Football féminin : une évolution encourageante

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Football féminin

À l’instar de nombreux pays, le football féminin est en train de prendre de l’envergure au sein du Luxembourg. Un développement de plus en plus poussé qui permet au Grand-Duché de s’offrir une amélioration de niveau. Une progression dans l’ensemble encourageante, qui ne doit pas occulter de nombreuses zones d’ombre sur lesquelles les institutions doivent encore plancher.

C’est une constante que l’on retrouve dorénavant à travers le monde. Presque chaque mois, des records sont battus dans les tribunes ou derrière les écrans. Des affluences historiques pour le Barça en Ligue des champions, dans un Camp Nou absolument plein à craquer. Des records d’audience pour la sélection anglaise, vainqueur de « son » Euro dans une compétition qui a vu tout le pays se prendre d’amour pour ses joueuses. Et, il y a encore peu, un nouveau record d’affluence pour un derby entre Arsenal et Tottenham. Il ne fait pas débat aujourd’hui que le football féminin est en plein essor, tant en matière de niveau que de visibilité. Une mise en lumière qui n’échappe pas au Luxembourg, lui aussi actif dans la promotion de cette discipline.

Une sélection en plein rêve

À commencer évidemment par la sélection nationale. Pour sa première participation à des éliminatoires de Coupe du monde, le Luxembourg a déjoué tous les pronostics, avec un superbe bilan. 9 points, soit trois victoires en dix matchs, dans un groupe qui comptait les championnes d’Europe en titre, mais aussi l’Autriche. Des nations d’un autre calibre contre lesquelles les joueuses de Dan Santos n’ont pas pu faire grand-chose. Mais face à des écuries plus modestes, les lionnes ont su rugir, en témoignent les succès contre la Macédoine du Nord par deux fois, et la Lettonie. Un bilan qui en aura surpris plus d’un, y compris le sélectionneur, ravi des résultats glanés par son groupe. « Jouer ces qualifications avait pour but de montrer que le Luxembourg avait sa place parmi les autres nations. Au moment de débuter, c’était tout de même une inconnue. Avec trois ou quatre points, on aurait été très satisfaits, et finalement, aujourd’hui, on regrette de ne pas avoir gagné en Lituanie… C’est donc très encourageant. On nous prend bien plus au sérieux, ce qui était le premier objectif. » Une amélioration globale qui s’explique aisément par la décision prise au sein de la Fédération d’investir plus intensément dans la discipline : « Il y a une augmentation globale du niveau au sein de la sélection, c’est certain. C’est très simple : si je reprends notre tout premier match perdu contre la Bulgarie, je suis assez sûr que si on les rejouait aujourd’hui, on les battrait. Depuis que les structures ont été mises en place, les choses avancent définitivement. Les mentalités déterminées, lapplication et lengagement des filles sont réels et changeants, pour le meilleur », continue Santos.

Au-delà des résultats de plus en plus aboutis, on note aussi une autre grande amélioration, loin d’être anecdotique : la visibilité. Ainsi, les matchs de la sélection nationale ont été suivis par l’ensemble du pays, avec en point d’orgue ce match inaugural contre l’Angleterre dans le Stade de Luxembourg. Dans une enceinte flambant neuve, les joueuses du Grand-Duché ont pu compter sur un soutien comme elles n’en avaient jamais connu, s’offrant ainsi des souvenirs absolument inoubliables. Les rencontres suivantes, dans l’ensemble jouées au stade Émile-Mayrisch, ont aussi offert des affluences plus que raisonnables, avec une ambiance vivante et poussée. 

Mais ce n’est pas seulement sur le terrain que l’on a pu voir Amy Thompson et ses coéquipières. Ainsi, un documentaire signé RTL a permis de mettre plus en lumière tout un groupe dans le quotidien intimiste des vestiaires. Une réussite pour la première chaîne du pays, avec pour conséquence une plus grande reconnaissance des joueuses portant le maillot de la sélection. « Depuis que jai commencé, la visibilité et la médiatisation évoluent vers le haut », confirme le sélectionneur. « Jouer de grandes nations comme lAngleterre ou lAutriche a beaucoup aidé. On ressent dorénavant un intérêt de plus en plus prononcé de la presse. Évidemment, cela nest pas du même niveau que les équipes masculines, mais cest tout à fait normal et c’est la même chose dans chaque pays. Le fait de prendre neuf points a permis de montrer une belle image du football féminin. Le documentaire RTL a aussi beaucoup aidé, au même titre que les articles de presse. » Une visibilité grandissante, à l’image de la dernière pub signée Volkswagen mettant en avant toute l’équipe nationale dans un spot qui tourne dorénavant un peu partout.

