De retour au premier plan en décembre dernier à l’occasion des Mondiaux en petit bassin disputés en Australie, Julien Henx est fin prêt pour une année 2023 où il aura une qualification olympique dans le viseur. Depuis son stage à Lanzarote, Julien Henx évoque les défis qui l’attendent.
Julien, à Melbourne, on vous a vu de nouveau en pleine forme, cette compétition disputée à l’autre bout du monde n’a-t-elle pas été comme une renaissance pour vous ?
Oui, c’était la fin d’une période difficile et le début d’une autre plus positive. Les prochains 18 mois seront très importants pour moi. Cela faisait trois ans que je n’avais pas nagé aussi vite en petit bain, donc je me dis que je peux aussi progresser en grand bain, et que les Jeux sont encore accessibles.
Vous n’avez pas été épargné par le covid, avec pour conséquence une embolie pulmonaire…
Oui, en tout cas, j’ai fait des tests pulmonaires en janvier chez le docteur, et il m’a dit qu’il avait rarement vu des résultats aussi positifs, aussi rapidement. C’est quelque chose de très grave pour un sportif de haut niveau, pourtant, j’arrive même à avoir une meilleure capacité pulmonaire qu’auparavant, et c’est extraordinaire ! Le plus dur ces dernières années, c’est que je n’étais pas capable de m’entraîner à 100 %, et c’est compliqué comme situation. Parce qu’ensuite le problème devient mental, et on se demande alors quand tout cela va se terminer… Le déclic a été Melbourne. Mon 50 m pap’ était bien, mais ce n’était pas non plus le niveau que j’espérais. Ensuite, j’ai eu trois jours de récupération avant le 50 crawl. Et une fois que j’ai touché le mur, j’ai vu que je n’avais pas gagné ma série, mais pour moi j’avais gagné mon combat, et c’est tout ce qui compte à la fin. Je ne veux pas me comparer aux autres, seulement à moi-même, et être plus rapide. Je veux m’améliorer et à la fin, c’est ça qui fera la différence.
Comment avez-vous réussi à revenir en forme physiquement ?
J’ai continué à m’entraîner. Aller à l’entraînement, c’était faire la moitié du travail. Chacun peut rester chez soi et dire aujourd’hui je reste dormir, je ne fais rien. Je n’ai jamais baissé les bras, j’ai continué, et je savais qu’un jour, j’allais être de nouveau en bonne santé et rapide. J’ai le sentiment en moi que je peux nager très vite. Pour moi, vivre, c’est cela : c’est marcher, aller de l’avant, même si c’est dur et long ! J’ai beaucoup travaillé avec mon entraîneur mental Marc Plata qui a un cabinet de sophrologie respiratoire à Luxembourg. C’était mon entraîneur quand j’ai commencé à nager. Ensuite, nos chemins se sont séparés, mais on s’est retrouvés en septembre 2021, et désormais on travaille chaque semaine ensemble. C’est vraiment positif, et c’est quelqu’un à qui je dois beaucoup, tout comme mon entraîneur Arslane Dris. Il ne m’a jamais laissé tomber, il m’a écouté quand je n’allais pas bien. Il a tout fait pour que je me sente mieux et a toujours cru en moi. C’est rare de trouver des gens comme ça. Toute la team autour de moi, ce sont des gens extraordinaires, et cela n’aurait jamais été possible sans eux.
À aucun moment vous n’avez eu envie de dire stop, j’arrête là ?
Non, même s’il y a des jours où l’on se dit que c’est dur. Je n’ai jamais eu envie d’arrêter. J’ai ce feu qui brûle en moi, je sais que je peux nager 21’’ en grand bain, et j’ai envie de le vivre. J’ai envie de faire le chemin pour y arriver, c’est ce que j’aime faire. Chaque jour je me lève et je suis content de pouvoir nager à ce niveau.
Actuellement, vous êtes en stage aux Canaries à Lanzarote, comment cela se déroule-t-il ?
On est là pour douze jours. Le matin, on nage de 9 h à 11 h, ensuite on mange, puis à 15 h c’est musculation pendant 1 h 30 et je retourne nager une heure. Cela durant cinq jours. Ensuite, il y a un jour où l’on nage juste le matin, et l’après-midi c’est off.
Deux nageuses luxembourgeoises, Julie Meynen et Monique Olivier, ont récemment choisi de mettre un terme à leur carrière. Comprenez-vous leur choix ?
