avec 17 réalisations, avant de récidiver l’année suivante en ligue 2 sous les couleurs de Nîmes en claquant 25 buts. Mais après ce passage frustrant à Lorient, il brille enfin dans une première division. Et cela n’échappe pas au sélectionneur, qui vient de le rappeler pour la Ligue des nations. Bozok a, pour de bon, une carte à jouer avec l’équipe nationale.
La flèche Ünder en soutien
On ne peut pas vraiment le citer parmi les attaquants, mais les deux premiers évoqués pourront compter sur le soutien et les galettes de la flèche Cengiz Ünder. L’ailier marseillais a réalisé une bonne saison avec son club en disputant 37 matchs, en inscrivant 13 buts et en délivrant 5 passes décisives. En sélection, il a inscrit 3 buts, dont un magnifique contre le Monténégro en phase de qualification pour la Coupe du monde, et a délivré 4 passes décisives. Il s’installe de plus en plus dans le milieu de terrain turc et gagne la confiance de Stefan Kuntz.
Après le départ du roc Yilmaz, le réservoir n’est pas inépuisable sur le front de l’attaque turque, mais avec Ünal, Bozok, et Ünder sur l’aile, la relève peut malgré tout assurer et se mettre à briller, surtout si cette nouvelle génération prend ses responsabilités, comme l’en a exhorté le néo-retraité au moment de tirer sa révérence dans les vestiaires de Porto.
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