Jamais une poule n’a autant mérité son titre de «Groupe de la Mort» que dans ce groupe F. Composé de la France, championne du monde en titre, du Portugal, champion d’Europe en titre, de l’Allemagne, géant du football mondial depuis des décennies et de la modeste Hongrie, ce sixième groupe de l’Euro sera assurément le plus intense à suivre, et offrira des affrontements entre certaines des plus grandes stars du monde du football.
C’est un tirage qui n’a du faire plaisir à personne. Bien sur, tous et chacun aiment se confronter au gratin du foot mondial. Mais si tôt dans une compétition ? Tragique destin. Le tirage de cette dernière poule de l’Euro aura eu le mérite de donner des frissons dans le dos des supporters de ces grandes nations, et faire bondir les supporters neutres, impatients de voir ces clashs se dérouler.
Est-il réellement possible de déceler un favori parmi ces quatre équipes ? Compliqué. La France, championne du monde en titre compte bien jouer les premiers rôles dans cette compétition. Avec un effectif toujours aussi impressionnant, les hommes de Didier Deschamps s’avanceront surs de leurs forces dans cette poule. Et le retour de Karim Benzema, qui aurait pu diviser, tend jusqu’à présent à donner la sensation
de l’union sacrée au sein des tricolores. Avec sûrement la plus belle attaque de la compétition, et des valeurs sûres à chaque poste, le onze bleu avance confiant, mais se méfie tout de même grandement de ses adversaires.
Avant tout, du Portugal. Il y a maintenant cinq ans, tout un pays, après un mois bercé d’euphorie plongeait dans une profonde dépression des suites d’une défaite homérique en finale de « son » euro. Le bourreau ? Le Portugal de Cristiano Ronaldo. Une victoire qui avait surpris, tant l’équipe lusitanienne était arrivé en final sans réellement savoir pourquoi, n’ayant remporté en tout et pour tout qu’une seule victoire dans les 90 minutes sur l’entièreté du tournoi. Cette fois-ci, le groupe mené par Fernando Santos ne vient pas pour faire la surprise. Il est ici pour gagner, et présente un effectif bien plus impressionnant que lors de la dernière édition. Avec des joueurs tutoyant les sommets à tous les postes, la Seleçâo se targue potentiellement du plus contingent de joueurs de la compétition. Et la sélection, forte de son statut de championne en titre ne cache pas ses ambitions d’aller au bout.
Vient ensuite l’Allemagne. Il est vrai que depuis l’élimination traumatisante de 2018 en poules, la Mannschaft ne vit pas des moments aisés. Entre les polémiques sur les choix peu populaires de Joachim Low, certains résultats alarmants (fessée encaissée 6-0 contre l’Espagne, défaite face à la Macédoine du Nord) et un groupe en moment de confiance, la sélection allemande n’arrive pas dans cet Euro en conquérante. Mais, à bien regarder les joueurs qui composent le groupe, elle aussi n’a rien à envier à ses futurs rivaux portugais et allemands. Et, atout de taille, l’équipe du revenant Thomas Müller aura la formidable chance de jouer l’intégralité de ses rencontres de poules à domicile,
à l’Allianz-Arena de Munich. Galvanisé par ses supporters, la Mannschaft devrait tout donner pour offrir un beau départ à son entraîneur en place depuis 14 ans, Joachim Low.
Reste enfin la Hongrie. Hormis l’opportunité de se mesurer aux plus fortes nations de cet Euro, peu de raisons de sourire. Il sera compliqué pour les hommes de Marco Rossi d’envisager autre chose que la dernière place du groupe, mais, sans pression, les Magyars joueront assurément crânement leur chance, et pourront avoir le rôle d’arbitre en cas de résultat favorable. Un groupe intense, indécis et à l’odeur de souffre : un groupe de la mort.
LE PRONO DE LA REDACTION :
Que c’est compliqué. Il est pratiquement impossible d’anticiper les résultats de cette poule. À nos yeux, ce sont les trois favoris de l’Euro qui se retrouvent dans le même groupe. La France avance tout de même avec une (petite) longueur d’avance, la confiance étant à son paroxysme. Quant au Portugal, il affiche tout de même la plus belle sélection de son histoire. De quoi leur donner un léger avantage. Très léger avantage.
Si chacun se doit d’être irréprochable, la débauche d’énergie des latéraux et leurs incessants allers- retours sont capitaux pour l’équilibre global. Un poste clé qui convient à Guerreiro, habitué à ce rôle au sein de Dortmund. Joao Cancelo, capital dans une position plus hybride à City n’a pas néanmoins assuré sa place à droite où Nelson Semedo a aussi son mot à dire. La charnière centrale se targue elle d’un grand nombre de joueurs de confiance. Si Ruben Dias semble intouchable, le deuxième poste n’est pas attribué. Entre Pepe, Jose Fonte ou encore Ruben Semedo, le sélectionneur a l’embarras du choix.
