Jean-Sébastien Dauch engage la Fédération luxembourgeoise d’athlétisme dans la voie de la professionnalisation. Avec son plan de développement, le directeur général veut embarquer tout le monde dans la pratique du sport au Grand-Duché.
L’été a été notamment marqué par les Jeux Olympiques à Paris pour la Fédération d’athlétisme. Quel bilan vous tirez de la période estivale ?
Jean-Sébastien Dauch : « Le bilan est très positif. Pour commencer, on a eu quatre qualifiés ce qui n’était plus arrivé depuis longtemps. C’était déjà historique à ce niveau-là. Mais historique aussi par les résultats avec nos demi-finalistes Patrizia Van der Weken et Bob Bertemes. Bien sûr, on aurait aimé avoir des meilleures performances. La concurrence internationale est très forte. Malgré leurs bons scores, nos athlètes auraient pu faire mieux. Ça laisse de l’espoir pour l’avenir notamment avec Vera Hoffman (nouveau record national sur le mile extérieur à 4:48’68 au Monument Mile Classic à Stirling, NDRL) et Ruben Querinjean. En ce sens, les résultats sont exceptionnels« .
La Fédération a annoncé le lancement du Développement du plan sportif stratégique national pour la période 2025-2032. En quoi consiste ce projet ?
« Actuellement, l’athlétisme au Luxembourg vit un petit peu son âge d’or avec les performances dans les différentes compétions européennes et internationales. On est donc à un moment charnière pour capitaliser sur la vitrine que nous offre nos athlètes. Ce plan permet de repartir sur un nouveau cycle un peu plus structuré en se demandant comment développer l’athlétisme au niveau national sur du moyen et long terme. La Fédération a réussi à obtenir le soutien de trois institutions avec le World Athletic, le Comité olympique et le Comité national olympique. Ses trois structures nous ont permis d’avoir une bourse afin de s’attacher les services d’un expert international« .
Vous vous êtes notamment associés avec World Athletic. En quoi cette collaboration est importante pour le Luxembourg ?
« Elle est importante déjà financièrement. C’est grâce à eux que nous avons eu cette bourse olympique. Ce partenariat intervient grâce à notre capacité à entretenir de bonnes relations avec la Fédération internationale. Depuis plusieurs années, on démontre notre volonté de développer l’athlétisme de haut niveau. Le deuxième avantage, c’est la mise à disposition de leur expertise mondiale avec plus de 200 membres. Et puis, c’est aussi une caution. On ne peut pas être tout seul au Luxembourg. Il faut signer des partenariats. Grâce à World Athletic, on peut se rapprocher plus facilement d’autres institutions« .
De quelle manière l’expert international intervient ?
« Depuis cinq mois, l’expert écossais travaille sur la première étape de ce projet. Il est venu au Luxembourg pour passer en revue ce qu’est l’athlétisme dans le pays. Pour ce faire, il a rencontré toutes les parties concernées, c’est-à-dire les clubs, des juges, le comité de la Fédération, le staff, le ministère des Sports ou encore le COSL. L’objectif était de comprendre le système sportif luxembourgeois en demandant à chacun les évolutions, les points forts et les axes de travail. À la suite de ces rencontres, l’expert nous a proposé une première trame stratégique. On est en cours de relecture. Entre temps, il nous a demandé de consulter toutes les personnes qui pourraient être intéressées par ce sujet. C’est important que ce projet devienne le plan pour l’athlétisme au Grand-Duché, et non de la Fédération« .
Quels sont les premiers enseignements après les travaux lancés par l’expert ?
« Je me suis rendu compte que nous avons tendance à voir surtout ce qui ne fonctionne pas. La venue de cet expert nous a permis de se poser pour regarder tout ce qui a été fait depuis plusieurs années. Ce retour a été vraiment positif. Mais c’est aussi donner des priorités sur des choses que nous avons laissé de côté de manière volontaire, ou par manque de temps et de moyens. On a maintenant la possibilité de les faire jusqu’en 2032. Il ne s’agit pas de dire que tout va être réalisé tout de suite. On se fixe un cap pour aller voir nos différents partenaires et leur demander comment ils veulent nous aider avec ces nouveaux objectifs« .
Comment vous voulez que le sport soit représenté au Luxembourg d’ici à 2032 ?
« C’est l’une des questions auxquelles la Fédération doit répondre. Il y a trois ans au moment des JO de Tokyo, on a fixé des objectifs sur les grandes échéances internationales. Finalement, on s’est rendu compte qu’on était en dessous de ce que réaliser nos athlètes. On avait l’objectif final, mais il fallait construire autour pour reproduire ces performances. À l’époque, on ne sait pas interroger sur tout l’écosystème. Désormais, la question est au centre de notre plan. En 2032, on souhaite avoir une élite performante en accompagnant les ambitions des sportifs, mais aussi donner accès à la pratique de l’athlétisme pour tous. On veut aussi davantage de bénévoles pour développer la vie associative dans les clubs« .
L’un des enjeux reste d’attirer des nouveaux jeunes dans le monde de l’athlétisme. Ça doit se faire dès l’école et le plus jeune âge ?
« Il faut élargir notre écosystème en attirant de nouveaux licenciés. Pour le faire, on doit passer par le niveau scolaire. La Fédération a pris un peu d’avance à ce sujet. On est en train de faire un programme en partenariat avec l’Institut de formation de l’Éducation nationale et l’Institut national de l’activité physique et des sports. L’objectif est de proposer aux professeurs une pratique adaptée de l’athlétisme pour leurs élèves. On leur apporte les outils clés en mains pour les faire appliquer à l’école. Ensuite, on doit augmenter le nombre de jeunes dans les clubs. Mais dans tous les cas, c’est les amenés vers le sport quelque soit leur niveau« .
Le plan vise à accompagner les athlètes dans leur carrière. Qu’est-ce qui va concrètement changer pour eux ?
« On a déjà apporté des changements en leur apportant un encadrement plus professionnel et adapté. La Fédération met à disposition des personnes pour accompagner les sportifs dans leur performance. Les Jeux Olympiques ne sont pas une fin en soi, mais de réelles ambitions. Une fois atteints, les objectifs doivent être la recherche de résultat. Il faut déplacer le curseur entre être content d’avoir un qualifié et attendre des performances aux JO avec un certain nombre d’athlètes. Ce changement vise à respecter l’engagement des sportifs qui s’entraînent tous les jours. Mais on peut aller encore plus loin. L’étape suivante, c’est de répondre à la professionnalisation de nos membres avec un statut et une reconnaissance« .
Qu’est-ce qui fera la réussite de ce plan ?
« Tous les sujets doivent être accompagnés d’indicateurs de réussite. Ça va être le plus dur. Par exemple, quels sont les jeunes qui continuent après leur bac. Mais c’est aussi le nombre de licenciés dans les clubs avec des meilleures infrastructures et davantage d’entraîneurs. Ce plan est vraiment un grand puzzle. Pour qu’il soit réussit, il faudrait que toutes les parties voient l’ampleur de la tâche ce qui montrerait que le projet a fonctionné« .
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