Je suis très proche de Julie, on a fait un long parcours ensemble, sauf qu’elle a fait les Jeux deux fois. On a fait le Festival olympique de la jeunesse en 2011 et depuis, beaucoup de compétitions internationales tous les deux. Je pense que c’est une athlète extraordinaire, j’ai rarement vu quelqu’un travailler aussi dur qu’elle. L’environnement où elle évoluait en Amérique, cela marchait très bien, car là-bas on valorise l’athlète. Ensuite, il y a eu la période covid, et quand on n’a plus le même soutien, que les Jeux sont décalés, c’est difficile… Elle a quand même fait 21e à Tokyo et c’est un résultat qui n’est pas valorisé. Alors qu’on parle quand même du 50 crawl féminin face aux meilleures du monde ! Ma vision personnelle, c’est que je ne cherche pas le mérite, j’essaye de rester concentré sur moi-même. Julie n’avait plus rien à prouver selon moi, et j’espère avoir le même palmarès qu’elle. Même si une seule participation olympique suffirait à mon bonheur. En tout cas ce qu’elle a fait, c’est exceptionnel, et je suis très fier d’elle. Mais je peux comprendre que c’est très compliqué. Même pour Monique qui faisait des études à côté de son projet olympique. La densité d’énergie et de volonté nécessaires, c’est énorme.
Dans l’optique de la qualification olympique pour Paris, 2023 va être une année charnière. Comment pouvez-vous atteindre ce fameux objectif des 21’’ ?
Grâce à mon encadrement. Je sais ce que je dois faire et on essaye d’optimiser. Je suis persuadé que l’on peut réussir en cherchant le positif. Ici, à Lanzarote, je peux être au soleil, m’entraîner, et Arslane – mon entraîneur – s’adapte aussi aux conditions. Tout n’est pas idéal, mais on peut construire quelque chose de très fort. Après, ma spécialité c’est le 50 crawl, donc c’est beaucoup de force et tout ce qui est muscu’ on peut le faire un peu partout. Mes séances dans l’eau durent 1 h, 1 h 15, ce n’est pas comme quelqu’un qui fait du 200 et qui doit nager 4 h par jour.
Parmi les compétitions les plus importantes cette année, laquelle attendez-vous avec le plus d’impatience ?
Les Jeux des petits États. Pour moi, ce sera un événement très important car on représente le Luxembourg à travers le Comité olympique. Souvent les conditions sont excellentes, même si je ne sais pas encore si ce sera qualificatif pour les Jeux olympiques ou pas, ce n’est pas encore clair. Après, il y aura les Championnats du monde en juillet. Mais je vais prendre chaque compétition comme une possibilité de me qualifier pour les J.O. Chaque fois que je me lance dans un 50 crawl, théoriquement, c’est faisable. Tout est possible.
Vous êtes ami avec Chris Leesch, vous n’avez jamais eu envie de changer de sport ?
Cela fait onze ans que je roule à moto. On était à Spa ensemble en 2021, on a roulé tous les deux sur le circuit. Je l’ai aidé à préparer un peu la moto pour les 6 h de Spa ; enfin… des choses pas très importantes, je n’avais pas envie de faire de la m… (rires). Mais ce que fait Chris pour moi c’est énorme, il a des c… ce mec, c’est incroyable. J’arrive à rouler vite à moto, mais je ne peux même pas comparer avec ce qu’il fait. C’est un autre sport ! Je roule, je prends du plaisir en regardant la MotoGP, mais lui, il vit le truc à fond ! Il est talentueux du début à la fin. C’est un mec heureux, gentil, agréable et pas prétentieux. Il tire tout le monde vers le haut. Chaque fois que l’on se voit, on passe de bons moments, et je suis content de partager tout cela avec lui. J’espère pouvoir aller à Spa en juin pour le soutenir au moment des 24 h !
Quel le menu préféré d’un nageur de haut niveau ?
Tout cela est très personnel, mais moi ce que j’aime, c’est faire un repas traditionnel : entrée, plat, dessert. Je peux manger plus en mangeant trois choses différentes, plutôt que de manger un plat énorme avec la même chose. Je veux quand même bien manger, et puis à côté prendre une salade, avec de la mozzarella ou de la feta, c’est frais, c’est agréable. Ensuite, pour tout ce qui est plat, je suis très escalope milanaise, avec des légumes à la poêle, des pâtes, mais pas avec trop de sauce. En dessert c’est tiramisù (rires). Mais comme je l’ai dit, c’est personnel, en tout cas je pense qu’il faut aimer ce que l’on mange et ne pas culpabiliser si on mange quelque chose de pas très sain sur le plan alimentaire. Par exemple, je vais une fois par semaine au Burger King, ça me fait du bien mentalement, et aussi au niveau de l’apport en calories. C’est un petit plaisir, je suis heureux, et c’est le plus important.
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