Il y a 110 ans, le cycliste luxembourgeois remportait Paris-Roubaix pour la seule fois de sa carrière. Il reste plus d’un siècle après le seul représentant du Grand-Duché a avoir inscrit son nom au palmarès de l’Enfer du nord.
François Faber, de son nom complet François Xavier Faber, cycliste professionnel luxembourgeois né le 26 janvier 1887 à Aulnay-sur-Iton, en France. Considéré comme l’un des plus grands cyclistes de son époque, Faber a marqué l’histoire du sport par ses exploits sur les routes du Tour de France. Dès ses débuts dans le cyclisme, Faber montre un talent remarquable. Il a commencé sa carrière en tant qu’amateur, remportant de nombreuses courses en France. En 1906, il décide de passer professionnel et remporte rapidement sa première victoire dans cette catégorie. Faber s’est fait connaître du grand public lorsqu’il a participé pour la première fois au Tour de France en 1908.
Malgré son inexpérience sur cette course prestigieuse, il s’y révèle en remportant deux étapes. Sa détermination et sa puissance ont attiré l’attention des médias et du public, faisant de lui un coureur à suivre de près. L’année suivante, en 1909, Faber a réalisé l’exploit de devenir le premier cycliste étranger à remporter le Tour de France. Il y endosse le maillot jaune dès la deuxième étape et le conserve jusqu’à la fin de la course, terminant avec une avance confortable sur ses rivaux.
Paris-Roubaix, la dernière grande victoire de sa carrière
Sa victoire suscite alors l’admiration et l’enthousiasme, tant au Luxembourg qu’en France.
En 1911, Faber répéte son exploit en remportant à nouveau le Tour de France. Cette fois-ci, il confirme sa supériorité en remportant trois étapes et en terminant avec une avance encore plus importante sur ses concurrents. Sa domination sur cette course légendaire a solidifié sa place parmi les plus grands cyclistes de tous les temps.
Outre le Tour de France, Faber a également brillé dans d’autres compétitions cyclistes majeures. Il a remporté Liège-Bastogne-Liège en 1909, une course d’un jour réputée pour sa difficulté. Il a également obtenu des succès lors de courses internationales, notamment en Italie, sur le Tour de Lombardie 1908, sur Paris-Bruxelles et Paris-Tours 1909, et sur Paris-Roubaix en 1913. Cette année là, Francois Faber fait son retour dans l’équipe Peugeot, où il retrouve Alphonse Baugé en tant que directeur sportif après l’avoir côtoyé chez Labor et Alcyon. Son départ de chez Alcyon s’explique en raison des relations compliquées entre Léopolod Alibert, le nouveau directeur sportif de l’équipe.
De retour dans la formation avec laquelle il a remporté le Tour de Lombardie quelques années plus tôt, le Luxembourgeois va effectuer un stage en début de saison du côté de l’Auvergne. Un entraînement qui va se révéler payant le 23 mars 1913, lorsque François Faber est le premier à passer la ligne au vélodrome de Roubaix devant son coéquipier belge Charles Deruyter et Charles Crupelandt. Cette année là, il va également remporter deux étapes du Tour de France, à Grenoble lors de la 10e étape, et à quelques encablures du Luxembourg à Longwy lors de la 13e. C’est à l’automne suivant qu’il effectuera son seul et unique séjour au Grand-Duché sur invitation de Paul Eyschen, le chef du gouvernement d’alors. Le 30 octobre, il épouse sa bien-aimée Eugénie, et son directeur sportif Baugé est un de ses témoins.
Le Tour de France 1914 sera sa dernière épreuve. Pas dans la course à la victoire au général, Francois Faber remportera encore deux étapes, dont une de nouveau à Longwy lors de la 13e étape, puis le lendemain à Dunkerque, ultime fois où le coureur lèvera les bras sur une ligne d’arrivée. Car au moment même où a débuté ce Tour 1914, l’archiduc Francois-Ferdinand d’Autriche est assassiné à Sarajevo, ce qui va déclencher quelques semaines plus tard la Première guerre mondiale qui va ensanglanter l’Europe…
« La France a fait ma fortune, il est normal que je la défende »
Malheureusement, la carrière exceptionnelle de François Faber est donc tragiquement interrompue par la Première Guerre mondiale. Comme de nombreux sportifs de l’époque, il s’engagea sur le front. Etant de nationalité luxembourgeoise, c’est donc au sein de de la Légion étrangère qu’il va signer un contrat d’engagé volontaire au bureau de recrutement du département de la Seine le 22 août 1914. Affecté au 1er régiment étranger de Bayonne, il rejoint ensuite le 2e régiment de marche basé au camp de Mailly dans l’Aube. En octobre 1914, il rejoint le front et le 1er janvier 1915 il est nommé caporal. C’est là qu’il apprends la grossesse de sa femme, qui accouchera le 5 mai d’une fille, Raymonde. Dans la dernière lettre adressée à son épouse il écrit : « Pourtant on peut envisager franchement la situation car aucun de nous est immortel. Je suis donc heureux que nous soyons papa et maman car cela aurait été un cauchemar si il m’était arrivé malheur. Tout t’appartient au cas où… Faut bien l’envisager, je serai buté. Oui, jusqu’à ta mort tu pourras disposer du peu que nous avons sans même que la gosse ait à y mettre son nez »
Le 9 mai 1915, lors de la bataille de Carency, Faber est tué au combat comme 15 des 154 engagés sur le Tour 1914, laissant derrière lui une carrière prometteuse et un héritage à nul autre pareil dans le monde du cyclisme. François Faber reste de nos jours une figure légendaire du cyclisme, un symbole d’excellence et de bravoure. Sa mémoire est honorée chaque année lors du Tour de France, où une étape lui est dédiée. Son nom est également associé à des rues, des places et des monuments commémoratifs au Luxembourg et en France.
Au-delà de ses succès sportifs, Faber était apprécié pour sa personnalité charismatique et son humilité. Il était connu pour être un homme simple et généreux, aimant le contact avec le public et les fans. Son héritage perdure aujourd’hui, inspirant de nombreux cyclistes à poursuivre leurs rêves et à repousser leurs limites. François Faber restera à jamais une icône du cyclisme, un homme qui a su allier talent, détermination et passion pour la bicyclette. Son nom demeure gravé dans l’histoire du sport, rappelant à tous les amateurs de cyclisme la grandeur d’un homme qui a marqué son époque par sa fougue et son talent sur deux roues.
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