Plus que le public enfin de retour et euphorique, plus que certains matchs absolument passionnants, et plus encore que certains joueurs qui auront offert des prestations époustouflantes, le moment que l’on retiendra assurément avant tout de ce premier tour de l’Euro 2020 est évidemment l’effondrement de Christian Eriksen. Des images terribles, tétanisantes sur lesquelles nous avons tous tremblé, terrorisés à l’idée que devant nos yeux impuissants, un homme de 29 ans puisse tomber sur une pelouse pour ne plus jamais se réveiller.
Dieu merci, le numéro 10 danois est aujourd’hui sain et sauf. S’il faut évidemment applaudir le corps hospitalier ayant pris en charge le joueur, il paraît impensable de ne pas parler avant tout de la réactivité exemplaire des joueurs et corps médical en place au stade. En quelques secondes à peine, le onze danois avait compris la situation, et haranguait les secours. Ces derniers ont réussi à arriver en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire au chevet du joueur, avant de commencer les soins nécessaires. Plus touchante encore, l’image de ses joueurs, amis, qui, comme un seul homme, décidèrent d’entourer leur coéquipier pour empêcher toute forme de voyeurisme
sur ce moment à glacer le sang. Malgré l’émotion, malgré la peur de perdre l’un des siens, tous et chacun ont su apporter une dignité à l’impensable, un voile de pudeur dans un tourbillon de malheur. Symbole de tout cela, le capitaine Simon Kjaer, qui, entre réactivité, protection et encouragement réussissait à trouver le temps de rassurer la femme du joueur, en proie à la détresse et venue sur la pelouse pour rejoindre son mari à l’avenir alors incertain. C’est ce genre de réactions, d’images, de supporters généralement opposés, soudés le temps d’un drame qui nous rappelle que derrière le strass et les paillettes, les chambrages et provocations et autres composantes du football business se trouvent bien des hommes, dans le meilleur sens du terme, pour qui le ballon rond est un plaisir avant tout, et qui non, ne sont pas déconnectés de la vie réelle. SI cela a été dit, redit, encore et encore, il nous paraissait nécessaire de le rappeler une dernière fois : courage et solidarité à Christian Eriksen, et un grand bravo à tous ceux ayant aidé à éviter un drame effroyable.
L’Italie est ressuscitée ! Après avoir manqué le Mondial 2018, la Squadra Azzurra a épaté les observateurs lors de ce premier tour de l’Euro. Avec trois victoires, aucun but encaissé, et surtout un jeu séduisant, elle s’est réconciliée avec ses tifosi lors de ses trois sorties au Stadio Olimpico de Rome. Cette Nazionale version Mancini est en tout cas loin du catenaccio et de l’image des systèmes ultra-défensifs qu’on a pu lui prêter par le passé.
Les absences de Pellegrini et Sensi sur blessure n’ont pas pesé comme on pouvait le craindre sur le collectif de l’Italie. Lorenzo Insigne a assumé son statut de leader technique de l’équipe transalpine, tandis que son compère et ami Ciro Immobile a lui trouvé le chemin des filets à deux reprises. Un trio offensif ou Domenico Berardi a lui aussi brillé grâce à ses qualités techniques. Des prestations qui lui vaudraient désormais l’attention de Tottenham…
En défense, cette Italie a su rester imperméable malgré la blessure de Giorgio Chiellini face à la Suisse. En trois rencontres, l’arrière-garde italienne a concédé 12 frappes, dont trois tentatives cadrées seulement. Autant dire que Gigio Donnarumma peut dormir sur ses deux oreilles. Le portier italien a également profité de la pause entre les phases de poule et les huitièmes de finale afin d’aller signer son contrat au PSG.
Mais si un homme mérite bien des louanges au regard des performances de l’Italie, c’est son sélectionneur Roberto Mancini. Successeur de Giampiero Ventura, il a repris une équipe en déliquescence et l’a façonné à l’image du joueur qu’il était. Donnant du temps de jeu à des jeunes joueurs, il a permis à la Squadra Azzurra de se réinventer et de proposer un football en adéquation avec les qualités de ses leaders. Et grâce à ses trois victoires lors de la phase de poule de l’Euro 2020, Roberto Mancini a battu un record qui tenait depuis 1939 (!), celui de Vittorio Pozzo, sélectionneur emblématique de l’Italie des années 30 et qui avait su garder son équipe invaincu durant 29 matchs. Samedi l’Italie affrontera l’Autriche à 21h pour une place en quarts de finale.
