Les premiers mois de la saison cycliste 2021 nous ont déjà offert quelques grands
moments de vélo, mais également de nombreuses interrogations sur la forme
des uns et des autres avant les prochaines échéances, et notamment les trois grands
tours.
1-Julian Alaphilippe, d’autres coups d’éclat
à venir?
Désormais affublé du maillot arc-en-ciel, on ne peut pas dire que
Julian Alaphilippe se repose sur ses lauriers, même si jusqu’à
mi-avril, le champion du monde tricolore n’aura levé les bras
qu’une seule fois, à Chiusdino, à l’occasion de la deuxième étape de
Tirreno-Adriatico. Le coureur de la Deceuninck-Quick Step aura tout
de même cumulé les places d’honneur, avec une deuxième place
au général sur le Tour de la Provence et une place de dauphin sur
les Strade Bianche.
Mais ce que visait principalement en cette première partie de
saison le champion du monde titré à Imola en 2020, c’était surtout
les classiques flandriennes et ardennaises. Si les premières ne
lui ont pas véritablement souri, il a tout de même pu se réjouir,
en bon coéquipier qu’il est lorsque la situation se présente, de la
victoire sur le Tour des Flandres de son partenaire chez Deceuninck,
le Danois Kasper Asgreen. C’est sur la Flèche Wallonne que l’on
a alors retrouvé un Julian Alaphilippe plein de punch, parti à la
chasse à Primoz Roglic dans le mur de Huy pour aller chercher sa
troisième victoire sur cette épreuve. Quelques jours plus tard, le
Français se voyait bien récidiver sur Liège-Bastogne-Liège, après la
rocambolesque arrivée de 2020 dont tout le monde se souvient.
Cette fois, pas de bras levés avant la ligne d’arrivée, mais un duel
face à l’autre Slovène de ce peloton, Tadej Pogacar, parti de très
loin pour venir souffler la victoire à Alaphilippe dans cette Doyenne.
Déçu mais beau joueur, le protégé de Lefevere a reconnu la
supériorité de Pogacar après l’arrivée. Après cette première partie
de saison où il est passé par tous les états, le champion du monde
a désormais le Tour de France dans le viseur, avec pour objectif
avoué une ou plusieurs victoires d’étapes devant son public.
2-Wout Van Aert – Mathieu van der Poel:
retrouvailles au Tour de France?
La lutte entre ces deux-là, à laquelle parfois (souvent) s’est greffé
Julian Alaphilippe, aura encore marqué les esprits en ce début
d’année 2020. Les meilleurs ennemis du cyclisme ne se font
toujours pas de cadeaux, en cyclo-cross comme sur les routes. Que
ce soit en Italie, lors des Strade Bianche, où Mathieu van der Poel
est allé chercher une victoire magistrale (quatrième place pour Van
Aert), sur Milan-San Remo, avec respectivement une cinquième et
une troisième place, mais aussi en Belgique, sur les classiques.
Un duel fratricide qui devrait connaître une pause durant quelques
semaines. Absents du Giro, les deux compères vont axer leur
préparation sur le Tour de France, qui démarre le 26 juin. Wout Van
Aert devrait privilégier le Critérium du Dauphiné (départ le 30/05),
avant de participer à sa troisième Grande Boucle. Pour Mathieu van
der Poel (26 ans), ce sera le premier Grand Tour de sa carrière. Son
programme le mènera quelques semaines plus tôt du côté du Tour
de Suisse. Retrouvailles programmées à Mûr-de-Bretagne, le 27
juin, avec Julian Alaphilippe dans leur sillage?
3-Primoz Roglic, toujours grand favori du
Tour?
Après son énorme désillusion en 2020 où, face à son compatriote
Tadej Poagacar, il « perd » le Tour de France la veille de l’arrivée
sur les Champs-Élysées, Primoz Roglic va à coup sûr revenir
revanchard sur les routes de l’Hexagone. Son programme en 2021
a été conçu autour de cela, car le coureur de la Jumbo-Visma veut
à tout prix chasser ce souvenir douloureux et s’imposer sur le Tour,
après ses deux victoires sur la Vuelta en 2019 et 2020.
Véritable stratège et spécialiste des courses à étapes, le Slovène
a encore décroché la victoire au début du mois d’avril lors du Tour
du Pays basque, trois ans après l’avoir déjà remporté. Une course
qui était seulement sa deuxième apparition de la saison après une
15e
place au général sur Paris-Nice. Et après sa victoire au Pays
basque, Roglic n’a rien trouvé de mieux que d’aller en repérage afin
de découvrir les 31 kilomètres du contre-la-montre de la 20e
étape
de la Grande Boucle entre Libourne et Saint-Émilion. Il ne s’est pas
arrêté là puisque, dans la foulée, il a pris la direction de Changé,
lieu de départ du premier CLM du Tour (5e
étape), qui emmènera la
caravane du Tour de France sur 27 kilomètres en direction de Laval.
