Si dans les temps jadis l’E3 était le rendez-vous incontournable pour la presse spécialisée et des joueurs, il faut bien avouer que ces dernières années, celui-ci avait perdu de sa superbe au point même de voir certains acteurs majeurs de l’industrie vidéoludique (coucou Sony) préférer faire bande à part pour présenter par eux même leurs prochaines sorties. Conscient que son rendez-vous annuel était en perte de vitesse, l’ESA (Entertainment Software Association) créateur de la chose décide en 2017 de réagir en élargissant son audience avec l’ouverture de ses portes au grand public. Leur ambition ? Proposer en 2020 un salon plus adapté à notre époque en développant une expérience plus interactive pour les visiteurs et les influenceurs qui feront le déplacement. Malheureusement, la crise sanitaire va passer par là et couper net les ambitions des organisateurs bien obligés d’annoncer le 11 mars l’annulation de cette cuvée 2020 plutôt prometteuse sur le papier. Sans domicile fixe mais avec beaucoup de choses à montrer, éditeurs et constructeurs vont eux chambouler leurs habitudes, proposant pour certains des rendez-vous digitaux qui vont leur permettre de rester visibles auprès du grand public maintenant habitués à suivre les annonces sur le web. Cette manière de communiquer déjà adoptée avec succès par Nintendo va petit à petit devenir la norme chez les studios pour toucher leur audience en direct parfois plusieurs fois dans l’année.
Bien obligé de se reprendre et de s’adapter pour éviter de rendre une nouvelle copie blanche cette année, l’ESA décide de mettre en place un event 100% digital avec une multitude de rendez-vous étalés entre le 12 et le 15 juin dernier… Si au niveau des constructeurs Microsoft et Nintendo sont toujours de la partie accompagnés d’Ubi Soft et autre Square Enix, il fallait cette fois aussi compter sur des nouveaux venus pas vraiment à l’aise avec l’exercice… et c’est un euphémisme !
Si l’on peut comprendre la volonté de Koch Media, Capcom ou encore Take Two de s’inspirer des Nintendo Direct pour exister et communiquer pendant ces quelques jours, il est dommage de constater qu’au niveau du contenu mais aussi de la mise en place ce ne soit pas au niveau – même minimum – des conférences que nous attendons tous d’un salon reconnu surtout pour ces shows à l’américaine sensés nous vendre du rêve. Bien sûr, il serait injuste de demander à un éditeur comme Koch Media de proposer un show comparable à celui d’un mastodonte comme Microsoft mais au vu du résultat proposé le 11 juin (pourquoi aussi long les amis, pourquoi !?), on peut largement remettre en cause la pertinence de certaines de ces interventions. Alors, peut-être fallait-il rassurer les actionnaires et les professionnels du secteur au travers d’un tunnel de blabla… mais pour les joueurs qui espèrent en prendre plein les yeux après avoir veillé tard dans la nuit, la pilule à bien plus de mal à passer. Et ils l’ont largement fait savoir sur les réseaux sociaux, clamant haut et fort que l’on assistait sûrement au pire E3 depuis sa création.
Fort heureusement, malgré un bilan général plutôt mitigé, tout n’est pas forcément à jeter dans ces 4 jours d’annonces et une fois n’est pas coutume c’est Microsoft qui tire son épingle du jeu. Bien aidé il est vrai par l’absence de son concurrent direct, la firme de Redmond a déroulé avec efficacité un catalogue de jeux riches, variés et parfois même vraiment impressionnant. Oui je pense à toi Forza Horizon 5. De son côté Nintendo a joué la sécurité sans trop nous étonner mais avec ce qu’il fallait pour satisfaire les possesseurs de la Switch. Reste qu’avec une nouvelle version de son best-seller prétendument dans les tuyaux, il aura quand même fallu du gameplay du très attendu Breath of the Wild 2 pour limiter la déception à la fin de ce Nintendo Direct en pilotage automatique un peu à l’image de qu’a proposé Ubi Soft et Square Enix d’ailleurs… Toujours dans le positif, le jeu vidéo indépendant était plutôt bien représenté grâce à la folie bienvenue de l’équipe de Devolver Digital qui présentait un fort beau catalogue de titres et aux conférences Guerrilla Collective clairement moins fun à regarder mais remplies elles aussi de pépites qu’on ne demande qu’à essayer.
Vous l’avez vu, le bilan général est assez amer après ces 4 jours de conférences. Si l’on retire Microsoft qui a bien fait le job avec une multitude de jeux, Nintendo qui a su – heureusement – conclure avec panache ou encore les dingos de chez Devolver Digital, nous ne retiendrons pas grand-chose des différentes interventions qui manquaient cruellement de folie et de saveur. Mais essayons de conclure avec optimisme, malgré ses nombreux problèmes et son rythme, cet E3 2021 était quand même remplie de jeux prometteurs pour nourrir nos machines adorées et comme le disait si bien Alfred de Musset : “qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse”.
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