Dans l’interview de veille de match du coach wiltzois Dan Huet, on pouvait lire que ce dernier, et son staff, avaient observé et analysé le Racing et avaient préparé un plan de jeu adapté à cet adversaire. Nous allons donc analyser ce plan de jeu, indiquer ce qu’il nécessite dans l’implication des joueurs, montrer ce qu’il a apporté (puisque le Racing a été gêné et même mené) mais aussi ses limites (Wiltz ayant encaissé 3 buts). Du côté du Racing, l’approche de Jeff Saibene et de son staff a été différente : même système de jeu que l’adversaire, mais une volonté d’étouffer celui-ci avec un bloc haut. Une philosophie, face à un bloc wiltzois positionné bas, qui a permis à ses joueurs de prendre la possession du ballon.Une possession qui, trop stérile en 1ère mi-temps, a favorisé le FC Wiltz, performant dans ses transitions offensives. La mi-temps (et sûrement les consignes de Jeff Saibene) permettra aux joueurs du Racing de changer leur comportement dans le jeu et de mettre les ingrédients nécessaires pour gagner cette rencontre.
Quel a été le plan de jeu du FC Wiltz ?
Dan Huet proposait un système en 4-4-2. D’entrée de jeu, on observait un bloc défensif placé assez bas, ce qui traduisait une volonté de laisser la possession du ballon au Racing. Le duo d’attaquants, Ibrahimovic-Cornet, se positionnait devant les milieux centraux visiteurs, Holter et Nakache, mais n’appliquaient pas forcément de pressing. Était donc mis en place un bloc compact avec très peu d’espace entre les 3 lignes, et une grosse densité axiale. Défensivement, le but était double :
– Forcer le Racing à passer sur les côtés pour terminer par des centres et favoriser les duels
– Éteindre l’influence de Kevin Nakache, lien habituel entre les lignes défensives et offensives
Offensivement, l’idée était également de pousser le Racing à jouer haut et prendre des risques en faisant participer un maximum de joueurs et donc, se découvrir derrière. On remarquera également la volonté du FC Wiltz de jouer tous les 6 mètres très courts afin de provoquer une remontée du bloc du Racing par leur pressing. Dans ce cas de figure, à la récupération du ballon, les joueurs de Wiltz recherchaient automatiquement une 1ère relance verticale vers l’un des deux attaquants. On notera que ces relances ont été permises par le fait que le duo Ibrahimovic-Cornet anticipaient très intelligemment chaque récupération pour être au bon endroit au bon moment, c’est-à-dire avant leur défenseur direct. Ces deux joueurs ont été précieux grâce à leur capacité à tenir le ballon le temps que leurs coéquipiers les rejoignent dans le camp adverse et enclenchent la phase d’attaque.
Cette philosophie de jeu est illustrée par le 1er but du FC Wiltz, même si la récupération du ballon se fait dans le camp du Racing. (1-0, 25ème, Ibrahimovic) Ibrahimovic récupère le ballon et, en 3 passes rapides, sera trouvé Cornet pour un face à face avec Ruffier. Le fait que le buteur, Ibrahimovic, termine l’action seul complètement démarqué à 10 mètres du but du Racing montre cette capacité qu’a eu le FC Wiltz à vite se projeter offensivement mais également l’avance prise sur des joueurs du Racing positionnés haut lors de la perte de balle. Le plan de jeu de Dan Huet fonctionnait donc à merveille en 1ère mi-temps puisque son équipe menait grâce à une transition offensive rapide et n’avait pas encaissé de but.
Quelles ont été les limites de cette stratégie ?
Avec un bloc défensif bas, les joueurs du FC Wiltz ont concédé de nombreuses occasions et ont encaissé 3 buts malgré un impact physique au-dessus de la moyenne. Ce type de bloc amène les joueurs à être peu mobiles. Le danger vient donc du fait que leurs déplacements défensifs sont « à réaction » face à une équipe en mouvement. Ce Samedi, on a observé un FC Wiltz souvent en retard lorsque le joueur du Racing recevait le ballon. Il était donc impossible pour les joueurs de rattraper leur retard défensif lorsqu’un décalage était créé et avait déséquilibré le bloc. Face à une équipe juste techniquement, les Wiltzois ont donc commis de nombreuses fautes et ont concédé des occasions en 1ère mi-temps. Le côté droit, Biwer-Serwy, a d’ailleurs été rapidement « dans le dur ». Ce qui amènera peut-être Dan Huet à remplacer Serwy par Timmermans dès la 31ème minute (si ce changement n’est pas dû à une blessure du joueur). Malgré tout, et comme évoqué plus haut, les Wiltzois rentreront aux vestiaires sans avoir encaissé de but.
