Le Fola a joué comme un outsider, ce qu’il fait la plupart du temps, en donnant la priorité à son assise défensive en mettant de l’impact et de la discipline puis en utilisant bien le ballon à la récupération. Le Progrès, quant à lui, n’a pas réussi à mettre à profit ses temps forts pourtant plus nombreux que son adversaire. A travers cette analyse, nous allons voir comment les joueurs de Grandjean ont réussi à mettre à profit la domination de leur adversaire.
1ère clé de la victoire du Fola Esch : Un bloc bas, discipliné défensivement, et de rapides transitions offensives.
Sébastien Grandjean proposait un système défensif en 4-1-4-1 avec un bloc assez bas sur le terrain traduisant une volonté de laisser le ballon à l’adversaire. On a tout de suite pu observer deux lignes de 4 défenseurs et 4 milieux avec, placé entre celles-ci, la sentinelle Nenad Dragovic. Placé bas, et bien regroupé, ce bloc était mis en place pour mettre en difficulté le Progrès dans sa 1ère relance. En effet, on constate régulièrement que les joueurs de Léoni ont du mal à créer des décalages face à des lignes adverses serrées et cela leur a posé des problèmes ce Samedi. Nous y reviendrons dans le chapitre suivant. Les défenseurs du Progrès ont donc souvent choisi de procéder à de longues relances aériennes après des séries de passes latérales. L’intensité physique dans les duels et la discipline mises par les Folamen ont donc permis de nombreuses récupérations de balle proche de leur but. Pendant ces phases de jeu, l’objectif était d’amener le plus vite possible le ballon vers l’avant en cherchant via de longues passes latérales, idéalement au sol ou à défaut aériennes, vers l’un des 3 attaquants.
Le jeu long a souvent été privilégié à partir de la 30ème minute, moment ou le Progrès a décidé de prendre plus de risques en montant son pressing et donc en mettant plus de pression sur la 1ère relance eschoise. On a pu apprécier le gros travail physique des 3 joueurs, Boutrif-Omosanya-Correia Mendes, qui ont souvent réussi à prendre le pas sur leur adversaire direct pour conserver le ballon. Cela soulageait une équipe sous pression défensive et laissait le temps à leurs coéquipiers, notamment le duo de milieux Freire-Semedo, de venir en soutien pour se retrouver, balle au pied, face au jeu pour déclencher une phase d’attaque. Face à un bloc du Progrès forcément déséquilibré, la vitesse des joueurs du Fola leur permettait de garder le temps d’avance créé par les joueurs démarqués et d’amener le danger dans la surface de Flauss.
2ème clé de la victoire du Fola : Provoquer les erreurs de l’adversaire et s’en nourrir.
Cherchant à limiter, voire à annihiler complètement, les 1ères relances des défenseurs du Progrès, on a observé peu de prises de risques des joueurs du Fola dans le pressing. Ces derniers préféraient laisser leur adversaire faire circuler le ballon dans leur camp et mettre de l’impact défensif dans leur camp. Cependant, et ce lorsque les conditions idéales étaient réunies, on observait un pressing déclenché collectivement, notamment lors d’une passe latérale peu appuyée ou aérienne vers un défenseur latéral du Progrès. Cette phase de pressing est d’ailleurs à l’origine de l’ouverture du score de Boutrif. (1-0, 20ème). En effet, après de nombreuses passes latérales entre les 4 défenseurs du Progrès, un pressing sera appliqué sur Adrien Férino pendant la passe venant de son défenseur central. Le Fola récupèrera donc le ballon via une touche rapidement jouée (toujours avec l’objectif de garder le déséquilibre du bloc adverse) qui permettra d’obtenir un coup-franc, puis de marquer le 1er but du match. Dans ce cas, nous avons trouvé plus intéressant de mettre en avant l’origine de l’obtention du coup-franc amenant le but plutôt que la faute de main de Sébastien Flauss.
