Demain débutent les qualifications du lancer du poids. L’occasion de revenir sur cette discipline millénaire qui voit se défier des champions hors normes.
Inscrit au programme des Jeux modernes depuis leur création, le lancer du poids (ou shot put) est un incontournable du programme olympique avec ses performances défiant les lois de la gravité. Il existait déjà sous forme de jeu antique, voire de sport si l’on considère les jeux funèbres décrit dans le chant XXIII de l’Iliade où les meilleurs des soldats honorent une dernière fois la mémoire de Patrocle en se mesurant dans des épreuves pour recevoir des prix somptueux des mains d’Achille.
Tombé en désuétude, il semble réapparaître au XVIIe siècle où les soldats pour tromper leur ennui pratiquent le lancer de… boulet de canon ! Il faudra toutefois attendre 1860 pour que les Américains fixent le poids de l’objet à jeter à 16 livres (soit 7,257 kg) en référence au poids de la munition d’artillerie. Quelques années plus tard, des règles précises s’esquissent : le lancer ne peut se faire qu’à une main, puis l’élan circonscrit dans un cercle de lancement. Si la méthode première consiste à faire une saut vers l’arrière avant de se retourner de manière explosive pour lancer, une pratique plus récente implique de faire une rotation à la manière du lancer du disque, en plaçant le poids entre la nuque et l’épaule. Deux écoles qu’a bien connues Bob Bertemes, initié d’abord à la translation avant de s’entraîner en rotation plus récemment.
Au cours du XXe siècle, les records vont tomber les uns après les autres encouragés par des techniques de plus en plus aguerris et l’école américaine qui a la main-mise sur les Jeux. Bloqués pendant des décennies à des jets de moins de 16m, c’est après guerre que les 17m sont largement battus avant d’atteindre 18,04m en 1953 ; 19,06 en 1856 ; 20,06m en 1960, et 21,52m en 1965. Il faudra attendre 1976 pour franchir la barre des 22m et pour la première fois un record détenu par un athlète hors-USA : le Soviétique Aleksandr Baryshnikov (22,00m). Douze ans plus tard, l’Allemand Ulf Timmermann est le premier à franchir les 23m avec un lancer à 23,06m. Depuis 2023, le record est détenu par l’inaccessible Ryan Crouser et son jet colossal à 23,53m, repoussant de 19cm les limites humaines de son lancer déjà incroyable en 2021.
Et l’Américain de 31 ans, champion olympique en titre, sera le grandissime favori du concours, même s’il n’a pas dépassé les 22,80m cette saison jusqu’à présent, contrairement à ses deux concurrents directs. L’Italien Leonardo Fabbri a en effet franchi à domicile cette ligne par trois fois, poussant jusqu’à 22,95m sa marque au mois de mai et décrochant l’or au cours des Championnats d’Europe 2024. Mais l’épouvantail de la compétition restera l’homme en forme du moment, le compatriote de Ryan Crouser, son éternel rival et son aîné : Joe Kovacs, le seul a avoir passé les 23 mètres cette année avec un jet le mois dernier à 23,13.
Au-dessus des 22m, le Noé-Zélandais Tom Walsh, double médaillé de bronze lors des deux dernières olympiades, voudra s’inviter en finale pour décrocher les jets supplémentaires, tout comme le Jamaïcain Rajindra Campbell, bien qu’il n’ait pas réussi à lancer au-delà de 21,69m en plein air. Le Sud-Africain naturalisé Italien Zane Weir, malgré sa contre-performance à Rome, tentera de réitérer sa brillante 5e place aux Jeux de Tokyo, tandis que le Nigérian Chukwuebuka Cornnell Enekwechi, né aux États-Unis où il s’est entraîné toute sa jeunesse, vivra sa deuxième olympiade grâce à son jet à 21,91m
Avec ses 21,71m obtenus lors du CMCM Indoor meeting cet hiver, Bob Bertemes pourrait ne pas souffrir de la comparaison. Pourtant, il a alors signé avec ce jet la 11e meilleure performance mondiale en 2024 à ce jour, la 3e européenne, qu’il a clairement confirmée avec sa 6e place lors des championnats continentaux à Rome. De quoi espérer une qualification pour le concours final qui se disputera samedi à partir de 19h35.
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