La concurrence est prévenue, Primoz Roglic ne laissera rien au
hasard cette fois. D’autant plus qu’après une longue pause entamée
après Liège-Bastogne-Liège, il arrivera frais comme un gardon sur
la Grande Boucle, contrairement à 2020.
4-Tadej Pogacar, la confirmation?
À seulement 22 ans, Tadej Pogacar se taille déjà un joli petit
palmarès depuis ses débuts professionnels avec UAE Team
Emirates. Après avoir tapé dans l’œil du grand public avec sa
victoire en forme de coup de tonnerre acquise au Tour de France
2020, le jeune cycliste slovène repart en 2021 sur de très bonnes
bases. Avec une victoire au général sur le Tour des Émirats arabes
unis et le Tirreno-Adriatico, un top 10 sur les Strade Bianche et une
troisième place sur le podium du Tour du Pays basque, le début de
saison est quasi idyllique. Surtout si vous ajoutez à cela son premier
Monument, avec sa victoire dans Liège-Bastogne-Liège face à
Julian Alaphilippe.
Avant le Tour de France, Pogacar sera au rendez-vous du Critérium
du Dauphiné, où son équipe UAE tentera de trouver la bonne
formule afin d’accompagner son leader, et ainsi d’éviter les couacs
comme lors du Tour du Pays basque avec McNulty… Peutêtre moins bien armé d’un point de vue collectif que les autres
prétendants à la victoire finale sur le Tour, Pogacar ne gagnera pas
toujours tout seul. Il devrait en outre être présent lors de la Vuelta,
dont le départ sera donné le 14 août.
5-Kevin Geniets, avec quelles ambitions?
Ce n’est pas faux de dire que le champion national est celui qui a le
mieux défendu les couleurs du Luxembourg en ce début de saison
cycliste. Avec sa 10eplace sur le Nieuwsblad et une 16e
sur les Strade Bianche, c’est tambour battant que Kevin Geniets a entamé
sa saison 2021. On l’a également vu à l’œuvre sur la troisième
étape de Tirreno-Adriatico, mais aussi à l’attaque sur le Tour des
Flandres.
Après les classiques printanières, le grand Eschois va se réserver
une petite coupure salutaire. Une pause qui est d’autant plus
bienvenue après sa lourde chute, heureusement sans conséquence,
sur la Flèche Brabançonne. Mais dès début mai, il reprendra sur le
Tour d’Algarve (cinq étapes), puis sur le Tro Bro Leon en Bretagne,
et enfin sur des rendez-vous comme le Critérium du Dauphiné en
juin. L’aboutissement de la saison estivale de Kevin Geniets sera à
coup sûr la Vuelta, ce qui sera, pour l’occasion, le premier Grand
Tour de sa jeune carrière. Un Tour d’Espagne qui empêchera le
coureur de Groupama-FDJ de s’aligner sur le Tour de Luxembourg.
Choisir, c’est renoncer…
6-Peter Sagan, direction Quick Step?
L’histoire entre Peter Sagan et la Bora-hansgrohe semble être sur
le point de se terminer prochainement. Arrivé en 2017 au sein de
la formation allemande, Peter Sagan a remporté sous son maillot
plusieurs étapes du Tour de France et deux maillots verts, un
Gand-Wevelgem, et aussi un Paris-Roubaix en 2018. Dans le top
5 sur Milan-San Remo 2021, il a également remporté en ce début
d’année une étape du Tour de Catalogne, puis la première du Tour
de Romandie.
Si cette première partie de saison n’est pas non plus si
catastrophique que cela, les années commencent doucement
mais sûrement à avoir une certaine emprise sur le Slovaque, triple
champion du monde en 2015, 2016 et 2017, dont les résultats
deviennent aléatoires. À tel point que les spéculations vont bon train
sur son avenir, que certains observateurs lient à Deceuninck-Quick
Step à partir de la saison 2022. Chez Bora, on dément en affirmant
que l’on négocie une prolongation de contrat avec Sagan… Les
prochaines semaines devraient nous en apprendre plus sur le futur
de «Tourminator»…
7-Bob Jungels et AG2R-Citroën, quèsaco?
Transféré chez AG2R-Citroën à l’intersaison, Bob Jungels connaît
des débuts contrariés au sein de sa nouvelle formation. Une équipe
AG2R qui a souhaité opérer un tournant dans sa composition,
en privilégiant désormais les classiques et les courses d’un
jour. Romain Bardet, le leader historique, parti, Vincent Lavenu
a souhaité faire venir Greg Van Avermaet et Bob Jungels afin
d’épauler notamment Oliver Naesen. Et les débuts de cette équipe
AG2R « new look » n’ont pas été véritablement à la hauteur des
attentes. Mis à part la victoire d’Aurélien Paret-Peintre lors du GP La
Marseillaise en ouverture de la saison le 31 janvier dernier, AG2RCitroën n’a que très peu goûté aux podiums d’après-course.
