L’événement de clôture du projet européen « All in plus : promoting greater gender equality in sport » s’est déroulé ce jeudi à la Coque. Mental! était présent pour s’engager à un meilleur traitement médiatique des femmes dans le sport.
Dans le cadre de la présidence tournante du Conseil de l’Europe par le Luxembourg (novembre 2024-mai 2025), le Centre national sportif et culturel D’Coque a eu le privilège d’accueillir la session finale du projet « All in plus » conduit conjointement par le Conseil de l’Europe et l’Union Européenne. Dès mercredi soir, le Ministère des Sports avait organisé une réception pour le visionnage du film « Sportives : le parcours médiatique des combattantes », réalisé par Marie Lopez-Vivanco et produit par Patrick Chevallier.
Et le lendemain se déroulait la journée de clôture d’un projet pluriannuel avec pour principal objectif la mise en évidence de la relative invisibilité des femmes dans le sport et le manque de sensibilisation au déséquilibre entre les sexes dans le sport. Une session réunissant des intervenants d’une qualité et d’une diversité rares, au-delà de tout clivage de genre, de langue ou de nationalité. Car le but poursuivi ne saura être atteint que par la synergie de toutes les volontés.
Au programme notamment, la présentation des résultats de la collecte de données réalisée au cours des deux dernières années auprès de 21 nations partenaires. Un travail de fourmi qui a mené à la rédaction d’un rapport analytique et à l’édition de recommandations de bonnes pratiques pour promouvoir une meilleure égalité femmes-hommes dans le sport.
Au-delà de l’aspect purement statistique, l’un des moments mémorables de la journée fut sans conteste l’intervention sous forme de table ronde de deux de nos sportives les plus emblématiques, fraichement retraitées, Charline Mathias et Christine Majerus. La cycliste récemment élue à la commission des athlètes du COSL a notamment conquis l’assemblée par son humour, son franc-parler, et surtout ses punchlines : « Les adultes sont une cause perdue, concentrons-nous sur nos enfants ! ». Les deux athlètes ont pu partager leur expérience et relever les comportements sexistes dans le sport, à l’image des prix récompensant certaines courses, tels qu’un aspirateur ou un sèche-cheveux… Christine Majerus n’a eu de cesse d’insister sur le fait que les jeunes filles avaient particulièrement besoin de modèles de sportives relayés par les médias. « Quand on voit quelque chose, on sait qu’on peut le faire. »
Le traitement médiatiques des femmes dans le sport a donc été l’occasion d’échanges où Mental!, engagé sur ce sujet, a pu intervenir aux côtés de nos confrères de RTL et de LRT (Lituanie), où il a été mis en évidence que les spécificités du Luxembourg ne doivent pas cacher une forme d’attentisme et de passivité. Les progrès sont certes considérables depuis la pandémie, en termes de couverture comme d’approche. Les performances de nos sportives ont en effet permis d’améliorer de façon remarquable la place des femmes dans les publications. Et il y a fort à parier que l’élection d’une femme cette semaine à la présidence du groupe Sportspress, Christelle Diederich du Tageblatt, saluée par toute la salle, poursuivra la prise de conscience. Mais la question des quotas, défendus par la coordinatrice nationale de Suède, pourrait s’avérer être un mal nécessaire pour faire bouger les lignes plus rapidement, tant dans la composition des comités directeurs des fédérations et des clubs que dans la proportion des sujets traités par les médias.
Une opinion que partage Joëlle Letsch, qui a eu l’opportunité d’ériger notre nation en exemple à l’échelle locale avec l’instauration de la Charte pour l’égalité dans le sport créée grâce à l’implication de l’ancien bourgmestre et désormais Ministre des sports Georges Mischo, ou du Label Sport et égalité des genres et ses récompenses financières. Car l’argent reste le nerf de la guerre, y compris dans les sujets de société pour lesquels tout le monde s’accorde mais trop peu souvent suivis d’actions concrètes. Susana Pavlou de l’Institut Méditerranéen des Études sur le genre qui a dirigé la collecte des données des 21 pays participants l’a confirmé : « Il est facile de prévoir un business-plan sur le long terme, mais dès qu’il s’agit de mener des actions spécifiques… Sans argent, nous n’atteindrons jamais l’égalité des genres. »
En conclusion de cet événement, le ministre des Sports en personne a pris la parole pour signifier qu’il avait conscience qu’il restait encore beaucoup à faire, en matière de leadership, d’encadrement, d’arbitrage ou encore de représentation médiatique. Mais il a affirmé que « cette conférence n’est pas la fin », renouvelant son souhait de faire l’égalité femmes-hommes une priorité de son administration. Peut-être en devenant la 22e nation à rejoindre le projet qui vient d’être reconduit ?
Le mot de la fin est allé à la Française Charlotte Girard-Fabre, à la tête de la Fédération internationale des juges et arbitres sportifs et présidente du conseil consultatif de l’Accord partiel élargi sur le sport (EPAS) du Conseil de l’Europe : « L’égalité des genres dans le sport n’est pas une option, c’est une nécessité ! (…) Soyons fiers du travail accompli, et transformons à présent les chiffres et les nombres en actions réelles ! »
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