Après plus de trois ans passés sur le banc de Pétange, Yannick Kakoko a choisi de rejoindre le Racing pour un nouveau projet ambitieux. Mais quel est donc le secret de l’un des meilleurs entraineurs du championnat, à qui tout semble sourire ?
Tout démarre en 2022. À tout juste 32 ans, Yannick Kakoko est propulsé au poste d’entraineur de l’Union Titus Pétange en lieu et place de Nicolas Grézault, remercié pour des résultats jugés insuffisants par la direction. Il reste à l’époque neuf journées de championnat et le Titus est aux portes du barrage, devant lutter pour sa survie. La première de Kakoko à la tête du club pétangeois sera une victoire qui portera le sceau d’Artur Abreu, auteur d’un but et de deux passes décisives durant cette rencontre face à Hostert (3-0). Ce dernier, forcément très lié à Yannick Kakoko de par le projet qu’ils incarnaient à Pétange, considère d’ailleurs le technicien comme « un très bon entraineur, dans le top 3 du championnat avec Resende et Strasser ». Et il est difficile de donner tort à l’ancien offensif de Pétange, parti depuis à Differdange, puisque l’entraineur germano-congolais a le vent en poupe depuis qu’il a troqué la tenue de footballeur pour celle d’entraineur. Arrivé dans un contexte délicat à l’UTP, celui qui est passé par le centre de formation du Bayern Munich aura rapidement réussi à redresser la barre, pour finalement atteindre le sommet de son aventure pétangeoise lors de la saison 2022-2023, où le club termine à une 4e place synonyme d’Europe, et où Kakoko remportera notamment le trophée de meilleur entraineur de BGL Ligue. Une reconnaissance de ses pairs, nombreux à ne pas tarir d’éloge à l’égard de celui qui a rejoint le Racing cet été. L’adaptation dans le club de la capitale s’est d’ailleurs bien passée et la mayonnaise a pris d’entrée. Ou presque, comme l’explique Romain Ruffier, portier et directeur sportif du Racing : « Si on regarde nos premiers matchs, on arrivait à conserver le ballon, mais pas forcément à se créer des occasions et être dangereux. Et finalement, c’est ce qui a pris du temps, car on était sûrement trop concentrés sur la conservation de balle en elle-même. Le coach nous a donné des clés pour corriger cela. Il faut le féliciter d’avoir réussi à installer aussi rapidement son idée de jeu et sa tactique. »
Mais alors, qu’elle est cette méthode qui semble si bien fonctionner ? L’un des éléments de réponse réside forcément dans la force des convictions du tacticien. Kakoko fait partie de ces entraineurs qui impriment une identité forte à ses équipes et qui les rend reconnaissables entre mille. La griffe Kakoko réside tout d’abord dans l’envie d’avoir le ballon le plus possible, et surtout de détester le perdre, en témoigne le fort pressing à la perte de balle effectué par ses joueurs. Une philosophie dans l’air du temps, Pep Guardiola ayant évidemment ouvert la porte à ce jeu de possession qui gagne et qui en met plein la vue aux observateurs, avec une transition progressive vers des joueurs capables également d’avaler de plus en plus de kilomètres pour récupérer le ballon le plus vite possible. Mais ce qui fait également la force du « coach Kak’ » réside dans sa capacité d’adaptation : il n’hésite pas à demander du jeu plus vertical quand l’adversaire l’y oblige, notamment lors d’oppositions plus relevées. Un fin stratège donc, qui a une idée précise de comment chaque rouage doit être agencé pour que la machine « équipe » fonctionne parfaitement, comme le confirme d’ailleurs Romain Ruffier, évoquant une « très haute exigence tactique pour chaque poste, y compris celui de gardien de but ». Le perfectionnisme, ce mot qui revient sans cesse, où il est parfois possible de passer une heure à retravailler une séquence sur corner à l’entrainement tant que celle-ci n’a pas été réalisée à la baguette. Des principes forts, une compréhension du jeu et une adaptabilité certaine permettent de donner des clés de compréhension sur la réussite qui entoure les équipes entrainées par l’entraineur de 34 ans.
Mais au-delà des principes de jeu, aucun entraineur ne peut aujourd’hui réussir sans parvenir à fédérer un minimum son groupe. Ce dernier doit aujourd’hui également être un manager, qui va réussir à convaincre les joueurs de se tuer à la tâche pour ses convictions. Et dans ce domaine aussi, le nouvel entraineur du Racing semble avoir un temps d’avance sur les autres, comme en témoigne encore une fois Artur Abreu, qui considère que les qualités de meneur d’hommes sont ce qui caractérise le mieux l’ancien entraineur de l’UTP. Kakoko est en effet capable de concerner tout un groupe, de faire comprendre à tous ses joueurs, même les meilleurs d’entre eux, que tout le monde doit travailler pour que le collectif fonctionne. L’exemple transparait parfaitement sur ce début de saison réussi au RFCU où les joueurs offensifs, faisant partie des meilleurs joueurs de l’effectif, n’hésitent pas à redoubler les courses défensives pour aider l’équipe lors des phases sans ballon. Kakoko a cette capacité d’observation et d’analyse qui va lui permettre de convaincre ses troupes. Et cela ne s’arrête pas au XI de départ, l’entraineur étant toujours très à l’écoute de son groupe, ce qui inclut les joueurs qui jouent moins, mais pourraient être amenés à avoir leur chance. Ceux-là doivent aussi être dans un bon état d’esprit au quotidien pour performer lorsque le coach fera appel à eux.
Toutes ces qualités mises bout à bout laissent forcément songeur quant à l’avenir du jeune technicien. Quel est donc son plafond ? Jusqu’où pourrait-il aller ? Bon nombre d’entraineurs passés par la BGL Ligue ces dernières années ont réussi à atteindre le monde professionnel par la suite. Romain Ruffier l’évoque d’ailleurs tout naturellement : « Je pense que, de par ses idées et ce que je vois depuis 2-3 mois, c’est un entraineur qui peut réussir dans le monde professionnel, car il a des idées qui sont vraiment bien définies, et il arrive à les transmettre. » Yannick Kakoko pourrait donc être le prochain à s’envoler vers le très haut niveau, même si pour le moment, il a sûrement bien d’autres préoccupations, avec un calendrier qui va faire passer son Racing au révélateur des meilleures équipes du championnat et permettra de situer où le club en est, et ce qu’il peut réellement ambitionner sur cette saison.
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