En revanche, dès la reprise, on a senti que les joueurs de Dan Huet ne reprenaient pas forcément le match avec autant de rigueur que lors des 45 premières minutes. D’entrée de jeu, le Racing réussissait, pour la 1ère fois, à trouver la profondeur dans le dos de l’arrière droit Ben Biver. Il est assez étonnant de concéder la profondeur lorsque son bloc est positionné aussi bas, cela marque donc un dysfonctionnement. A la 51ème minute, cette même phase de jeu se répétera et amènera une récupération haute de Yann Mabella qui déséquilibrera le bloc du FC Wiltz. Un déséquilibre tellement important qu’il permettra à Mabella de porter le ballon et de déclencher une frappe victorieuse sans être gêné. (1-1, 51ème). Le second but du Racing montrera une nouvelle fois le contraste entre les deux mi-temps wiltoizes puisque la passe décisive de Mersch sera facilitée par un 2 contre le seul défenseur Giargiana, pas aidé par le non-replacement défensif de son ailier Bunga. (1-2, 54ème, Dembele).
La proximité de ces deux buts illustre bien le fait que, pour que le plan de jeu de Dan Huet fonctionne, il faut une implication sans faille et une discipline totale de ses joueurs. Revenus sur le terrain en demi-teinte et assommés par l’égalisation, les joueurs de Wiltz ont donné les clés au Racing pour convertir des attaques pourtant identiques à celles de la 1ère période. Même s’il n’a jamais abandonné et a même réduit le score, même si le Racing a descendu son bloc après l’exclusion de Konte, il était compliqué pour nous, spectateurs, de sentir que le FC Wiltz avait les moyens de faire basculer le match avec un remplacement, un changement tactique.
Racing Luxembourg : L’ambition d’un bloc haut et l’importance du « dépassement de fonction » face à une équipe évoluant aussi bas.
Jeff Saibene proposait également une formation en 4-4-2.Comme évoqué plus haut, le Racing affichait l’ambition de prendre des risques en faisant participer au moins 6 joueurs lors des phases d’attaques placées. L’intensité de jeu et la qualité technique proposées leur permettront d’amener le ballon dans les 20 derniers mètres adverses. A la perte de balle, on observait un contre-pressing immédiat appliqué par les joueurs de Saibene, ce qui permettra de nombreuses récupérations de balle proches du but de Schon. La hauteur du bloc leur permettait également de gagner de nombreux seconds ballons, autres formes de récupérations de balle. Ce contre-pressing, lorsqu’il était gagnant, permettait au Racing d’attaquer face à un bloc wiltzois déséquilibré et donc de créer plus facilement le danger. Lorsque celui-ci était perdant, et face à des transitions offensives locales efficaces, on sentait que les défenseurs du Racing étaient en difficulté pour gérer les déplacements adverses.
On relèvera les distances latérales souvent trop importantes entre les 4 défenseurs qui ont permis de nombreuses passes verticales en profondeur vers un attaquant wiltzois. L’exemple type est celui de l’ouverture du score d’Ibrahimovic. Plus tôt dans l’action, c’est Cornet qui sera trouvé entre Amdy Konte et Gerard Mersch. Ces deux joueurs ne règleront d’ailleurs pas ce problème jusqu’à l’exclusion de Konte.
En 1ère mi-temps, la possession du Racing restait donc stérile. Il était notamment compliqué de trouver des solutions de passes dans l’axe. Cela était notamment dû à un nombre de déplacements offensifs, de dézonages, trop insuffisants pour déséquilibrer, avec des attaques placées, le bloc wiltzois. Face à un bloc bas, il est indispensable d’être perpétuellement en mouvement, de permuter les positions offensives. Ce fut la clé de la seconde période du Racing, sûrement exposée par Jeff Saibene à la mi-temps. On a clairement pu observer de nombreux « dépassements de fonction » de la part de certains joueurs. On pense notamment aux deux attaquants, Dembele et Mabella, que l’on a enfin vu quitter leur zone de jeu axiale pour travailler sur les ailes.
Sur le second but, on retrouvera d’ailleurs Mabella excentré et accompagnant le passeur décisif. Ces déplacements permettront également aux ailiers Tinelli et Simon de rentrer plus souvent dans l’axe, entre les lignes. Cela libérera les ailes et amènera Gerard Mersch à enfin imiter l’autre latéral, Gordon Büch, dans le travail offensif et délivrer une passe décisive. C’est cette succession de « dépassements de fonction » qui a permis au Racing de déséquilibrer le bloc adverse et de marquer 3 buts.
Thomas Fullenwarth
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