En quasiment vingt ans de carrière en Formule 1, Kimi Raikkonen aura su outre son titre de champion du monde en 2007, marqué les esprits à travers sa personnalité franche et entière, qui aura réservé de savoureux moments notamment lors des communications radio avec ses ingénieurs. Celui qu’on a surnommé Iceman en raison de ses capacités à garder son sang-froid en toute circonstance, fera donc à 42 ans ses adieux à la F1 ce dimanche à l’issue du GP d’Abu Dhabi, dernier tour de piste du natif d’Espoo.
Dans son enfance, le jeune Kimi est comme tout bon finlandais qui se respecte un fan de rallye. C’est l’époque des Tommi Mäkinen et des Marcus Grönholm, et des succès en Formule 1 d’un autre de ses compatriotes, Mika Häkkinen. Après le hockey sur glace, il se tourne vers les sports mécaniques ou il suit les traces de son frère aîné Rami. En karting, Kimi récolte de nombreux succès, et franchit enfin le pas vers les formules de monoplace en 1999, avant d’effectuer sa seule saison complète en Formule Renault britannique en 2000, avec à la clé sept victoires en dix courses et les portes de la F1 qui s’ouvrent « déjà » à lui.
Poursuivi par la malchance
C’est au sein de l’écurie Sauber que le Finlandais va faire ses débuts en Formule 1 en 2001. Même si la FIA hésite un temps à accorder la Super Licence, précieux sésame pour piloter dans la catégorie-reine, à un jeune pilote avec si peu d’expérience en monoplace. Les débuts de Räikkönen leurs donneront tort, puisque à seulement 21 ans il va impressionner les observateurs et tout le paddock, et surtout mettre un coup d’arrêt à la carrière de son coéquipier à l’époque, Nick Heidfeld.
Car l’Allemand est à l’époque un pilote estampillé McLaren, qui doit logiquement remplacer Mika Häkkinen à Woking. Il n’en sera rien car son jeune coéquipier finlandais va attirer toute la lumière sur lui grâce à notamment deux quatrièmes places en Autriche et au Canada, et une dixième place au championnat du monde. 2002 voit donc l’arrivée de Kimi Räikkönen chez McLaren-Mercedes, une écurie de pointe même si Ferrari est ultra-dominatrice au début du millénaire. Mais cette année-là la fiabilité fera gravement défaut à Kimi et son coéquipier David Coulthard. Victime de onze abandons, le pilote venu du froid grimpe malgré tout sur les quatre premiers podiums de sa jeune carrière.
Hauts et bas chez McLaren
En 2003, le suspense est relancé en F1 après une année 2002 ou Schumacher et Ferrari avaient tout écrasé sur leur passage. Le Baron Rouge, Juan-Pablo Montoya et Kimi Räikkönen vont offrir aux fans une lutte à trois pour le titre mondial. Le pilote McLaren va décrocher la première des 21 victoires de sa carrière en Malaisie, mais ses abandons en Allemagne et au Nürburgring victime d’une casse moteur vont ruiner ses espoirs de couronne mondiale face à un Schumacher titré pour la sixième fois.
2004 voit de nouveau McLaren retomber dans ses travers. La MP4-19 est tellement catastrophique que l’écurie britannique doit sortir une évolution de sa monoplace en juillet à Magny-Cours à l’occasion du GP de France. Pas suffisant pour retrouver les sommets mais la semaine suivante à Silverstone il grimpe sur le podium derrière le bientôt septuple champion du monde Michael Schumacher.
