Euro 2020 : Présentation du groupe B :

10 minutes

Première nation au classement mondial depuis avril 2018, la Belgique est favorite d’un Groupe B dans lequel le Danemark et la Russie guignent la deuxième place.

C’est bien beau, mais ça ne rapporte pas grand-chose. Les Diables Rouges trônent en tête d’un ranking FIFA qui n’a qu’une valeur symbolique et qui ne remplacera jamais un trophée majeur derrière lequel les footballeurs du Royaume courent toujours au contraire de deux autres nations présentes dans ce groupe.

Une et demi devrait-on écrire puisque c’est l’Union soviétique qui avait inauguré le palmarès de cette compétition en 1960. Le Danemark, lui, avait dupé la planète européenne en 1992 alors qu’il n’était même pas qualifié. Les Scandinaves prenant la place de la Yougoslavie écartée de la compétition en raison de la guerre qui déchirait le pays.

Mais ce n’est pas à coup de faits historiques que se construira la victoire finale dans ce tournoi à la conception particulière et qui permettra à ces deux nations déjà décorées d’évoluer dans leur pays au contraire d’une Belgique obligée de s’exporter.

Elle sait le faire comme en témoigne son parcours sans faute lors des éliminatoires : Trente points sur trente ! Seule l’Italie a fait aussi bien avec cependant une moins bonne différence de buts. Il reste aux Diables Rouges à mettre les bons ingrédients pour prouver que dans un tableau à élimination directe, ils peuvent aller au bout. Il leur a manqué un bon entraîneur et un peu d’humilité face aux Gallois il y a cinq ans et un brin d’efficacité pour terrasser les Bleus lors de la dernière Coupe du monde.

À peu de choses près, le casting est le même pour enfin décrocher le Graal et l’adversité semble idéale dans un Groupe B pour monter en puissance au fil du tournoi. Les Russes sont aux premières loges pour en témoigner puisqu’ils ont croisé la route des Belges lors de la campagne de qualification sans avoir voix au chapitre. Souvent présente, rarement performante, la Sbornaïa essayera de refaire le coup de 2008 quand elle s’était glissée dans le dernier carré. Stanislav Tchertchessov a rajeuni ses cadres avec quelques promesses élues au détriment de plusieurs anciens. Le Danemark a dû attendre la dernière minute pour valider son ticket pour la phase finale. Dans un Groupe D homogène et finalement remporté par la Suisse, les Scandinaves sont allés décrocher un match nul en Irlande lors de la dernière journée. Avec la meilleure attaque de leur poule, les Vikings retrouvent la compétition neuf ans plus tard avec des arguments dans chaque ligne et l’envie palpable de mener la vie dure aux Diables Rouges, ou à défaut de postuler pour la deuxième place.

La Finlande, elle, présente moins de lettres de noblesse et s’est qualifiée pour le premier grand tournoi majeur de son histoire en sortant d’un Groupe J dominé de la tête et des épaules par l’Italie. Les Nordiques ont mené la vie dure à la Nazionale chez eux, prouvant qu’ils étaient dans l’une des meilleures phases de leur histoire après avoir mangé leur pain noir une fois Jari Litmanen parti à la retraite.

Leur succès contre la France en match amical en novembre dernier a renforcé ce statut d’outsider même s’il faut manier ces rendez-vous avec précaution. La Finlande misera sur l’effet de surprise et sur son attaquant de poche Pukki pour jouer les poils à gratter dans un groupe promis à la Belgique, mais qui reste assez ouvert pour la deuxième place.

LE PRONO DE LA RÉDACTION :

La Belgique semble trop au-dessus pour être mise en danger dans cette poule. Les hommes de Roberto Martinez peuvent viser le neuf sur neuf. Pour ce qui est de la seconde place, la Russie semble partir avec une longueur d’avance, mais en débutant face aux Belges, la pression pourrait vite monter en cas de défaite. Cela devrait tout de même passer.

Belgique : La génération dite «en or» vieillit. L’occasion de décrocher un premier trophée majeur se présente nouveau. Reste à voir l’état de forme des stars de l’équipe.

