Quelques années après la création d’une section féminine au Tornado, le Luxembourg possède enfin sa sélection féminine. Et elle a montré un beau visage lors de son premier tournoi international disputé en novembre au Koweït.
Trente ans après les hommes, c’est au tour de la sélection féminine luxembourgeoise de faire ses débuts internationaux. Et contrairement aux garçons qui s’étaient à l’époque lourdement inclinés face à l’Afrique du Sud (23-0), les filles se sont imposées face à l’Irlande (5-4) pour leur baptême du feu. C’est au cours de la première Women’s Development Cup, disputée au Koweït, que l’aventure a démarré pour elles et leur staff, composé de Georges Scheier.
Créée par l’IIHF afin de promouvoir le hockey auprès de pays qui n’ont encore jamais participé à un Championnat du monde, la Women’s Development Cup 2022 réunissait, outre les Luxembourgeoises et les Irlandaises, l’équipe d’Andorre, celle de Colombie, les UAE, ainsi que le pays hôte, le Koweït. Alors oui, il est vrai que l’organisation d’une compétition de hockey sur glace dans un pays du Moyen-Orient peut paraître déroutante, mais elle apparaît comme une juste récompense pour l’équipe de hockey féminin du petit État pétrolier.
En tant qu’entraîneur de l’équipe, Georges Scheier était bien évidemment du voyage dans le Golfe persique. Ancien joueur pro et international luxembourgeois, le frère cadet de Ronny, assisté dans cette tâche par Christophe Hernandez, revient sur la genèse de la création de la première équipe nationale féminine luxembourgeoise : « On a eu l’opportunité de participer à la Women’s Development Cup 2022, et on s’est dit qu’on allait créer une équipe nationale. En deux ou trois mois, le projet était monté. »
Une médaille de bronze pour démarrer
Mais pourquoi a-t-il fallu attendre 2022 avant de voir des femmes revêtir le maillot d’une sélection luxembourgeoise de hockey ? Pour Georges Scheier, la réponse est simple : « Cela fait seulement trois ou quatre ans que l’on a commencé à développer une équipe féminine au Tornado. On est vraiment débutants, et on ne peut pas encore participer à un Championnat du monde, par exemple. En plus avec le covid, etc., on a perdu un peu de temps. »
Le groupe de joueuses luxembourgeoises est composé de profils hétéroclites, avec une pyramide des âges allant de 15 à 35 ans. « Oui, il y a beaucoup d’écart, mais la plupart ont une vingtaine d’années », précise celui qui est également l’entraîneur de la section féminine du Tornado. Mais n’est-il pas difficile d’attirer de jeunes filles dans un sport paraissant encore aujourd’hui – peut-être à tort – trop viril ? « Tout le monde est le bienvenu, même ceux qui apprennent à patiner. En tout cas, on a de plus en plus de demandes ! Cette saison, on a eu six nouvelles joueuses par exemple. On commence à rencontrer un certain succès. J’espère qu’avec cette médaille de bronze décrochée à la Development Cup au Koweït, cela va nous aider à recruter. »
11–0 face à Andorre !
Revenons au parcours des joueuses luxembourgeoises au Koweït. Victorieuses de l’Irlande, qui possède une sélection féminine de hockey depuis 2011, les filles de Georges Scheier entament donc pied au plancher leur premier tournoi international. Un succès qui va leur donner une grande confiance pour la suite de la compétition : « On a gagné 5-4, et cela nous a donné un vrai push. Ensuite, le deuxième match, on gagne face à l’équipe des Émirats arabes unis sur le score de 6-3 ». La première défaite luxembourgeoise interviendra face au pays hôte, qui remporte 5-2 son face-à-face.
Opposées ensuite à Andorre, les Luxembourgeoises signent leur plus large victoire du tournoi, avec un succès 11-0 face au petit pays niché dans les Pyrénées. Enfin, contre la Colombie, future vainqueur de la compétition, les filles terminent sur une défaite 4-0. « À ce qu’il paraît, ils n’ont pas de patinoire là-bas. Mais ce sont de très bonnes joueuses, il y en a certaines qui jouent au Canada et qui patinent très bien », précise Georges Scheier. Un petit bout de Canada, il y en avait également dans l’équipe du Grand-Duché avec la présence de Bailey Habscheid (30 ans), nièce de Marc. Issue du pays à la feuille d’érable, elle peut représenter en compétition le Luxembourg, pays de ses grands-parents. La native de Wymark dans le Saskatchewan présente de loin le CV le plus intéressant dans un effectif encore assez inexpérimenté. C’est dans l’équipe des Swift Current Wildcats que Habscheid débute sa carrière avant d’intégrer une université américaine et son prestigieux championnat de hockey NCAA, à l’université St. Lawrence dans l’État de New York où elle évoluera durant quatre saisons. « Elle a fait un super tournoi. Elle a terminé meilleure attaquante de la compétition. Elle ne joue plus maintenant en club, mais elle était tout de suite intéressée pour venir jouer avec nous », précise Georges Scheier.
Et maintenant ?
Après cette médaille de bronze obtenue lors de son premier tournoi international, l’équipe nationale va devoir se trouver d’autres challenges à relever. Mais pour l’instant, rien n’est encore acté. « Pour la suite, on va essayer de garder tout le monde motivé et jouer des compétitions, mais rien n’est sûr ni organisé pour l’instant. » Le développement du hockey féminin au Luxembourg restant encore à un stade peu avancé, notamment car seul le club du Tornado possède sa section féminine, Beaufort n’ayant pas encore franchi le pas : « Ils n’ont pas d’équipe féminine. Cela fait deux trois qu’ils en parlent, mais ça n’a pas encore été fait, il n’y a pas assez de joueuses. » Dès lors, il est bien compliqué pour les filles du Tornado de jouer des matchs, et elles doivent donc s’opposer à des garçons, faute de mieux : « On joue la Ligue luxembourgeoise avec les filles, mais elles n’affrontent que des garçons. On a un contact pour jouer d’ici deux ou trois ans dans la ligue allemande. C’est notre but de rejoindre une ligue féminine, que ce soit en Allemagne, en France ou en Belgique. »
Marc Habscheid, le plus luxembourgeois des hockeyeurs canadiens
Né au Canada le 1er mars 1963 de parents venus du Luxembourg, Marc Habscheid est l’oncle de Bailey Habscheid, joueuse de l’équipe nationale féminine luxembourgeoise. Et la carrière de Marc Habscheid en tant que joueur et entraîneur fut assez remarquable. Il joue trois saisons avant de passer professionnel en 1981 et d’intégrer la prestigieuse NHL au sein du club d’Edmonton Oilers. En 1982, il fait partie de l’équipe canadienne qui remporte les Championnats du monde juniors. Après Edmonton, il côtoie d’autres clubs de la ligue nord-américaine comme les Minnesota North Stars, les Detroit Red Wings, puis les Calgary Flames. Il terminera sa carrière en club en Europe avec des passages dans les ligues suisses et allemandes.
Sur le plan international, il représenta le Canada aux Jeux olympiques de Calgary, avec malheureusement – et c’est bien rare pour le Canada – aucune médaille décrochée en 1988. Il participa également aux Championnats du monde de hockey en Tchécoslovaquie en 1992, avec à la clé une élimination en quarts de finale (4-3 face à la Finlande). Lors de la saison 1997/98, il entame une carrière d’entraîneur dans la WHL (Western Hockey League).
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