La consécration chez Ferrari
En 2005, Räikkönen et McLaren retrouvent la compétitivité nécessaire afin de se battre pour le titre face à Renault et le jeune Fernando Alonso. Mais au Nürburgring tout va basculer en défaveur du Finlandais. Alors en tête et en lice pour un troisième succès consécutif, un plat sur son pneu (à l’époque les gommes doivent tenir toute la course), provoque au fur et à mesure de la course toujours plus de vibrations au niveau de la suspension de sa monoplace. Arrivé au dernier tour, cette dernière va littéralement exploser au bout de la ligne droite et provoquer l’abandon de Räikkönen, qui perdra toute chance de titre au Brésil face au Taureau des Asturies. 2006 marque la dernière saison en gris de Kimi, et une nouvelle fois les performances jouent les montagnes russes. Sans victoire et cinquième du championnat, Kimi Räikkönen quitte sans regret l’Angleterre pour l’Italie, où il aura la lourde tâche de remplacer Michael Schumacher parti à la retraite.
L’aventure en rouge du Finlandais va débuter avec une victoire en Australie. Mais les McLaren d’Alonso et du jeune débutant Hamilton vont ferrailler toute la saison et donner du fil à retordre aux F2007 de Räikkönen et Massa. A quatre GP de la fin, alors que l’affaire du « Spygate » éclate, Iceman pointe à 18 points de Lewis Hamilton, et voit son droit à l’erreur se réduire à néant. Il va s’imposer à Spa mais après sa troisième place à Fuji, c’est toujours 17 points qui le séparent du Britannique. Au Grand Prix de Chine, Raikkonen va s’imposer et conserver une chance infime de sacre au Brésil, cadre du dernier GP de la saison 2007.
Le circuit d’Interlagos sera le cadre d’un scénario rocambolesque. Räikkönen va s’imposer devant son coéquipier et Fernando Alonso et ainsi décrocher enfin le titre mondial, grâce à la contre-performance d’un Lewis Hamilton handicapé par un problème en début de course. Il devient ainsi le troisième Finlandais à atteindre les sommets de la F1 après Keke Rosberg (1982) et Mika Häkkinen (1998, 1999).
Passage en rallye
En 2008, Räikkönen ne parviendra pas à conserver son titre, que Felipe Massa est tout proche de décrocher mais cette fois le scénario fou de 2007 se produit en faveur de Lewis Hamilton. En 2009, Ferrari rate le nouveau virage pris par le règlement technique, et le Finlandais termine seulement sixième du championnat. Lassé par la F1, il se tourner vers ses premiers amours en rejoignant le Citroën Junior Team en championnat du monde des rallyes.
Ces deux saisons éloignées des circuits ne sont pas vraiment couronnées de succès. Les accidents et abandons sont nombreux, et en 2011 Räikkönen va même faire quelques piges en Nascar Truck Series. Finalement en 2012 il va retrouver ses premières amours en revenant en F1 chez Lotus aux côtés de Romain Grosjean. Un retour en fanfare conclu par une victoire à Abu Dhabi en fin de saison, course où il nous gratifie de son devenu légendaire « Leave me alone ».
Retour à Maranello
En 2013, il poursuit sa collaboration avec Lotus, avec a la clé une cinquième place au championnat. 2014 voit le retour du champion du monde 2007 dans l’écurie qui l’a sacré, mais la Ferrari est dépassée par ses adversaires, et pour la première fois depuis 2006 le Finlandais termine la saison sans victoire, et même sans podium. Fernando Alonso quitte alors l’écurie, et se voit remplacer par le quadruple champion du monde Sebastian Vettel. En 2015, 2016 et 2017, la victoire va encore le fuir, mais il parviendra à améliorer ses performances respectivement à la saison précédente.
En 2018 à l’occasion de sa dernière saison avec la Scuderia, il décrochera le dernier succès de sa carrière au Texas, devenant ainsi le Finlandais le plus victorieux en F1. Transféré, même échangé, avec Charles Leclerc, il termine sa carrière là ou il avait début en 2001, chez Alfa Romeo Sauber. La boucle était bouclée et après trois saisons dans l’écurie suisse, Kimi Räikkönen tirera sans révérence, sans tristesse comme il l’avoué, après 19 saisons, 350 GP, et quelques 92 504 kilomètres derrière le volant d’une F1.
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