Quand il débarque à Pékin en août 2008 afin de disputer ses premiers Jeux olympiques à l’âge de 21 ans, Usain Bolt est le nouveau détenteur du record du monde du 100m. Qu’il a chipé à son compatriote Asafa Powell quelques semaines plus tôt, le 31 mai, lors du meeting d’athlétisme de New York. En 9’’72, il améliore le précédent record établi à 9’’74, et ce à l’occasion de sa cinquième course sur la distance seulement, lui qui était jusqu’ici un véritable spécialiste du 200m.
Outre ses performances, la personnalité d’Usain Bolt apporte à l’athlétisme international une bouffée d’oxygène salutaire, dans une discipline qui se cherche une nouvelle star, et qui n’est pas épargnée non plus par le dopage. Mais Bolt n’est pas le seul Jamaïcain à faire briller les couleurs jaune et vert de la petite île caribéenne. Les sprinteuses Shelly-Ann Fraser-Pryce, sur 100m, et Veronica Campbell-Brown, sur 200m, font coup double en trustant la première place sur les deux distances.
Dans le Nid d’oiseau de Pékin, Usain Bolt se qualifie sans grande difficulté pour sa première finale olympique. Contrairement à l’Américain Tyson Gay, deuxième meilleur performeur de l’année 2008 avec un chrono en 9’’77, le 28 juin, et annoncé comme le principal rival du Jamaïcain, mais qui, à la surprise générale, ne franchit pas les demi-finales (5e chrono seulement). Asafa Powell est quant à lui bien présent, tout comme les sprinteurs du Team USA Walter Dix et Darvis Patton, pour ce qui s’annonce comme un duel Jamaïque – États-Unis pour désigner le meilleur sprinteur de la planète.
Un culot monstre
Les arbitres de cette finale du 100m sont les deux Trinidadiens Richard Thompson et Marc Burns, auteurs de très bons chronos en demies. Au couloir numéro 4, on aperçoit les grands compas d’Usain Bolt, dans les starting-blocks pour écrire une des plus belles pages de sa légende olympique. Le vent est nul, le starter donne le départ, et le Jamaïcain, comme de coutume, commence après 20m environ à produire un effort qui va scotcher tout le monde. À sa gauche, l’Américain Patton est dépassé ; à sa droite, Richard Thompson sait qu’il pourra seulement lutter pour l’argent en voyant s’éloigner Bolt irrémédiablement.
Tellement dominateur, Usain Bolt se permet même d’écarter les bras à 20m de la ligne, ultime humiliation pour ses sept adversaires… Avant qu’ils ne voient le chrono : « NEW WR 9’’69 ». Une claque, un éclair dans la nuit. Un milliard d’êtres humains assistent à l’avènement, en mondovision, du longiligne Jamaïcain, assez culotté pour relâcher son effort en fin de sprint, mais assez rapide pour battre le record du monde du 100m pour la deuxième fois en trois mois. Des scientifiques scandinaves estiment même que sans ses démonstrations de joie, Usain Bolt aurait pu réaliser un chrono entre 9’’55 et 9’’61. Et, en effet, il réalisera un nouveau record du monde en 9’’58 un an plus tard, aux Mondiaux de Berlin.
Quatre jours après, c’est sur sa discipline fétiche à l’origine qu’il s’aligne pour conquérir une deuxième médaille d’or olympique. En finale du 200m, Bolt retrouve Walter Dix, Shawn Crawford ou encore Kim Collins. Ses adversaires ne le savent pas encore, mais, chose rarissime, la foudre va tomber pour la deuxième fois au même endroit. Usain Bolt s’envole sur la piste pékinoise, remporte la course et, surtout, une fois de plus, bat le record du monde. Michael Johnson et son stratosphérique 19’’32 à Atlanta en 1996 sont effacés des tablettes, pour deux centièmes (19’’30). C’est la première fois dans l’histoire olympique qu’un athlète bat les records du monde des deux distances reines de l’athlétisme lors de la même olympiade. Il devient également le premier sprinteur depuis Carl Lewis à Los Angeles en 1984 à faire le doublé 100m/200m.
Nesta Carter rattrapé par la patrouille
Le 22 août, c’est avec la finale du 4x100m masculin que la sympathique équipe jamaïcaine a rendez-vous pour clore en beauté ces Jeux olympiques historiques pour l’île des Caraïbes. Une finale où les rivaux américains sont absents après un relais manqué et un abandon en demi-finale. Asafa Powell, Usain Bolt, Michael Frater et Nesta Carter ont l’or en ligne de mire et vont exécuter une représentation parfaite. Or et record du monde : la mission est accomplie. Mais en janvier 2017, Nesta Carter prive ses copains d’une médaille d’or olympique, après avoir été contrôlé positif à la méthylhéxaneamine, une substance prohibée. Le CIO décide de réattribuer le titre olympique à Trinidad-et-Tobago, ce qui fait dès lors descendre de neuf titres olympiques à huit l’extraordinaire palmarès d’Usain Bolt, initié un soir d’août 2008…
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