Un championnat toujours inégal

Si la médiatisation du championnat s’est dans l’ensemble améliorée de façon conséquente, il ne faut pas se leurrer : l’attention du public et de la presse ne vient qu’avec les résultats. Pour réussir ces matchs enthousiasmants, le sélectionneur a pu s’appuyer sur un cru dans l’ensemble composé de joueuses évoluant en Ligue 1 Dames, hormis quelques exceptions. Le développement du football international passe-t-il dorénavant par un exode de plus en plus prononcé des joueuses à l’étranger ? Selon Dan Santos, il y aurait là des avantages évidents. « C’est un peu comme la sélection masculine. Les joueuses à l’étranger ont une autre intensité en championnat et une structure plus professionnelle qu’ici. Si on a plus de membres de l’effectif à l’étranger, on aura sûrement une équipe plus compétitive. » 

Car si la Ligue 1 Dames offre une écurie dorénavant habituée à disputer la Ligue des champions en la présence du Racing, l’ensemble demeure, comme depuis plusieurs saisons, bien inégal. « Quand on va voir des matchs comme Bettembourg, Racing ou Mamer, ce sont des rencontres intéressantes qui se suivent bien. Après, on demeure dans un championnat à trois vitesses. On retrouve, dans un top 4 réellement compétitif, un ventre mou, et enfin quelques écuries en réelle difficulté. On espère que le niveau va se resserrer pour que le tout soit plus équilibré et compétitif », confirme le coach.

Pour cela, des réformes sont actuellement mises en place. À commencer par le passage à dix équipes au lieu de treize. Un premier pas vers une amélioration de la compétitivité qui, trop souvent, offre des matchs sans le moindre enjeu, entre deux équipes aux niveaux diamétralement opposés. Au-delà de cette diminution du nombre de clubs, certains pans du football féminin restent encore à changer. À commencer par cet arbitrage, si décrié au pays. Si le niveau des hommes en jaune n’est pas remis en question, c’est bien le fait qu’il n’y ait qu’un seul arbitre par match au lieu de trois qui fait grincer des dents. Un avis évidemment partagé par Tiago Pereira, nouvel entraîneur de la Jeunesse Junglinster, qui se désole de la situation. « On ne peut pas continuer avec un seul arbitre… Ce n’est plus possible. Cela nous arrive de nous énerver contre eux, mais fondamentalement, ils n’y peuvent rien. » Avec une pénurie d’arbitres au sein du pays, la situation paraît complexe. Le passage à dix équipes en Ligue 1 Dames pourrait assurément améliorer la situation, le nombre de matchs par week-end diminuant ainsi drastiquement. Mais, plutôt que de taper contre les autorités compétentes, Dan Santos préfère rappeler que cet enlisement n’est pas nécessairement la faute de la Fédération. « Pendant la pandémie, quand seules la BGL Ligue et la Ligue 1 Dames jouaient, on pouvait se permettre davoir trois arbitres. La Fédération était pour, mais certains clubs nont pas voulu payer. On ne peut pas constamment blâmer les institutions. »

Dans un championnat dominé par le Racing de nombreuses saisons, que peut-on faire de plus pour améliorer la compétitivité et le renforcement des structures ? Comme souvent, les moyens alloués aux clubs apparaissent vite comme un pas dans la bonne direction. Une opinion derrière laquelle le sélectionneur de l’équipe nationale se range sans la moindre hésitation. « Il faut donner plus de moyens financiers aux équipes dames. Même au niveau UEFA, cela serait bien que les filles sélectionnées en équipe nationale permettent à leurs clubs de recevoir une petite indemnisation. Cela pousserait de nombreuses écuries au sein du pays à investir dans le football féminin. »

Au-delà des résultats dans l’ensemble encourageants à l’échelle nationale, le mouvement semble en marche. Des clubs comme Differdange ou Mamer ont commencé à investir dans des recrutements de plus en plus ambitieux et ne cachent pas leur désir de venir titiller l’ogre du Racing. Un investissement qui, au-delà des moyens mis au sein du Grand-Duché, est évidemment influencé par l’international. L’intérêt pour une discipline sportive a toujours un côté assez contagieux et, au fur et à mesure que des gens s’y intéressent, d’autres suivent. Une vérité que l’on peut vérifier à travers toute l’Europe actuellement, avec un développement des championnats domestiques et sélections nationales.

La sélection, justement. Revenons-y un instant. Alors que les résultats semblent au beau fixe et que l’humeur est à l’optimisme, que peut-on espérer d’ici cinq ans ? « Il y a aussi trois vitesses dans le football international féminin », commence par rappeler Dan Santos. « Un premier lot composé d’équipes comme lAngleterre ou la France, qui sont tout simplement intouchables. Puis il y a le niveau en dessous. Cest ce genre d’équipes que l’on aimerait réussir à titiller dans le futur. Si d’ici cinq ans nous réussissons à leur poser des problèmes, alors on pourra en effet dire que nous avons véritablement réussi notre mission. » Un regard porté vers le futur, donc, et un désir de continuer ont amélioré le rayonnement sportif et médiatique de la sélection nationale. Si les objectifs peuvent paraître assez élevés, la dimension prise par le football féminin au sein du pays et les résultats qui se sont ensuivis ne peuvent que nous pousser à voir en ces propos non pas un rêve inaccessible, mais bien un objectif atteignable.

admin

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