De plus en plus d’observateurs tirent la sonnette d’alarme concernant le manque d’activité physique des enfants. Un constat européen et auquel le Luxembourg n’échappe pas. Selon les professeurs d’éducation physique, il y a trop peu d’heures de sport dans l’emploi du temps des jeunes écoliers.
Bien qu’il n’existe pas de tendance uniforme en Europe en ce qui concerne les niveaux d’activité physique des enfants, dans leur grande majorité les spécialistes tirent la sonnette d’alarme. De nombreux facteurs sont à l’oeuvre depuis un quart de siècle pour expliquer la situation actuelle. Dans de nombreuses régions d’Europe, l’urbanisation croissante a conduit à un mode de vie plus sédentaire, avec moins d’espaces verts et d’opportunités pour l’activité physique en plein air. Les enfants des zones urbaines ont parfois moins d’occasions de jouer dehors que ceux des zones rurales. Comme partout dans le monde, l’utilisation croissante des technologies, des ordinateurs et des smartphones a contribué à un mode de vie plus sédentaire chez les enfants en Europe. Les jeux vidéo et les médias sociaux peuvent parfois remplacer les activités physiques.
A l’instar d’autres de ses collègues, Michel Reiland professeur d’éducation physique au lycée de Mersch dresse un constat qui n’est pas très rassurant : « Le problème commence au primaire, et pour moi c’est le souci principal. Les jeunes arrivent avec un déficit. Et si je compare avec mes débuts dans l’enseignement il y a maintenant plus de 30 ans, les élèves étaient en bonne forme mais ne savaient pas bien nager. Ensuite il y a eu une amélioration au niveau de la natation, mais désormais ils sont très faibles physiquement et ils ne savent presque plus nager. La crise du Covid n’a pas arrangé les choses, mais certaines décisions non plus ».
En dessous des recommandations de l’OMS
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les enfants et adolescents de 5 à 17 ans « devraient consacrer en moyenne 60 minutes par jour à une activité physique d’intensité modérée à soutenue, principalement d’endurance, tout au long de la semaine ». Au Luxembourg comme ailleurs, on est loin du compte avec deux ou trois heures de sport au lieu de cinq : « C’est de pire en pire, au primaire il faudrait obligatoirement avoir des instituteurs sportifs.. Il y a des instituteurs qui s’engagent mais ils ne connaissent rien au sport. La question n’est pas d’apprendre à jouer au basket au volley ou au foot, ce qu’il faut avoir c’est de l’endurance, de la coordination, de la motricité… » énumère celui qui est également échevin à la commune de Mersch.
Le professeur d’éducation physique plaide pour un retour aux fondamentaux, avec des exercices simples mais pratiques afin de situer le niveau des jeunes luxembourgeois en comparaison avec leurs aînés d’il y a dix ou quinze ans : « Sauter à la corde par exemple, on avait fait les tests l’année dernière, on va les refaire de nouveau bientôt, afin de voir combien de jeunes arrivent à sauter cinq fois d’affilée sans devoir stopper. On était même pas à 50% la dernière fois, ce qui est grave… ».
Mais comment améliorer la situation ? : « J’ai rarement eu des élèves aussi faibles. Certains ne savent pas attraper une balle ! On en a un par classe maintenant. Je pense qu’il faut mieux informer sur le sport également. Ce n’est pas de la faute des élèves ni des enseignants mais c’st un problème sociétal. A l’école classique et au technique, il faut je pense au moins trois ou quatre heures de sport par semaine. Tandis qu’au primaire, il faut des enseignants plus formés en matière de sport, ou alors des enseignants qui ne feraient que ca ». Du temps et des compétences, passage obligé pour redresser la barre avant qu’il ne soit trop tard.
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