Eden Hazard sort d’une saison quasi blanche avec le Real Madrid, Thomas Meunier a vu sa situation se gâter au Borussia Dortmund, Dries Mertens vole de petite blessure en petite blessure à Naples : il n’en faut pas plus pour alerter les supporters des Diables Rouges ! Car l’air de rien, le réservoir n’est pas inépuisable et largement moins bien rempli que celui de la France ou de l’Espagne pour ne citer que ces nations. Alors, lorsqu’une star se met à tousser, c’est toute l’équipe qui est inquiète.

La situation ne se reflète pas tellement dans des qualifications qui restent un exercice parfaitement maîtrisé par les Diables Rouges, mais l’absence de l’un ou l’autre joueur pourrait coûter cher dans des matches à élimination directe face à des plus grosses cylindrées. L’équipe dirigée par l’Espagnol Roberto Martinez s’appuyera sur son gardien Thibaut Courtois pour conquérir un premier trophée majeur. Le dernier rempart du Real, auteur d’une saison aboutie, dirigera une défense expérimentée mais assez lente avec le taulier Jan Vertonghen, Toby Alderweireld et Jason Denayer qui disputera une place de titulaire au fragile Thomas Vermaelen.

Le système en 3-4-3 prôné par le technicien catalan est promesse de jeu tourné vers l’avant avec des pistons à qui l’on demande beaucoup. Meunier sera frais, Yannick Carrasco est en pleine bourre, Timothy Castagne a confirmé à Leicester les dispositions entrevues à l’Atlanta et Thorgan Hazard a bien terminé la saison avec Dortmund.

Le cœur du jeu est lui aussi bien achalandé avec Youri Tielemans et Kevin De Bruyne à qui on associe généralement Axel Witsel lancé dans une course contre la montre suite à son opération au talon d’Achille. La Belgique prie enfin pour que Eden Hazard retrouve son état de forme d’il y a un an et pour que Romelu Lukaku, auteur avec l’Inter Milan de sa meilleure saison, le garde. Ces petites conditions mises bout à bout semblent conditionner la réussite d’une équipe frustrée par ses éliminations en quart de finale il y a cinq ans face au pays de Galles et il y a trois ans à la Coupe du monde contre la France en demi-finale.

LE JOUEUR À SUIVRE : KEVIN DE BRUYNE :

Face aux défenses regroupées, il est parfois difficile de faire sauter le verrou. Kevin De Bruyne est capable de percer ces coffres-forts d’une frappe du droit comme du gauche ou d’une passe dont lui seul a le secret. Le milieu de terrain offensif, à bientôt 30 ans, semble être au sommet de son art. Il vient de boucler une belle saison avec son club et s’épanouit en sélection.

RUSSIE :

La Russie n’est pas définitivement fâchée avec les phases finales du Championnat d’Europe des Nations mais il est grand temps de recoller les morceaux. Depuis le 8 juin 2012 et une victoire contre la République tchèque, la Sbornaïa n’a plus gagné. 9 ans sans victoires, ce qui commence à faire assez long. Stanislav Tchertchessov, en place depuis juin 2016, a bénéficié de temps pour reconstruire un groupe qui arrive à maturité pour une compétition que la Russie disputera en partie chez elle avec deux matches programmés à Saint-Pétersbourg. Un avantage non-négligeable, qui plus est avec le désir du gouvernement d’autoriser 100% du public dans les stades. Sur le terrain, la Russie ne manque certainement pas d’arguments offensifs avec des garçons comme Artyom Dziouba (Zenit Saint-Pétersbourg), Aleksandr Golovine (AS Monaco) ou encore Denis Cherychev (Valence). Une force de frappe qui semble suffire au sélectionneur qui a décidé de se passer de l’attaquant Fyodor Smolov. Dans les autres absents notables, on se doit de mentionner le gardien Marinato Guilherme, lui aussi laissé à la maison des choix de Tchertchessov. Une révolution de velours. Il reste au sélectionneur à trouver l’équilibre dans des secteurs moins riches en individualités. Et de revivre la belle épopée de 2018 où la sélection atteint les quart de finale, en éliminant au passage l’Espagne. Rien que ça.

