Comment évalues-tu la progression du Swift depuis ton arrivée ?
On est plus ou moins dans les objectifs du club. C’est la troisième année que l’on évolue en BGL Ligue. La première, on a failli être champion : si le Fola ne l’emportait pas et qu’on gagnait, on récupérait le titre. L’année dernière, c’était un peu plus compliqué à cause d’un début de saison raté avec un désir d’intégrer des jeunes qui n’a pas trop fonctionné. Et par la suite, on a eu un coach qui ne parlait ni français, ni anglais, ni allemand, donc pour la communication… On n’avait pas nécessairement les outils pour avancer. On a alors pris un mauvais départ, et même si on l’a bien rattrapé, c’était un peu trop juste. Maintenant, on connaît tous Flavio Becca. Quand il prend un club, il veut tout gagner tout de suite, ce qui n’a pas été le cas. Tout le monde sait que cela peut être compliqué et que ça prend du temps d’aller chercher des titres…
Justement, cette pression de résultats a-t-elle pu être préjudiciable ?
Je ne pense pas. Quand on rejoint un club de Flavio Becca, on sait comment cela fonctionne. Les objectifs seront toujours très élevés.
Comment expliques-tu une telle différence de niveau cette saison, avec un Swift aux résultats tout simplement impressionnants depuis le début du championnat ?
Contrairement à l’année passée, on a un entraîneur avec lequel la communication est top. Avec Pascal Carzaniga, c’est le jour et la nuit. Il est très proche de ses joueurs, nous met en confiance, parle beaucoup, et a réussi à créer cette envie de tout donner pour le club et le groupe. Et évidemment, nous avons de très fortes individualités. Tout cela fait qu’on a pris un bon départ, ce qui nous avait fait défaut les deux saisons précédentes. On était à chaque fois aux alentours de la sixième place à la trêve. Cela fait beaucoup à rattraper.
Puisque tu parles de Pascal Carzaniga, il avait déjà repris le club il y a deux ans, avec une très belle remontée et des résultats plus que positifs. Aviez-vous été surpris, dès lors, de ne pas le voir continuer l’aventure ?
Sincèrement, on n’avait pas trop eu d’explications. On savait qu’il avait signé six mois et que potentiellement, ça pouvait s’arrêter là. Mais on avait fait une très belle remontée avec lui, jusqu’à jouer le titre sur la toute dernière journée. On était un peu surpris après cette très belle deuxième partie de saison, mais on ne sait pas exactement ce qui s’est passé entre lui et le coach.
De nombreux observateurs parlent d’ailleurs d’un Swift qui, jusqu’à cette saison, était plus une somme d’individualités, alors qu’aujourd’hui, on a l’impression de voir une véritable équipe jouer. C’est un constat que tu partages ?
Oui, clairement. Cette année, on sent vraiment un gros collectif, une équipe très soudée. C’est aussi dû au coach, qui fait tout pour que l’on soit solidaires. Si je peux donner un exemple parlant, c’est que l’année dernière, une bonne dizaine de joueurs ne s’entraînaient jamais avec nous. La décision avait été prise d’avoir deux groupes différents, ce qui n’est jamais simple. On était repartis pour continuer comme ça cette saison, mais le coach a tout fait pour l’éviter. Cela fait que la plupart du temps, les 35 joueurs sont ensemble, sur le terrain. Il faut les séparer de temps à autre, en particulier lors de la préparation du match à suivre, mais cette proximité apporte beaucoup.
Ce n’est un secret pour personne que l’effectif est particulièrement chargé à Hesperange. Cela devient-il difficile de créer des liens avec le groupe quant autant savent qu’ils ne seront pas nécessairement titulaires ni remplaçants ?
C’est assurément plus un problème pour le coach que pour nous les joueurs. Ce que je constate, c’est que l’on a un groupe qui vit bien, et dans lequel il y a une excellente ambiance. Mais je pense aussi que les résultats aident, forcément. Quand c’est plus compliqué, on ressent plus de tensions et de problèmes. Là, comme on enchaîne très bien, ça soude les joueurs, et ceux qui ont peu de temps de jeu ne peuvent pas réellement se plaindre. Donc c’est certain que les succès facilitent la vie de groupe et légitiment les choix du coach.
Finalement, chaque année, on remarque beaucoup de mouvements sur le marché des transferts, mais le onze change peu, avec un socle bien défini. Comprend-on, de l’intérieur, tous ces recrutements à chaque intersaison ?
C’est sûr que parfois, certains joueurs sont sûrement déçus de voir de la concurrence qui arrive. Maintenant, on n’est pas surpris, car on sait comment le boss fonctionne. C’est la onzième année que je joue pour Flavio Becca. Donc je sais comment cela marche, quelle est sa politique. Évidemment que si on était un peu moins nombreux, on travaillerait peut-être mieux. Mais c’est ainsi que les choses sont ici, c’est la méthode du patron. Et s’il n’était pas là, on ne serait pas là non plus. On ne peut pas jouer la carte de la surprise quand la méthode de Becca existe depuis maintenant plus de dix ans.
L’an dernier, lors du choc – que l’on pouvait qualifier de finale – face à Dudelange, vous étiez passés à côté. Cette saison c’est tout le contraire, puisque vous les avez surclassés avec un succès qui restera dans les esprits. Au-delà des trois points, cette victoire envoie-t-elle un message ?
Oui, c’est certain. Tout le monde a vu qu’il y avait une différence avec les saisons précédentes. On est beaucoup plus solides, on travaille bien plus ensemble. Dudelange a vu qu’on n’a pas fait le même match que l’année dernière. En mai dernier, lors de ce match phare, on avait bien senti qu’on n’avait pas trop de solutions, qu’on ne savait pas trop comment aborder le match. Cette année, on savait exactement quel était l’objectif et on a su le mettre en place. Il y a une grosse différence de mentalité pour cette édition de BGL Ligue.
En 2022, le Swift Hesperange n’a perdu qu’un seul match en BGL Ligue. Penses-tu que parfois, tout le folklore autour du club fait un peu oublier les résultats, et que les médias sont trop critiques ?
Sincèrement, oui. Mais je ne suis pas trop surpris de ça. J’étais à Dudelange à l’époque Becca, et les médias ont toujours été durs avec ses équipes. Il arrive avec de gros moyens, de grosses ambitions et de grandes individualités. Tout le monde s’attend à ce que l’on écrase le championnat avec dix ou quinze points d’avance. Mais le football, ça ne fonctionne pas comme ça. Tous les matchs sont compliqués. On peut avoir les meilleurs joueurs, si l’environnement ou la mentalité ne sont pas là… Mais oui, les médias ne nous abordent pas comme si on était un club normal, selon moi.
En début de saison, votre coach avait fait de Dudelange le favori, et vous le challengez. Après plus d’un tiers du championnat, une place de leader et une très belle victoire sur la pelouse du F91, la donne a-t-elle changé ? Peut-on désormais dire que c’est le Swift qui est favori ?
Il y a un champion, qui est Dudelange et qui remet son titre en jeu. Nous sommes donc les challengers. Et tant qu’on n’aura pas une avance confortable, le F91 restera le favori. Ils n’ont pas dix victoires consécutives pour rien. Malheureusement pour eux, c’est nous qui sommes sortis vainqueurs de la confrontation directe, mais cela aurait pu tourner dans l’autre sens. Je suis certain que ce titre va se jouer jusqu’au bout du bout. À nous d’aller le chercher.
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