L’Italie et les fans de football ont pu découvrir (ou redécouvrir) lors du premier tour de l’Euro cet élégant milieu de terrain de 23 ans. Alors que ses performances lui valent désormais d’être dans le viseur de la Juventus (l’officialisation de son arrivée devrait rapidement intervenir), retour sur la trajectoire contrariée de l’international aux 12 sélections.
Originaire de Lecco en Lombardie, il intègre les équipes de jeunes de l’Atalanta Bergame, puis du grand Milan AC en 2009 alors qu’il à 11 ans. Passé professionnel en 2016, il réalise son rêve en intégrant l’équipe première des Rossoneri. C’est d’ailleurs lors d’un match contre son club actuel que Manuel Locatelli fait parler de lui pour la première fois. Après avoir remplacé Riccardo Montolivo, il inscrit son premier but en Serie A d’une reprise de volée.
Mais c’est face à la Juventus quelques mois plus tard que Manuel Locatelli va crever l’écran. A San Siro, il est le seul buteur du match, grâce à un extérieur du pied exceptionnel qui va se loger dans la lucarne de Gianluigi Buffon. On se dit alors que ce produit de Milanello va devenir un des cadres du Milan AC. Et pourtant, rien n’en sera… Prêté à Sassuolo en 2018, il sera transféré définitivement dans le club de la banlieue de Modène l’année suivante. C’est seulement en septembre 2020 qu’il sera convoqué pour la première fois par le sélectionneur de la FIGC Roberto Mancini pour affronter les Pays-Bas à Amsterdam. En mars 2021, il inscrit son premier but sous le maillot azzurro face à la Bulgarie. Les deux suivants arriveront face à la Suisse lors du deuxième match du groupe, ou Manuel Locatelli sera également élu homme du match. Si il n’était pas un titulaire indiscutable en début de compétition, Locatelli sera désormais bien difficile à déloger du onze de base de la Squadra Azzurra pour la suite de la compétition…
L’impression que cela faisait des années que l’on attendait cela. On avait presque oublié ce que cela faisait d’entendre des chants, de voir du mouvement en tribunes, des drapeaux et écharpes qui s’agitent dans tous les sens. Mais surtout, la sensation de ne plus regarder le même sport lorsque les tribunes ne sont plus tristement vides. Si la grande majorité des stades n’étaient pas remplie, mesures sanitaires obligent, l’ambiance formidable a répondu présent aux quatre coins de l’Europe. Seville, Amsterdam, Rome ou encore Londres : tant de villes qui ont réussi à dynamiter l’ambiance et donner l’impression d’assister à des rencontres à guichets fermés. Et que dire de Budapest, seule ville de cet Euro 2020 à autoriser une ouverture totale de son stade au public. Si malheureusement, une frange de l’extrême droite n’a pas pu s’empêcher de se démarquer avec des chants aussi stupides qu’ignorants, l’ambiance a tout simplement été absolument extraordinaire, à l’image de ce Hongrie – France dans laquelle il était impossible pour les joueurs de s’entendre parler.
Il est d’ailleurs bon de noter qu’il n’y a eu jusqu’à présent aucune échauffourée particulière, de pugilats ou règlements de compte. Comme si tous et chacun avaient réalisé la chance de pouvoir à nouveau profiter d’une place assise, près de l’action, et ne voulaient pour rien au monde perdre cette opportunité précieuse. Les spectateurs nous ont rappelé à quel point ils pouvaient changer le sens d’un match, et combien le fait de jouer à domicile était une réelle valeur ajoutée.
Et, à l’image de ce Finlande – Danemark mémorable, que l’amour d’une nation n’était pas indissociable de l’aveuglement du patriotisme ou fanatisme. Plus que jamais, les supporters se sont rendus particulièrement indispensables. Un célèbre proverbe français clame que « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ». Imaginez donc ce que les joueurs ont dû vivre lorsque ce n’était pas une, mais soixante milles individualités qui avaient disparu. Et le plaisir ressenti lorsque celles-ci étaient enfin de retour.
