La rencontre entre Hostert et Rumelange le weekend dernier a donné lieu à une scène aussi répugnante que désolante. Au moment de tirer son pénalty pour placer Rumelange aux commandes, Hervaine Moukam, ancien Champion de Biélorussie avec le Bate Borisov, a dû endurer des cris de singe de la part de certains tristes sires depuis les gradins. Il est revenu avec nous sur cette situation pénible et nous a livré ses impressions sur le match.
Parlons d’abord du match, est-ce que le nul était mérité ?
J’ai envie de dire oui et non. Ils ont raté un pénalty très tôt et globalement, c’était difficile pour nous dans l’entame de match. On a vu qu’on ne pouvait pas pratiquer notre football habituel, on a changé d’approche et après ça, on a repris le dessus. Je pense qu’un score de 3-2 en notre faveur aurait été logique.
Qu’est-ce que vous pensez du pénalty accordé à Hostert en fin de rencontre ?
J’étais personnellement assez loin de l’action. Je ne peux dire que ce que j’ai entendu des défenseurs. Ils m’ont dit que le gars (n.d.l.r. Kilian Amehi) se laisse bien tomber. C’est lui qui va chercher le contact et il a réussi à induire l’arbitre en erreur.
Quand on a un match qui se joue sur un pénalty plus que litigieux pendant les arrêts de jeu, on assiste souvent à beaucoup de tension qui peut amener des échauffourées. Ce n’était pas du tout le cas ici. Est-ce qu’on peut dire qu’il y a un profond respect entre les 2 effectifs ?
Il n’y avait aucune tension entre les deux équipes. Pour certains joueurs adverses, on se connait bien en dehors du football. Dès qu’il y avait un duel ou un contact un peu plus appuyé, on venait tout de suite pour calmer les esprits, justement parce qu’on a des potes avec le maillot adverse. On voulait simplement profiter du moment présent.
Il y a malheureusement eu des cris racistes qui sont venus des tribunes lorsque vous avez inscrit votre pénalty. Est-ce que vous les avez entendus depuis le terrain ?
Moi, je ne les ai pas entendus. Mais par contre, un des adjoints du coach les avait entendus, mais il n’était pas certain à 100%, parce qu’il était dans l’euphorie du match. La vidéo est venue tout confirmer. J’étais surpris. Pas choqué, mais surpris. C’était la première fois que ça arrivait au Luxembourg…
Il n’y a qu’une seule chose à faire dans ces cas-là. Réagir, dénoncer…
Ce sont des choses qui ne me touchent pas personnellement. J’ai compris depuis assez longtemps que dans n’importe quelle tranche d’une population, il y a des esprits forts et des esprits faibles. Mais je tenais à réagir pour toutes les personnes qui peuvent être impactées. On ne joue pas dans un grand stade de 60’000 personnes, où on n’a pas d’influence sur ce que fait la foule. Il n’y avait peut-être même pas 100 personnes. Ces individus se sont comportés de cette manière en tribune et ça n’a visiblement offusqué personne. C’est ça qui est dommage.
Vous avez mentionné que c’était la première fois que vous étiez victime de comportements racistes au Luxembourg. Est-ce que cela veut dire que vous en avez été victime dans d’autres pays ?
C’est la deuxième fois que ça m’arrive. La première fois, je n’avais même pas encore commencé ma carrière professionnelle. C’était à un tournoi international au Torino, que je disputais avec le FC Metz, j’avais 16 ans. J’ai eu à mon encontre des cris de singe, et d’autres paroles racistes. Ce qui s’est passé à Hostert m’a rappelé ce moment. Je suis surpris et choqué d’avoir à nouveau vécu cela.
Quelles actions attendez-vous de la part d’Hostert et de la FLF ?
Je ne sais pas quelles mesures Hostert pourrait prendre et c’est une décision qui lui appartient. La fédération luxembourgeoise devrait prendre des sanctions, parce qu’on ne peut pas normaliser cela. On est en 2024, il faut que les choses avancent. Et si un tel comportement se produit 10 fois, il faut que les responsables soient sanctionnés 10 fois. Une lettre a été envoyée à la fédération par mon club qui m’a soutenu et qui me soutiendra jusqu’au bout. Maintenant, la balle est dans le camp de la fédération.
Andy Foyen
Mental Médias SARL
15 Rue Emile Mark
L-4620 Differdange LUXEMBOURG
m : moien@mental.lu