À l’image de l’équipe, Bob Jungels n’a donc pas encore montré
un état de forme qui lui permettrait de jouer la gagne. La faute à
quelques petits problèmes dorsaux, comme il l’expliquait récemment avant le départ de la Flèche Brabançonne: « J’ai pris une
semaine pour résoudre cela en passant différents examens
médicaux ou dentaires afin de faire le point sur ce qui n’allait
pas. J’ai également fait évoluer ma position sur le vélo et
j’ai changé de cales et de chaussures. Je suis ensuite allé
m’entraîner à Majorque pendant une dizaine de jours et tout
s’est très bien passé.»
Si AG2R-Citroën et Bob Jungels ont finalement retrouvé quelques
couleurs sur la Flèche Brabançonne, la malchance est ensuite
venue frapper le coureur luxembourgeois, avec une chute sur
l’Amstel Gold Race, qui l’a malheureusement privé du diptyque
Flèche-LBL.
8-Qui a le plus gagné?
Comme depuis 2013, c’est la Deceuninck-Quick Step qui truste en
ce moment la première place au nombre de victoires décrochées.
Avec 20 victoires remportées depuis le début de saison, l’équipe
dirigée par Patrick Lefevere devance actuellement la Jumbo-Visma
(14), à égalité avec les Britanniques d’Ineos Grenadiers (14). La
Deceuninck s’est également classée à 47 reprises dans le top 3, et
on retrouve des coureurs au maillot bleu 94 fois dans le top 10 en
Une seule équipe dans la catégorie World Tour n’a pas encore
connu les joies de la victoire, il s’agit des Belges de la WantyGobert, qui doivent se contenter d’un seul top 3. C’était à l’occasion de la troisième place d’Andrea Pasqualon sur le Samyn.
9-Paris-Roubaix en octobre, bonne idée?
Déjà reporté d’avril à octobre 2020 en raison du Covid, puis
finalement annulé, Paris-Roubaix a de nouveau été victime du
coronavirus en 2021. À une semaine de sa tenue prévue le 11
avril, la course a été reportée au 3 octobre prochain, au grand
dam des fans de cyclisme et des coureurs, qui ont dû adapter leur
programme en conséquence. « L’Enfer du Nord » est désormais
placé six jours avant le Tour de Lombardie.
Comme elle s’était déjà posée en 2020, la question de la météo
sera une nouvelle fois au cœur des interrogations au moment où
l’automne sera déjà bien installé dans le nord de la France. Ces
dernières années, la météo fut toutefois plutôt clémente à cette
époque, si l’on en croit les statistiques de Météo-France. Mais
après tout, si on aime Paris-Roubaix, c’est aussi pour ses conditions
dantesques, non ?
10-Chris Froome, le chant du cygne?
À 35 ans – bientôt 36 –, Chris Froome évolue désormais chez
Israel Start-Up Nation, après 10 ans remplis de succès chez Sky
puis Ineos. Quatre Tour de France, deux Vuelta, trois Critérium du
Dauphiné, deux Tour de Romandie, le natif de Nairobi s’est taillé
un solide palmarès au sein d’une équipe dont la domination fut
sans partage dans la dernière décennie. Mais même les belles
histoires ont une fin, et celle entre Ineos et Chris Froome ne fait pas
exception à la règle…
C’est en juin 2019, sur les routes du Critérium du Dauphiné, alors
qu’il prépare le futur Tour de France, que la fin de carrière de
Chris Froome a sans doute basculé. Victime d’une lourde chute
après avoir heurté un muret à une vitesse d’environ 60km/h, le
Britannique peut remercier sa bonne étoile de ne s’en tirer qu’avec
« seulement» plusieurs fractures aux côtes, au coude, et au fémur.
Sa saison se termine ici, et il faudra attendre février 2020 pour
le revoir en compétition. Mais depuis, Chris Froome est très loin
du niveau qu’il pouvait afficher avant ce terrible coup du sort. Un
peu plus d’un an après son accident, il termine à une anonyme
71e place du général sur le Dauphiné, à la 91e
place sur TirrenoAdriatico et 98e
de la Vuelta.
Pas suffisant, donc, pour prétendre à poursuivre l’aventure chez
Ineos Grenadiers. C’est chez Israel Start-Up Nation que « Froomey »
trouve refuge et tente de se refaire une santé, mais sur les deux
premières épreuves de 2021 où il était engagé, c’est plus souvent
en queue de peloton que l’on a vu Chris Froome… Le début de la
fin?
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