Gaming: on a testé pour vous Lake

Parfait exemple de l’évolution des mentalités dans le jeu vidéo, Lake nous met dans la peau de Meredith quadragénaire célibataire qui décide de s’éloigner quelques jours de sa vie professionnelle bien trop intense… pour devenir factrice à la place de son père dans un coin perdu. Ok on vous voit venir, ça ne fait pas forcément rêver sur le papier, mais vous pouvez nous croire, il y a bien un jeu derrière ce qui ressemble à un mauvais téléfilm du dimanche après-midi.

Nous sommes en 1986, Meredith vient d’enfiler son costume de factrice prête à prendre la route avec sa camionnette remplie de lettres et de colis à distribuer dans la charmante petite bourgade de Providence Oaks. Le temps de quelques jours loin de la frénésie de la grande ville, elle va tenter de renouer avec son passé et faire de nouvelles rencontres qui vont peut-être changer sa vie… un peu cliché le jeu du studio Gamious ? Oui on ne va pas se mentir, mais le 1er gros jeu des développeurs hollandais (plutôt habitué aux jeux mobiles) possède un charme fou qui aide à se plonger dans cette vision idéalisée de la vie à la campagne qui donne parfois l’impression de jouer à un croisement entre les Sims et une version vidéoludique du film Truman Show (Peter Weir, 1998).

Notre quotidien est réglé comme du papier à musique et il nous est impossible de déclencher quoique ce soit qui ne soit pas prévu par le jeu. Chaque matin, bien aidé par notre petite carte des lieux, nous attaquons notre tournée de distribution sur les routes de campagne que l’on arpente tranquillement en écoutant de la country diffusée sur la radio locale. Au fil de nos livraisons de colis et de cartes postales, des liens vont se tisser avec certains des habitants avec qui nous prenons le temps de discuter mais attention, les choix dans les dialogues peuvent avoir des conséquences sur les relations que vous allez entretenir avec eux. Allez-vous accepter d’aider Robert le bûcheron bourru et solitaire ? Comment vont se passer les retrouvailles avec Kay, l’amie d’enfance que Meredith a quitté il y a plus de 20 ans sans se retourner ? C’est à vous de choisir et fait assez rare pour être signalé, les décisions qui seront prises auront de vrais incidences sur le déroulement de cette histoire et sur le destin de notre héroïne qui ne sait plus vraiment où elle en est . Bien racontée, le jeu propose des dialogues bien écrits qui sonnent souvent juste surtout que ceux-ci sont renforcés par un doublage anglais (sous-titré en plusieurs langues) de qualité. Vrai point fort de cette simulation de tranche de vie, l’écriture donne donc vie à des personnages plus complexes qu’ils n’y paraissent au départ. Les relations évoluant au fil de nos choix, on finit par s'attacher assez rapidement aux habitants de Providence Oaks faisant – presque – oublier les limites techniques du jeu qui souffre d’animations très mécaniques et d’un monde ouvert qui montre rapidement ses limites.

Si l’on peut se déplacer librement à pied ou en camionnette dans les rues de Providence Oaks (P.O pour les intimes) comme dans n’importe quel jeu open world, il faut bien garder en tête que la surface à explorer est forcément (très) limitée. N'imaginez donc pas multiplier les expériences de jeux au travers de quêtes annexes de folies ou d’emprunter n’importe quel véhicule pour tracer car dans Lake les possibilités sont restreintes et les quelques objectifs secondaires proposés (transport de chat, distribution de VHS etc…) reposent sur le même système de livraison. Nous sommes donc face à un jeu principalement narratif qui propose un gameplay s’articulant autour de nos tournées de distributions et de nombreux dialogues à choix multiples mais sortie de là, pas de réel liberté d’agir en dehors de ce qui est prévu pour faire avancer le scénario. Impossible par exemple de rendre visite à l’improviste aux différents personnages croisés dans le jeu et c’est dommage car parfois on aimerait vraiment passer plus de temps en leur compagnie. Du coup, le jeu a du mal à faire vivre son univers dès que l’on sort des routines de son gameplay qui se répète sans renouveler jusqu’à son dénouement. Avec en plus des rues assez vides et des PNJ qui déambulent n’importe comment dans les décors, l’immersion prend forcément un coup mais heureusement, le titre a pour lui une direction artistique plutôt réussie ainsi qu’une ambiance globale bien travaillée qui permettent de donner de la saveur à l’ensemble. Agréable à l'œil malgré ses problèmes techniques Lake arrive donc à nous accrocher et à rendre apaisants nos nombreux allers-retours en camionnette sur les routes quasi-désertes de cette petite ville perdue au fin fond de l’Oregon et c’est un petit tour de force.

Les quelques heures passées en compagnie de Meredith et des habitants de Providence Oaks, si elles ne sont pas inoubliables, restent vraiment plaisantes et dépaysantes. Profitant d’une écriture de qualité et d’une ambiance réussie, Lake est un jeu aussi sympathique que fragile qui mérite qu’on lui laisse une chance malgré ses défauts évidents.

Les plus :

Les moins :

Lake

Open world narratif – 1 joueur

Disponible sur Xbox et PC

19,99€ – Testé sur Xbox Series X

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