Il ne manquait plus que ça. Après avoir lutté contre l’opinion publique, la peur des athlètes mais aussi tout simplement le coronavirus, les Jeux Olympiques de Tokyo ont connu leur premier cas de membres de délégation positifs. Ce triste honneur est revenu à la délégation Ougandaise qui, après être arrivée en terre japonaise, s’est retrouvé avec un entraîneur et une autre personne dont le nom n’a pas été révélé positifs au variant Delta, de 40 à 60% plus contagieux. Encore plus problématique, tous les membres avaient pourtant été vaccinés, et avait passé des tests négatifs au moment d’embarquer. Un couac qui symbolise plus que tout les difficultés que s’apprête à vivre le CIO ainsi que le Japon dans son désir de maintenir ses jeux coûte que coûte.
Déjà dans l’obligation d’interdire la compétition aux ressortissants étrangers, les organisateurs de Tokyo 2020 ont aussi dû trancher avec une certaine violence vis-à-vis des accréditations officielles. Alors que 180 000 personnes s’attendaient l’an passé à recevoir le précieux sésame, le total a abruptement chuté à seulement 78 000 personnes pour l’intégralité des Jeux Olympiques et Paralympiques. Le jardin olympique devrait donc sonner particulièrement creux pour cette édition, avec trois fois moins de personnes prévues qu’à l’origine.
Face aux cas positifs de l’Ouganda, le CIO et le comité organisationnel de Tokyo ont annoncé être prêts à renforcer encore plus les mesures sanitaires pour éviter tout risque de propagation du virus. Et se rapprochent des réglementations qui avaient été mises en pratiques par l’Australie durant le Grand Chelem de tennis, en février 2020. Une tolérance zéro et un excès de zèle qui avaient été largement critiqués, la plupart des joueurs étant soumis à des quarantaines violentes et les empêchant de s’entraîner. Dans ce contexte, c’était 72 joueurs qui avaient eu l’interdiction de quitter leur chambre d’hôtel pendant deux semaines. Privés d’entraînement, ceux-ci avaient fortement critiqué le système, dénonçant une forme d’injustice dans laquelle certains abordaient leurs rencontres avec une condition physique impeccable, tandis que d’autres étaient en sérieuse méforme. Un constat compliqué qui dresse un parallèle frappant et jette une nouvelle part d’ombre sur la bonne tenue de cette édition des Jeux Olympiques. Ainsi, si des situations similaires venaient à se produire, on voit mal comment tout ceci pourrait ne pas créer de vives polémiques, en particulier pour une compétition que certains athlètes n’auront l’opportunité de faire qu’une seule fois dans leur vie. Perdre l’équité sportive serait en effet extrêmement problématique pour une compétition qui se construit sur une image d’égalité pour tous.
Mais les restrictions sanitaires et la peur d’une nouvelle vague ne se limitent pas qu’aux athlètes. Ainsi, de nombreuses villes hôtes ont décidé d’annuler leur engagement. C’est le cas du village rural d’Okuizimo, qui se réjouissait d’accueillir l’équipe indienne de hockey sur gazon. Néanmoins, au vu de la pandémie, la municipalité a pris la décision de tout annuler. Un choix difficile qui s’est reproduit en bien d’autres cadres où, au-delà de la peur du coronavirus se trouvait un sérieux souci sur le point de vue financier. Ainsi, pour réussir à accueillir des sportifs, il fallait en plus investir de sérieuses sommes pour créer une bulle pour les sportifs, avec des tests de dépistage fréquents et une équipe médicale disponible en permanence. Aussi, dans ce contexte d’isolation, l’échange entre sportifs et autochtones se voit réduit au néant, baissant drastiquement par là tout intérêt d’accueillir des athlètes.