Le second but du Fola récompensera également une volonté constante de défendre en avançant que le coach Grandjean aura répété, de son banc, pendant tout le match. Après avoir passé une bonne partie de la seconde mi-temps à subir les assauts adverses, et sur un nouveau dégagement, un énième pressing sur le porteur du ballon provoquera une passe ratée de la part de Lamine Ba et donc une interception. En deux passes, le ballon arrivera dans les pieds de Omosanya qui réussira à doubler la mise à la suite d’un duel direct gagné face à Skenderovic. (2-0, 74ème). Le Fola a réussi à marquer ce second but à un moment clé du match puisqu’il a éteint un Progrès en plein temps fort depuis la reprise du match. Si les joueurs de Grandjean n’ont pas été flamboyants, on peut souligner leur match sobre et efficace. On pourra aussi mettre en avant la maturité tactique d’un milieu composé de deux joueurs de 20 (Semedo) et 22 ans (Freire) et le relais de Pimentel, à peine 24 ans.
Progrès : 30 minutes pour rentrer dans le match et, finalement, plus de temps forts mais un manque d’efficacité offensif et des erreurs techniques pénalisantes.
Stéphane Léoni proposait un système en 4-2-3-1 défensif qui se transformait en 4-1-4-1 à la possession du ballon. Le Progrès a mis 30 minutes à rentrer dans le match. Pendant cette période, on a pu constater, en phase de possession, les difficultés offensives des joueurs à créer des phases d’attaques placées. Face au bloc eschois présenté plus tôt dans l’analyse, on pouvait remarquer que les 3 milieux centraux, Barthelemy-Vogel-Muratovic, n’étaient pas assez en mouvement pour se sortir du quadrillage des milieux du Fola et jouer leur rôle de relais entre la défense et l’attaque. On observait donc des tentatives de jeu long afin de chercher la profondeur vers les attaquants. Face à des défenseurs eschois performants dans les duels aériens et sur les seconds ballons, il était compliqué de convertir ce type d’action. Aussi, le pressing assez désordonné des joueurs du Progrès n’a pas aidé à gêner les relances adverses. Devant, Mazure et Muratovic étaient trop bas et trop peu actifs pour gêner la ligne Mura-Dragovic-Ahmetxhekaj qui préparait ces fameuses relances verticales, option favorite du Fola, vers leurs attaquants.
Derrière ces deux joueurs, on voyait que Vogel et Barthelemy faisaient beaucoup d’efforts pour suivre les dézonages de leurs adversaires directs, Freire et Semedo. L’absence axiale des deux milieux défensifs du Progrès favorisait encore plus les relances eschoises et mettait en difficulté la défense. Ces éléments ont donc provoqué le seul temps faible du Progrès et cela lui coûtera l’ouverture du score. Malgré tout, ce but encaissé va forcer les joueurs de Léoni à se mettre en mode « urgence » et à mettre les ingrédients nécessaires pour bouger un bloc défensif bas et discipliné. Premièrement, on observera un pressing plus haut qui gênera enfin la 1ère relance eschoise et surtout qui permettra de remonter le bloc du Progrès grâce à une ligne de récupération plus haute. Offensivement, on a également pu voir des joueurs sortir de leur zone habituelle et mettre le mouvement nécessaire pour bouger les défenseurs adverses comme :
– Les déplacements de Muratovic s’éloignant enfin de la sentinelle Dragovic et offrant une option de relance entre les lignes.
– Les ailiers Bonhert et De Almeida rentrant dans l’axe pour se rapprocher de leur avant-centre et forcer la participation offensive de leurs défenseurs latéraux.
Tout cela aura permis au Progrès de mettre la main sur le match et de faire reculer, pour de bon, un Fola sous pression car moins à l’aise pour gérer la vitesse de ses adversaires. Le temps fort du Progrès commencera donc à ce moment et durera jusqu’au second but marqué par Omosanya. Malgré cela, les joueurs de Léoni n’ont pas mis à profit cette longue période de domination. Si, offensivement, ces derniers n’ont pas été performants dans la dernière passe et le dernier geste, ils ont également été plombés par deux erreurs techniques défensives qui ont été punies par un adversaire plus qu’efficace. Pour le coup, l’éventuelle polémique du but refusé par l’arbitre du match ne peut avoir d’importance tant les Jaune et Noir se sont créé les possibilités de prendre l’avantage. Lorsqu’on observe les matchs du Progrès Niederkorn cette saison, on constate que cette équipe a les qualités techniques et physiques pour prendre le match en main. De ce fait, les joueurs se doivent d’être performants offensivement pour convertir leurs nombreux temps forts et, défensivement, ont l’obligation de rester concentrés tout le match. On pourrait donc conclure que le « meilleur » ennemi du Progrès, en BGL Ligue cette saison, reste peut-être le Progrès lui-même…
Thomas Fullenwarth
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