LE JOUEUR À SUIVRE : ALEKSANDR GOLOVINE :

Embêté par une blessure musculaire en début de saison, le meneur de jeu monégasque est revenu fort et a eu un rôle prépondérant dans la formidable seconde partie de saison du club asémiste. De la forme du dépositaire du jeu de l’ASM dépend aussi celle de la Sbornaïa.

FINLANDE :

L’euphorie d’une première qualification à un tournoi majeur comme le Championnat d’Europe des Nations peut soulever des montagnes. La Lettonie avait misé sur cette excitation pour s’illustrer à l’Euro 2004, mais elle avait dû se contenter d’un nul prestigieux contre l’Allemagne (0-0). La Finlande pourra t-elle réussir à faire mieux ? Dur à dire. On voit mal comment les Nordiques pourraient passer d’autant plus qu’un doute plane sur la présence de la star Teemu Pukki. Du moins sur sa capacité à être en pleine possession de ses moyens. Auteur d’une saison XXL en Angleterre, l’attaquant de Norwich a contracté une blessure à une cheville qui pourrait l’empêcher de taquiner le record de buts de Litmanen en sélection (32). Néanmoins, la Finlande dispose d’autres arguments pour jouer les trouble-fêtes dans ce groupe : Lukas Hradecky est le portier du Bayer Leverkusen, Jere Uronen a brillé avec les Belges de Genk et Glen Kamara est devenu l’un des piliers de Steven Gerrard aux Glasgow Rangers, auteurs d’une saison historique et invaincus en championnat. Tant de joueurs qui permettent de croire en un exploit faramineux. Sans pression, l’effectif finlandais, déjà célébré en héros pour sa qualification historique tentera tout de même de mettre son poil à gratter dans un groupe dans l’ensemble assez homogène.

LE JOUEUR À SUIVRE : TEEMU PUKKI :

Son contre-la-montre tient le pays en haleine. Touché aux ligaments, celui qui a inscrit 26 buts pour les Canaries de Norwich cette saison, se soigne à Tottenham à qui il appartient. Sera-t-il prêt à temps ? On l’espère, tant le voir devenir meilleur buteur de la sélection finlandaise lors de la première compétition majeure de son pays serait une consécration.

DANEMARK :

Kasper Hjulmand n’est pas là par hasard, mais presque. L’ancien éphémère entraîneur de Mayence (2014-2015) devait reprendre les rênes de la sélection danoise après l’Euro 2020, mais la pandémie a eu raison de la patience de Age Hareide, finalement sur le départ avant la compétition. Un changement de dernière minute toujours compliqué à gérer, mais qui n’empêchera pas le pays scandinave de débarquer dans la compétition avec le réel désir de jouer crânement sa chance. Et à bien y regarder, l’effectif danois offre de nombreux motifs d’espoirs. Hjulmand dispose de fortes personnalités et de joueurs de talent dans chaque ligne comme le gardien Schmeichel (Leicester), les défenseurs Kjaer (Milan AC) et Christensen (Chelsea), les milieux de terrain Delaney (Dortmund) et Eriksen (Inter) et les attaquants Poulsen (Leipzig) et Braithwaite (Barcelone). Des arguments massue pour mettre à mal la suprématie des Belges ou, à défaut, s’emparer de la deuxième place. Souverain contre les petites nations en qualification, le Danemark n’a pas toujours fait preuve de régularité. Un manque de constance dont le pays, champion d’Europe en 1992, devra se méfier pour espérer accéder au tour suivant. Et qui sait, revivre une épopée aussi légendaire qu’il y a maintenant presque vingt ans.

LE JOUEUR À SUIVRE : CHRISTIAN ERIKSEN :

Dépositaire du jeu danois, le bientôt trentenaire sort d’une saison contrastée à l’Inter où il a mis du temps à se glisser dans la peau d’un titulaire. Néanmoins, son rôle en sélection n’est pas contesté, et sa vision de jeu et qualité technique seront précieuses pour passer les poules.

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