C’est l’époque de nos aïeux, qui auraient certainement mieux raconté cette histoire que nous. L’époque où le Luxembourg était à un but de se qualifier pour une compétition continentale : l’Euro 64. À ce moment-là, l’Euro était un tournoi qui se déroulait entre quatre nations et qui démarrait ainsi en demi-finale. Pour cela, il fallait auparavant passer par les éliminatoires, qui se différenciaient complètement de ceux que l’on connaît aujourd’hui, puisqu’ils se présentaient sous la forme d’un tour préliminaire, d’un huitième de finale et d’un quart de finale.
Engagé aux côtés de 28 autres nations européennes, le Luxembourg passait avec chance le premier tour puisqu’il était tout simplement exempté, comme l’URSS, vainqueur quatre ans plus tôt, et l’Autriche. Pourtant, le tirage des huitièmes n’allait pas offrir un cadeau aux hommes dirigés par Robert Heinz : les Pays-Bas, qui viennent tout juste d’éliminer assez aisément la Suisse (4-2 au score cumulé) au tour préliminaire, se présentent face à eux dans la peau de Goliath, d’autant plus que les deux matchs sont joués chez eux (un choix de la FLF, qui tenait à renflouer ses caisses). À l’aller, devant les 36 000 spectateurs du stade olympique d’Amsterdam, le Luxembourg tient tête aux Pays-Bas. Malgré l’ouverture du score prématurée de Nuninga, Léon May égalise d’une superbe volée qui permet aux siens d’y croire, un mois et demi avant le retour. Le 30 octobre 1963, devant les 42 000 spectateurs du stade De Kuip de Rotterdam, les Roud Léiwen réalisent une superbe performance marquée par un doublé de Camille Dimmer, et éliminent les Oranje (3-2 au score cumulé), humiliés dans leur propre pays.
Il reste alors huit équipes, dont plusieurs mastodontes : la France, l’Union soviétique, l’Espagne ou encore la Hongrie. Par chance, le Luxembourg les évite au tirage au sort et tombe face au Danemark, qui n’a eu aucun mal à se défaire de Malte (9-2) et de l’Albanie (4-1) lors des deux premiers tours. Le 4 décembre 1963 se tient donc le match aller au stade municipal de Luxembourg (que l’on connaît aujourd’hui comme stade Josy-Barthel). Les 7 000 spectateurs voient ce jour-là un spectacle qui se termine sur un score de parité de 3-3, après une ouverture du score de Louis Pilot dès la première minute, suppléé ensuite par Henri Klein, auteur d’un doublé. Mais en face se trouvait un certain Ole Madsen, quatrième meilleur buteur de l’histoire des Rød-Hvide, qui plantait un triplé à l’aller… et un doublé dans un match retour tout aussi bouillant. Dans l’Idrætsparken de Copenhague avec ses 36 000 supporters, les Roud Léiwen, menés 2-1 à quelques minutes du coup de sifflet final, vont égaliser grâce à Adolphe Schmit, pour terminer sur le score de 2-2. À cette époque, la règle du but à l’extérieur n’existant pas encore, c’est par un match d’appui que se jouera la qualification. Organisée sur un terrain neutre que le Luxembourg connaît bien – le stade olympique d’Amsterdam – la rencontre est nettement moins spectaculaire et c’est l’inévitable Ole Madsen qui crucifie le Luxembourg peu avant la mi-temps. Louis Pilot n’y pourra rien, les Luxembourgeois sont éliminés aux portes d’une phase finale qui sera remportée par l’Espagne de Luis Suárez.
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