Ces derniers semblent eux aussi ressentir de sérieuses réserves vis-à-vis de la compétition. Ils sont déjà nombreux a avoir annulé leur participation. Si beaucoup offrent une réponse policée sur les raisons de cet abandon, il ne fait nulle doute qu’en ôtant à la compétition le côté prestigieux et médiatique, les motivations de certains peuvent soudainement être moins élevées. Et certains pays se sont même décidés à franchir le pas en se retirant tout simplement des Olympiades, à l’image de la Corée du Nord, qui a officiellement annoncé ne pas participer.
Toujours sévèrement touché par le coronavirus et en retard sur son objectif d’inoculation de la population, le Japon va devoir aussi imposer des mesures drastiques en dehors de la compétition. Ainsi, six fans zones qui auraient pu permettre à grand nombre de supporter et assister aux Jeux Olympiques ont tout simplement été annulés pour se transformer en lieu de vaccination contre le COVID. Ainsi, il n’y aura aucun espace public pour regarder les Olympiades qui se feront déja dans des conditions assez drastiques et sans grand soutien populaire.
Un nouveau pavé dans une mare déjà agitée et qui confirme encore une fois que ces Jeux Olympiques seront très loin de se tenir dans des conditions normales. Entre absence de public, désistement d’athlètes, visibilité réduite au pays, et climat de peur, on a déjà vu meilleur cadre pour entamer la compétition sportive la plus célèbre au monde. Plus que la fête habituelle qu’elles sont censées représenter, ces Olympiades seront assurément focalisés à 100% sur l’objectif sportif au grand dam du divertissement et grand spectacle.
10 000 spectateurs maximum par site.
Il n’y aura pas de spectateurs étrangers pour la compétition. Néanmoins, les stades ne résonneront pas vide puis que les locaux auront la possibilité d’assister aux épreuves sous certaines conditions. Une jauge de 50% des capacités d’accueil de chaque site a été imposée, dans une limite maximale de 10.000 personnes. Plus surprenant, l’obligation de porter un masque sera combiné avec l’interdiction de parler à voix haute ou crier.
Quant aux Jeux Paralympiques, une décision sera prise prochainement, le 16 juillet, afin de décider de la présence ou non de spectateurs.
Désistement de beaucoup de grands noms
Serena Williams ne sera pas de la partie. L’immense star américaine de tennis a annoncé se concentrer sur Wimbledon et faire l’impasse sur les Jeux Olympiques. Une décision pas vraiment explicitée, mais qui rejoint un contingent de plus en plus élevé d’athlètes se désistant de la compétition. Maddie Groves, pour des raisons différentes, un grand nombre de footballeurs retenus par leurs clubs, mais aussi beaucoup de joueurs de tennis ont en effet confirmé qu’ils ne répondraient pas présent aux Olympiades. Et il en est de même au cyclisme où les français Romain Bardet ou Julian Alaphilippe ont eux aussi confirmés ne pas faire part de l’aventure.
Des sponsors inquiets
60 sponsors locaux, dont Asics, Canon ou Fujitsu ont injecté plus de 2,7 milliards d’euros en sponsoring dans la compétion, un record inédit. Pourtant, à l’heure actuelle, l’ambiance n’est pas à la joie et l’euphorie, mais bien l’inquiétude et la perplexité. Jun Nagata, directeur de la communication chez Toyota avait ainsi expliqué la situation il y a peu « Une partie de la frustration de la population est dirigée contre les athlètes, ce qui nous attriste en tant que sponsor (…). Honnêtement, nous nous demandons chaque jour ce qu’il faudrait faire ». Le PDG de Rakuten, est lui allé encore plus loin, qualifiant de « suicide » la décision de maintenir les Jeux Olympiques. Néanmoins, malgré l’absence de public, ces sponsors ne perdent pas la foi sur les possibles rentrées d’argent. Ainsi, la grande majorité des revenues espérés doit provenir de leur exposition durant les différentes épreuves auprès de la télévision et le streaming. Reste à savoir si l’intérêt du public sera le même dans des stades qui sonneront creux.
Mental Médias SARL
15 Rue Emile Mark
L-4620 Differdange LUXEMBOURG
m : moien@mental.lu