À l’instar de l’Italie et de la Belgique, les Pays-Bas ont eux aussi réussi le sans- faute durant les phases de groupe de cet Euro 2020. Certes les Néerlandais n’étaient pas placés dans le groupe le plus huppé, avec comme adversaires l’Ukraine, l’Autriche et la Macédoine du nord. Mais le potentiel offensif aperçu durant ces trois rencontres à plutôt rassuré pour une sélection que l’on annonçait en petite forme.
Très critiqué dans son pays avant le début de la compétition, Frank De Boer a pour l’heure fait taire les sceptiques du royaume. Il faut dire qu’avant de prendre en main les Oranje, la carrière d’entraîneur de De Boer n’a pas connu une trajectoire idéale. Bien que ses débuts à l’époque sur le banc de l’Ajax (2010/2016) aient été couronné de succès avec quatre titres de champion et une Supercoupe des Pays- Bas, la suite ne fut pas glorieuse… Trois mois après avoir été nommé entraîneur de l’Inter en août 2016 il est déjà remercié, tandis qu’en 2017 à Crystal Palace il ne reste que quatre matchs à la tête de l’équipe… C’est ensuite aux Etats-Unis qu’il trouvera l’exil en MLS, avant de revenir en Europe diriger la sélection de la KNVB.
Un retour en grâce donc pour De Boer, qui a su s’appuyer sur des cadres comme Memphis Depay et Georginio Wijnaldum, mais aussi des jeunes à qui il a fait confiance comme Denzel Dumfries (voir par ailleurs). Mais c’est surtout concernant son sytème de jeu en 5-3-2, loin du 4-3-3 traditionnel et emblématique du football total batave, que le sélectionneur du plat pays a fait taire les critiques. Un système a priori à vocation défensive mais qui a fait ses preuves puisque les Pays-Bas sont l’équipe qui a le plus marqué dans la compétition (8 buts), et ce sont eux aussi qui ont récupéré le plus de ballons (155). Et ils n’auront encaissé que deux buts en trois sorties, c’était lors de la spectaculaire rencontre face à l’Ukraine. Arrivés avec des ambitions revues à la baisse, les Pays- Bas pourraient bien jouer des tours aux favoris annoncés…
Il porte le même prénom qu’un célèbre acteur américain, mais bien que lui
aussi ai été un des «Man on fire» des Pays-Bas lors du premier tour, Denzel Dumfries ne fait pas de cinéma sur le terrain! Avec deux buts, le latéral droit du PSV Eindhoven est en train d’attirer les convoitises d’autres écuries européennes plus huppées. Originaire d’Aruba, île des Caraïbes administrée par les Pays-Bas, il évolue en sélection néerlandaise depuis 2018, alors qu’en 2014 c’est encore chez les amateurs du BVV Barendrecht qu’il tâtait le cuir! Une révélation.
Face à l’Ukraine, c’est lui qui d’un coup de casque a offert les trois points aux siens, avant d’obtenir un penalty face à l’Autriche, puis d’inscrire en contre le but du 2-0. Au total dans les surfaces adverses il a touché plus de ballons que (13) que Cristiano Ronaldo (12), Robert Lewandowski (11), Karim Benzema (7) ou encore Harry Kane et Romelu Lukaku (6) (statistiques arrêtées au 22 juin). Joueur à l’activité incessante, il avoue lui-même être un fan d’un certain Dirk Kuyt, qui ne rechignait pas non plus à mouiller le maillot.
