L’escrimeur est sorti vainqueur de la première édition du tournoi espoirs d’Escrime Sud,
disputé à la fin du mois de novembre. L’occasion de faire le point avec l’épéiste sur ses
ambitions pour 2023.
Flavio, cette première victoire à l’échelon international, cela doit vous réjouir, bien sûr ?
Ça fait énormément de bien ! Cela fait longtemps que je cours après un podium international. J’avais fait un podium en Allemagne, une deuxième place, mais il n’avait pas le titre de circuit international. Donc ici c’était un tournoi B, le niveau le plus élevé en dessous des Coupes du monde. Il y avait vraiment du niveau, il y avait un Belge 13e mondial, celui que j’ai battu en finale a été champion du monde par équipe en 2018, il est dans les 50 meilleurs mondiaux… Et il y en avait d’autres. Ce n’était pas un petit tournoi même si, soyons honnêtes, il n’y avait pas non plus l’élite mondiale. Mais faire un podium, et en plus gagner à la maison, c’est forcément magique. Je ne pouvais pas rêver plus. Au début du tournoi, on m’a demandé quel était mon objectif, et je disais qu’avec ce gros tableau, si j’arrivais dans les 16, ce serait le minimum, dans les 8 ce serait bien, et si je faisais un podium ce serait super ! Mais de là à gagner, je ne dis pas que je n’y croyais pas, car j’y crois toujours, mais pour moi c’était improbable.
Cela arrive qui plus est à la suite d’une année 2022 qui n’aura pas été évidente sur le plan sportif. Pouvez-vous nous raconter ?
En effet, 2022 c’était très compliqué. Selon moi, je n’ai pas fait de bons résultats cette saison. Même si aux Championnats d’Europe je me classe bien, aux Championnats du monde je dois faire une 40e ou 42e place. Ce qui en soi n’est pas un si mauvais résultat, mais à mes yeux cela ne suffit pas. Je sors d’une saison assez décevante, mais où j’ai appris beaucoup de choses.
Dans quels domaines ?
J’ai fait des choix d’entraînement, de mauvais choix. Et maintenant au moins, je sais comment ne pas aborder une saison. En fait l’année dernière, par manque de partenaires d’entraînement, j’ai été en chercher à gauche, à droite. Régulièrement, une fois par semaine, j’étais à Paris, j’ai été en Italie, j’allais faire beaucoup de stages… Le problème, c’est que je n’ai pas remarqué que tous ces déplacements me fatiguaient. Je n’étais pas performant le jour J, et cette année j’ai un peu changé d’approche. Je dois encore aller chercher des partenaires d’entraînement, mais c’est beaucoup plus ponctuel, et je ne vais pas me fatiguer à aller un peu partout. Je me concentre sur l’essentiel. C’est la leçon que j’ai tirée d’une saison très décevante.
Actuellement vous occupez le 107e rang mondial, l’objectif est-il de retrouver le Top 100 en 2023 ?
Oui, clairement ! C’est le minimum. Je crois honnêtement que j’ai le niveau pour faire encore mieux, c’est-à-dire le Top 60, voire 50. Il faut juste que je réponde présent le jour J et sur les épreuves de Coupe du monde. Il ne faut pas oublier non plus que la saison dernière, je n’ai pas fait les tournois outre-mer. J’ai aussi été privé de deux tournois en Europe parce que j’étais positif au covid, donc je n’ai pas eu le droit de participer. Et cela m’a enlevé des points au niveau du ranking mondial. J’espère donc en marquer plus, et montrer de façon régulière ce que je sais faire. Jusqu’à maintenant j’ai fait des résultats, mais c’était souvent un résultat ici, puis deux mauvais tournois, puis de nouveau un résultat… J’aimerais trouver plus de constance. Parce que cette saison je commence bien, je fais une cinquième place sur le circuit français, qui était très relevé, avec les meilleurs Français du monde. Ensuite je fais deuxième en Allemagne, et puis je rate deux compétitions. J’étais dans le doute, je ne voulais pas que l’année dernière se répète. J’ai continué à bosser, cela a payé, mais je suis encore trop inconstant dans mes résultats.
En 2023, quels seront les grands rendez-vous dans ton calendrier ?
La qualification olympique de l’escrime débute en avril 2023 et elle dure un an, jusqu’à avril 2024. Donc durant cette période je vais essayer de gratter un maximum de points, dans les Coupes du monde ou en Grand Prix, afin d’améliorer mon classement mondial. Mais clairement, les trois objectifs principaux de 2023 seront les Championnats d’Europe, les Championnats du monde, qui seront pratiquement à la maison pour moi à Milan, et le gros focus avec le tournoi de qualification. Et dans ma tête, tout ce que je fais en ce moment est en lien avec cela.
Paris 2024, c’est clairement un objectif ?
Oui, car je ne sais pas ce qui va arriver après 2024. Idéalement, j’aimerais bien aller jusqu’à 2 028. Mais tu sais, j’ai 27 ans, 28 en mai prochain, donc je ne suis pas à l’abri des blessures à 100 %. Avec ma compagne, on va se marier, donc on ne sait pas de quoi demain sera fait ! Il y a beaucoup d’incertitudes et en cas d’imprévu, je préfère mettre le paquet sur 2024, parce que je ne veux pas avoir de regrets. Mais l’idée, c’est tout de même d’aller jusqu’à 2 028.
Physiquement, vous sentez que les années commencent à s’accumuler ?
Non, pas vraiment. Mais disons que le matin, j’ai les chevilles qui craquent un peu, qui font un peu mal. Disons que je prends plus soin de moi maintenant qu’il y a cinq ans. Avant, je bombardais les entraînements les uns après les autres, sans me soucier de rien. Maintenant, je fais un peu plus attention à mon alimentation, à mes heures d’entraînement, au sommeil, à la récupération, je vais chez le kiné plus régulièrement par exemple. Ce n’est pas car j’ai des problèmes, mais plutôt en prévention, car on ne rajeunit pas. (Rires.)
Avec le temps et l’expérience accumulée, arrivez-vous mieux à cerner vos points forts et vos points faibles désormais ?
Oui, on apprend avec le temps à mieux gérer ses points faibles. Parce que les points forts, on les connaît plus ou moins, et ce sont toujours les points faibles que l’on veut travailler et améliorer. Avec l’âge, on comprend aussi comment les cacher, par exemple quand on a un trou durant un match. C’est grâce à l’expérience – et en escrime on dit que plus on vieillit mieux c’est – car il y a des moments clés à gérer où il faut sortir la bonne action.
Que peut-on donc vous souhaiter de meilleur pour l’année 2023 ?
Retrouver le Top 100 mondial ! Et on ne sait jamais, mais je vise des Top 50 régulièrement en Coupe du monde. C’est très difficile, mais je pense que c’est mon niveau. Et sur une bonne journée, pourquoi pas viser plus loin encore ? Je l’ai déjà fait et j’aimerais le refaire.
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