Au milieu, la Seleção fourmille d’options et de joueurs au talent confirmé. Entre Bruno Fernandes Bernardo Silva ou Joao Moutinho, la créativité et la qualité de passe sont garanties, tout comme la capacité d’imposer un pressing offensif intense. Membre fort du groupe, Danilo Pereira pourrait être handicapé par son faible temps de jeu au PSG où il débute souvent remplaçant. Enfin, devant, si Cristiano Ronaldo est le fer de lance évident, ce serait une erreur grave de sous-estimer l’importance de ses coéquipiers. Diogo Jota a confirmé tous les espoirs entrevus. Quant à Joao Felix, la jeune pépite semble avoir digéré la pression de son transfert à l’Atletico Madrid. Très polyvalent à Manchester City, Bernardo Silva est généralement utilisé sur le flanc droit de l’attaque, mais n’hésite pas à redescendre pour orchestrer le jeu et lancer ses attaquants. Au-delà de la qualité intrinsèque et impressionnante du onze de départ, Fernando Santos est loin de se trouver sans ressources si un de ces titulaires se blesse.
Avec Ruben Semedo, William Carvalho ou Oliveira, le sélectionneur peut remplacer avec aise ses titulaires ou même modifier son système de jeu. Une situation qui se retrouve aux deux extrémités du terrain. Au poste de gardien, la concurrence est féroce entre Rui Patricio et Antony Lopes, tous deux possiblement titulaires. Plus haut, Pedro Neto et Trincão symbolisent la relève, tandis que Paulinho, du haut de ses 28 ans donne déjà l’image d’un vieux briscard. Malgré cet effectif XXL, nombreux supporters sont déçus de l’ambition de jeu de la Seleção.
Alors que les éléments offensifs semblent être garants d’un football porté vers l’avant, le désir avant tout d’un bloc défensif compact freine la créativité de l’équipe. Un constat qui ne change pas depuis l’Euro 2016 où la sélection avait remporté la compétition sans réussir à imposer un jeu conquérant. Une approche pragmatique jugée excessive à l’heure où les grandes équipes, clubs ou sélections, prônent une mentalité portée vers le but adverse.
LE JOUEUR A SUIVRE : RUBEN DIAS
Élu joueur de l’année en Premier League, Ruben Dias est arrivé en septembre dernier à Manchester City et a grandement contribué à stabiliser une arrière-garde souvent chancelante ses dernières saisons. A 24 ans l’ancien de Benfica a également pris du galon au sein de l’arrière- garde portugaise (27 sélections).
Dur pour la Hongrie d’espérer sortir de ce groupe. Après avoir retrouvé la compétition européenne phare en 2016 après 44 ans d’absence et offert une jolie prestation (qualification en 8e de finale), les Magyars sont de retour. Malheureusement pour eux, ils ont hérité d’un tirage cruel avec trois mastodontes pour adversaires. Il s’agira de profiter de l’expérience pour les joueurs de Rossi, et savourer cette qualification dans le tournoi, après avoir triomphé de la Bulgarie et l’Islande lors des barrages de Ligue des Nations. Une grande performance réussie grâce à un but somptueux de Szoboszlai. Il en faudra assurément d’autres pour atteindre le second tour de cet Euro.
LE JOUEUR A SUIVRE : DOMINIK SZOBOSZLAI
Tout simplement le joueur hongrois le plus cher de l’histoire. Transféré pour 20 millions d’euro au RB Leipzig fin 2020, ce milieu vif et à la qualité tech- nique aigüe impressionne malgré son jeune âge. Il aura besoin d’être à son meilleur niveau pour aider ses coéquipiers dans ce groupe de la mort.
Un retour inattendu, surprenant et évidemment instigateur de nombreuses questions. Si le talent du buteur du Real Madrid n’est évidemment plus à prouver, quel sera son rôle au sein des tricolores ? Difficile de le voir sur le banc de touche. C’est donc sûrement dans la peau d’un titulaire qu’il retrouvera les Bleus six ans plus tard. A ses côtés, les joueurs
de talent ne manquent pas. Entre un Kylian Mbappe omniprésent avec le Paris-Saint-Germain, un Griezmann de plus en plus en confiance à Barcelone, et les flèches Coman et Dembelé sur les ailes, Deschamps aura de nombreuses possibilités. Reste à voir comment il agencera tout cela.
En défense, là aussi, l’effectif paraît solide. Si la défection de Laporte pour la sélection espagnole a pu surprendre, elle ne déstabilise pas un groupe déjà solidement ancré. Varane et Pavard semblent assurés d’une place de titulaire. Sur le côté gauche, Lucas Digne parait détenir une longueur d’avance, tandis que Kimbembe devrait être le deuxième défenseur central, devant Clément Lenglet et la nouvelle grande promesse défensive Jules Koundé.
