Hugo Dias : « On veut toujours avoir le ballon »

5 minutes
Hugo Dias
Andjelko Markulin

Arrivé fraîchement cet été après avoir fait une très belle saison aux côtés d’Adrien Daniele à Wormeldange, Hugo Dias a repris la tête d’une des équipes fortes de ce championnat de D1 dames. Entre son arrivée difficile et les bons résultats, Hugo Dias retrace cette phase aller sans tabou. Mamer est troisième au classement à la trêve.

Hugo, pouvez-vous nous raconter votre arrivée au FC Mamer 32 ?

Je ne vais pas le cacher, les débuts ont été compliqués, voir chaotiques. Tiago Pereira avait fait une top saison, il était très proche de son groupe, et puis du jour au lendemain les joueuses apprennent sur les réseaux que le comité ne l’a pas conservé. Moi je suis arrivé là-dedans, beaucoup de départs étaient annoncés, le contexte était tendu. Puis finalement, les joueuses ont décidé de rester, j’ai essayé de faire en sorte qu’elles puissent avoir les réponses à leurs questions de la part de la direction. Je leur ai aussi expliqué que j’étais là pour les pousser à aller plus loin, que je ne bloquerai jamais des opportunités à l’étranger, au contraire. Les choses se sont apaisées et nous avons pu démarrer le travail ensemble. Le départ de Marisa, qui était un pilier, a un peu chamboulé les esprits, mais les choses se sont stabilisées et l’idée était de garder une certaine continuité, ne pas tout bouleverser. Je suis aussi là pour amener ma touche personnelle. 

Justement, qu’est-ce que vous avez amené ?

Un gros travail a été fait l’an passé. L’idée, ce n’était évidemment pas de changer les habitudes, mais forcément chaque entraîneur à sa sensibilité et sa vision. J’ai apporté du changement dans les séances, nous avons aussi décidé de séparer les groupes A et B, afin de plus travailler par « niveau » et laisser aussi du temps aux jeunes dans leur apprentissage, ne pas les bousculer. Je pense aussi que le style de jeu est différent. Le Mamer de cette année joue différemment de la saison passée, ce n’est pas le même Mamer.

Vous êtes passé d’adjoint a WMG à entraîneur principal à Mamer, est-ce que cela change beaucoup ?

Oui et non. Non, car à WMG on se partageait beaucoup les choses avec Adrien. Lui, plus sur bâtir du solide sur cette équipe A et moi un gros travail avec les plus jeunes. Mais à la fois oui, car tu arrives dans une équipe avec un certain vécu, des résultats, des joueuses plus expérimentées. Je connaissais la qualité des joueuses, mais être au cœur et à l’intérieur c’est encore plus agréable de travailler avec ce niveau-là. J’ai dû m’adapter aussi, finalement c’est un vrai échange d’apprentissage : j’essaye de leur donner des outils et options en plus, et en retour elles me font progresser en tant qu’entraîneur.  

Quel bilan tirez-vous de cette première partie de saison ?

Le bilan est à mon sens positif avec 8 victoires, 2 nuls et 1 défaite. On va être honnête, on espérait être plus collé au Racing à la trêve, la défaite contre Bettembourg nous a fait mal et perdre de précieux points. On savait qu’il ne fallait pas faire ce faux pas. Après, la deuxième partie de saison peut encore avoir son lot de surprises, rien n’est encore joué. On a prouvé que l’on pouvait rivaliser avec n’importe qui. Le match aller contre le Racing était en notre faveur jusqu’à cette égalisation à la dernière minute… Nous ne comptons rien lâcher, nous serons au taquet sur cette phase retour ! Et puis devant ils savent aussi qu’il ne faut pas se reposer sur ses lauriers, les matchs sont plus difficiles. Bettembourg s’est bien renforcé, Differdange bâtit quelque chose de solide, Junglister remonte fort… Hâte de voir ce deuxième tour. 

Qu’est-ce qu’il vous manque encore pour aller chercher cette première place ?

Je pense qu’il nous manque encore un peu de gniac, imposer notre jeu, montrer que l’on peut être au-dessus pas uniquement sur le papier mais aussi dans le jeu sur le terrain. Il faut que nous soyons constants. Je pense que les filles ont besoin d’un petit déclic, un pallier à passer. Une fois que ce sera fait, elles prendront conscience qu’elles peuvent aller loin et qu’elles n’ont rien à envier à personne. 

Nous avons la meilleure attaque et nous prenons quelques buts en plus que nos concurrents directs, mais c’est le jeu que nous voulons qui veut ça. Nous sommes une équipe qui veut toujours avoir le ballon, qui se projette, qui veut beaucoup marquer (51 buts marqués déjà !), donc forcément ça implique de s’exposer plus et de parfois le payer cash sur une contre-attaque. Notre style implique cela.

Comment trouvez-vous le niveau du championnat cette saison ?

C’est un championnat qui reste tout de même à deux vitesses. Il y a des équipes qui malheureusement font avec leur moyen mais c’est compliqué. Je pense notamment aux promus Red Black Egalité et l’Union-Mertert. Selon moi, il faudrait réduire ce championnat de 12 à 10 équipes pour resserrer encore le niveau. Ce qui est encourageant en revanche, c’est que certains clubs investissent, comme Differdange qui vient de monter. Ils ont réussi déjà en peu de temps à instaurer une belle dynamique, qui va grandir sur la durée. Il ne faut pas rater le train, il faut progresser au même rythme que les autres pour ne pas décrocher. Et, ce qui est super positif, c’est qu’en majorité les matchs sont beaucoup plus serrés et disputés. Il y a moins de scores fleuves, comme ceux que l’on a pu voir les saisons d’avant.

Interview réalisée par Betty Noel

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