Championnat à suspense, règles étonnantes, interactivité, effets lumineux, la Formule Electrique avait tout pour devenir la course du futur. Dix ans après sa création, analyse d’un décollage retardé.
Des OVNIs dans le monde du sport automobile. Des voitures qui prêtaient à sourire en 2014 pour la première saison lorsque Jean Todt, ancien directeur général de la Scuderia Ferrari à la grande époque Schumacher et président de la FIA depuis 2009, a réalisé une idée qui lui trottait dans la tête depuis plusieurs années : organiser des courses de véhicules 100% électriques dans des circuits urbains.
Mais rapidement, les règlements évoluent, les constructeurs peuvent intégrer leur propre moteur, et en 2019, la promesse de grand spectacle est garantie : désormais, la Formule E sera un véritable championnat du monde au même titre que sa grande soeur en F1, avec un show enthousiasmant. Des courses de nuit, des points attribués à la pôle position et au pilote qui aura su économiser le plus d’énergie en course, des boosts de vitesse dans les derniers tours donnés par les spectateurs (abandonnés en 2023), et le « mode attaque », inspiré de la célèbre franchise Mario Kart ! À l’instar des accélérateurs et autres champignons, si la voiture roule sur les flèches bleues, le pilote dispose de 35 kW de surplus de puissance, signalé par le halo qui s’illumine en violet. À utiliser avec intelligence pour ne pas gaspiller l’énergie disponible, ce qui accroit l’intérêt des stratégies en course.
Les bolides sont également plus performants et les carrosseries plus racées : depuis 2023 et la neuvième saison, la troisième génération de Spark Racing Technologies passe de 0 à 100 km/h en 2 secondes et offre une vitesse maximale de 322 km/h. Les circuits sont éphémères ou investissent des lieux désaffectés et permettent de découvrir Mexico, Sao Paulo, Tokyo ou encore Londres, à l’image de Vegas ou Monaco. Des lignes séduisantes, une conduite plus agressive qu’en Formule 1, des tracés urbains dans les plus grandes villes du monde et un greenwashing du sport mécanique qui auraient dû assurer à la FE un avenir des plus radieux.
Or, le championnat du monde reste confidentiel, la médiatisation n’est pas à la hauteur et les critiques pleuvent sur la prétendue plus-value environnementale du concept. Bien qu’elle utilise pour la production d’énergie des générateurs de carburant alimentés avec de la glycérine (un carburant 100 % renouvelable), la Formule E, partenaire du Programme des Nations unies pour l’environnement, mobilise comme toute autre compétition automobile le transport de fret et de matériaux qui cumulent à eux seuls les trois quarts de l’impact environnemental. L’événement en lui-même, qualifications et course, n’a pour incidence que sur 3% de l’impact environnemental.
Du côté de la FIA Formula E, la déclaration d’intention s’organise autour de quatre valeurs, les 4 E : excellence, équité, environnement, écosystème. « Notre objectif est de servir de modèle tout en contribuant à promouvoir activement la durabilité dans le sport automobile. Nous sommes sur la voie de l’amélioration continue, apprenant de chaque course, de chaque ville et de chaque communauté avec laquelle nous nous engageons. Cette politique n’est pas statique : nous nous engageons à continuer d’apprendre, d’évoluer et d’innover en exploitant les sensations et l’innovation des courses électriques pour accélérer la responsabilité environnementale et le progrès social. » (Jeff Dodds, CEO Formula E Operations Limited, juin 2024).
Classement final saison 2023-2024 :
Pilotes
Écuries
Mental Médias SARL
15 Rue Emile Mark
L-4620 Differdange LUXEMBOURG
m : moien@mental.lu