Le futur joueur du Paris Saint-Germain a réalisé une phase de poule XXL avec sa sélection. Avec trois buts en trois rencontres, il fait partie des trois joueurs ayant réussi à atteindre ce total avec Cristiano Ronaldo et Patrik Schick (ndlr: au 22/06). Plus de buts en trois matchs que lors de la saison entière avec Liverpool (2). Trois buts qui ajoutés au 22 qu’il avait déjà inscrit place le milieu de terrain au-dessus de Marco Van Basten au rang des meilleurs buteurs de l’histoire de la sélection batave. Elu homme du match face à la Macédoine du nord, son abattage au milieu de terrain constitue un des rouages essentiels du onze de Frank De Boer. Son entente et sa relation « spéciale » avec Memphis Depay est une autre des clés du succès des Oranje à cet Euro. On a déjà hâte de revoir Georginio Wijnaldum à l’œuvre dans cet Euro 2020…
De cette équipe d’Allemagne, il était difficile de savoir ce qui allait ressortir. Allions-nous encore assister à une déroute ? Etait-ce l’heure du dernier baroud d’honneur pour le vétéran Joachim Low sur le départ ? Thomas Müller allait-il écrire une nouvelle page formidable de son histoire en menant d’une main de maitre la sélection dans ce groupe de la mort ? Beaucoup d’options étaient envisageables. Celle de voir un latéral gauche être considéré comme l’élément indispensable de son équipe : beaucoup moins. Mais c’est pourtant ce qui est arrivé, avec l’éclosion au grand public de Robin Gosens, absolument monstrueux et intenable sur son aile, à enchaîner les allers-retours et distiller des ballons quasiment tout le temps dangereux. Il faut dire que le jeune latéral n’est pas né de la dernière pluie. Impressionnant à l’Atalanta depuis maintenant quatre ans, le joueur de 26 ans a largement prouvé ces dernières années toutes ces qualités, et ses capacités à apporter tant sur le plan offensif que défensif. Ne lui manquait plus qu’une compétition à la visibilité médiatique forte pour définitivement entrer dans la diaspora des grands joueurs. Voilà donc chose faite avec ce premier tour de l’Euro 2020, où ses appels, courses et centres tranchants auront rendu fou ses adversaires d’un soir.
Gosens profite aussi, il faut bien l’admettre, du changement tactique opéré par Joachim Low. En installant un système en 5-3-2 modulable en 3-5-2 en phases offensives, le sélectionneur allemand offre sensiblement à son latéral le même poste que celui endossé sous les couleurs de l’Atalanta Bergame. À savoir un couloir qui lui appartient à
lui tout seul, dans lequel le joueur doit assumer ses responsabilités et avaler les kilomètres. Un rôle qui sied parfaitement au numéro 20 qui impressionne depuis le début de cette compétition, au sein d’une Mannschaft pourtant jusque maintenant assez irrégulière. Cette dernière devra assurément compter sur lui face à l’Angleterre dans ce qui sera l’un des plus gros chocs de ces huitièmes de finale, au risque de rentrer prématurément à la maison. Un trajet que Gosens pourrait parfaitement faire à pied, avec toute l’essence restante dans son réservoir.
Il n’y a pas que Gareth Bale et Aaron Ramsey chez les Gallois qui ont participé aux bonnes performances de leur équipe dans ce début de compétition de l’Euro 2020. Le milieu de terrain de Manchester United Daniel James s’est lui aussi montré à son avantage sur le côté droit des Dragons. A 23 ans, celui qui n’a joué que quinze matchs en Premier League avec Man U cette saison (3 buts et 1 passe décisive) retrouve des couleurs avec sa sélection.
En faisant parler sa pointe de vitesse (flashé à 33,5 km/h), il se révèle être le parfait pendant côté droit de Gareth Bale. Convaincant face à la Suisse (1-1), il a
fait son meilleur match de la phase de poule lors de la victoire 2-0 des Dragons gallois face à la Turquie (2-0) ou il est revenu plusieurs fois dans le onze type
de la deuxième journée de l’Euro dans les médias britanniques. Titulaire face à l’Italie, il a ensuite laissé sa place à l’autre gallois évoluant à Manchester United Dylan Levitt.
Face au Danemark samedi, Daniel James sera encore une nouvelle fois pas le joueur le plus observé de cette équipe galloise toujours difficile à jouer, mais il pourrait profiter de ce huitième de finale pour se mettre en lumière une nouvelle fois, et pourquoi pas avec ses coéquipiers imiter le parcours extraordinaire réalisé à l’Euro 2016. Concernant son futur à Manchester United, le vice-champion pourrait décider de le prêter afin qu’il s’aguerrisse ailleurs en Premier League. Les prétendants devraient être au rendez-vous.
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