L’interrogation concerne plus le milieu, où la France semble peut-être un peu moins fournie. Derrière Pogba et Kante, bien évidemment assurés d’être titulaire, les remplaçants ne sont pas légions. En se passant de N’Zonzi, Camavinga ou encore Ndombele, le sélectionneur prend le risque de ne pas se garantir
de profils physiques remplaçants, si ce n’est Moussa Sissoko et un Corentin Tolisso tout juste revenu d’une longue blessure. Il est difficile de prédire aujourd’hui sous quel schéma se présenteront les champions du monde en titre. Réputé pragmatique, Didier Deschamps ne devrait pas déroger à sa règle de s’appuyer avant tout sur une solide assise défensive. Néanmoins, après les nombreuses critiques pointant l’incapacité de la France à désosser des blocs bas, une mue pourrait vite être observée dans le contingent tricolore. Un choix tactique qui expliquerait sans difficulté le retour en grâce de Karim Benzema, habitué à affronter des défenses regroupées et particulièrement habile à trouver le décalage décisif.
Quoi qu’il en soit, et malgré ces nombreuses interrogations, l’équipe de France se présente sans surprise comme le favori de cet Euro 2020. Avec de nombreuses possibilités, des joueurs au sommet du niveau mondial et une rage de vaincre toujours omniprésente, il faudra assurément compter sur les champions du monde, qui n’ont qu’une envie : réussir un doublé rare dans les compétitions internationales majeures.
LE JOUEUR A SUIVRE : KARIM BENZEMA
Le retour du banni. Alors que l’aventure tricolore de l’attaquant du Real Madrid semblait terminée, Didier Deschamps a surpris tout le monde en rappelant l’ancien buteur de l’Olympique Lyonnais. Il va sans dire que toutes ses performances seront scrutées, tant au niveau sportif que l’attitude tout autour. La très belle histoire de cet Euro 2020 ?
C’est une aventure longue de quinze ans qui va s’arrêter lors de cet Euro 2020. Joachim Löw, entraîneur emblématique d’une Mannschaft championne du monde en 2014 va quitter son poste. Une décision attendue, pour ne pas dire exigée par les supporters de l’équipe nationale. Déçus par un Mondial 2018 cataclysmique (élimination au premier tour) et par une incapacité à renouveler son groupe et son style, le public avait demandé en masse son départ. Souvent fragilisé ces derniers temps, la décision de le laisser partir- prise d’un accord commun – a fini par être officialisé. Mais, nul doute qu’il aura à cœur de partir sur une bonne note. Et son effectif tout de même impressionnant devrait l’aider à soigner sa sortie.
A commencer par le gardien : Manuel Neuer revit depuis deux ans et parait à certains moments insubmersible. Délesté de la concurrence de Marc André ter Stegen, le portier du Bayern Munich devrait encore une fois briller. Il sera sans aucun doute épaulé par une défense solide, et symbolisé par le retour de Matt Hummels. L’arrière central du Bayern Munich devrait partir titulaire, avec sans doute à ses côtés Niklas Süle, voire Matthias Ginter ou encore Antonio Rüdiger.
Au milieu, Kroos, Kimmich, Goretzka ainsi que Gundogan paraissent avoir une longueur d’avance. Tous auteurs de saison XXL au sein de leurs clubs, ils présentent l’avantage de présenter (en particulier pour les trois derniers) des coffres physiques impressionnants et la capacité à protéger l’arrière garde tout en amenant le surnombre en attaque. Cette dernière, épaulée par ce milieu vorace sera aussi en soi spectaculaire sur le papier. Les deux mangeurs de couloirs que sont Leroy Sané et Serge Gnabry peuvent sans aucun doute déstabiliser toutes les défenses de cet Euro, et avec des finisseurs aguerris tels que Timo Werner le revenant Thomas Müller, il ne fait nulle doute qu’il faudra compter sur cette équipe d’Allemagne.
Une autre des forces du champion du monde 2014 ? Son banc : avec une jeunesse florissante présente (Kay Havertz, Lukas Klostermann, Robin Koch ou la pépite Jamal Musiala), Joachim Löw aura avec lui le champ libre pour procéder à des changements si nécessaires. Malgré quelques récentes déboires, le talent de l’effectif, le désir de son entraîneur de partir sur une bonne note et la propension de l’équipe allemande
à toujours répondre présente nous font penser que comme toujours, il faudra se méfier de la Mannschaft.
LE JOUEUR A SUIVRE : JOSHUA KIMMICH
Comme une évidence. Depuis deux ans, le couteau suisse du Bayern Munich régale et se régale. Impressionnant dans tous les aspects du jeu, le joueur du Bayern est devenu un élément indispensable en club comme en sélection. Toujours à 100%, il sera, comme toujours à son maximum pour aider l’Allemagne à panser les plaies de 2018.
Mental Médias SARL
15 Rue Emile Mark
L-4620 Differdange LUXEMBOURG
m : moien@mental.lu