Au Grand-Duché l’engagement en faveur de la durabilité se manifeste également dans le domaine du running. Avec une prise de conscience croissante de l’importance de la préservation de l’environnement, les coureurs luxembourgeois se mobilisent pour promouvoir des pratiques écoresponsables.
Parmi elles, figurent le « plogging », contraction du verbe « ramasser » en suédois [plocka upp] et de jogging. Didier Picard, président et fondateur de l’association PickItUp.lu, nous présente les contours et les perspectives de cette activité citoyenne et sportive.
Pourriez-vous nous présenter votre association et ses objectifs principaux ?
L’initiative est née à la suite d’un problème personnel de santé et de sédentarité. J’ai dû me bouger et j’ai pu rapidement constater qu’on a été immédiatement très suivi sur les réseaux sociaux avec une belle visibilité en 2019 et 2020 avant le Covid. Cela nous a permis de mener des actions collaboratives avec différents acteurs du Grand-Duché, principalement des entreprises d’assurance et de finance. Les employés étaient invités à ramasser les déchets. On a aussi établi un travail auprès des écoles et des jeunes avec des ateliers upcycling [NDLR : retraiter les déchets de manière ludique]. Au mois de mars prochain, on fêtera le 5eme anniversaire de l’association. Malheureusement, le constat est toujours le même, il y a autant de déchets malgré la communication sur le sujet. Un comité de 5 bénévoles gère l’association et on cherche encore et toujours toute personne motivée à participer à nos événements.
Qu’est-ce qui vous a motivé à créer PickItUp ?
Je m’efforce d’éduquer mes enfants dans le respect de la planète. La fibre environnementale, on devrait tous l’avoir. Tout le monde doit s’y mettre. Je suis toujours dégouté de voir le nombre important de déchets jetés le long des routes.
Quelles sont les principales activités menées par votre association, et quel impact pensez-vous avoir sur l’environnement et la communauté locale ?
Nous sommes présents un peu partout et notamment dans des évènements assez connus comme les Francofolies ou encore le Festival Opdakopp à Hederscheid. Nous avons été également partenaires d’Esch 2022. Nous proposons des activités ludiques afin d’entrer en contact avec les gens sur nos stands et dans le but de pouvoir échanger avec eux. Par exemple, aux Franco’ nous ramassons les mégots ou récoltons les bouchons de bouteilles et on en fait des cendriers de poches.
« 4 gros événements en 2024 »
Comment impliquez-vous la communauté locale dans vos activités, et quel est le niveau de participation ?
On développe beaucoup les échanges avec les entreprises et je dois le dire, on est un peu dépassé par notre succès! Un nombre conséquent d’acteurs s’est adressé à nous afin qu’on intervienne mais hélas on ne possède pas suffisamment de bénévoles. Nous intervenons auprès de certaines communes comme celle de Mamer en allant dans les écoles à la rencontre des élèves. On ne peut pas répondre présent à toutes les sollicitations mais on va se repositionner cette année en travaillant un peu moins avec les entreprises. On va s’organiser pour effectuer un plus grand nombre de ploggings dans l’année. On souhaite au minimum en faire 4 en 2024 dans l’année. Développer cette activité fait sens auprès de la communauté des runners.
Quels sont les plus grands défis auxquels vous est confrontés dans vos efforts de nettoyage et de sensibilisation, et comment les surmontez-vous ?
On n’est pas sur une performance sportive, c’est avant tout un rendez-vous convivial et revendicatif individuel ou collectif. D’ailleurs pratiquer le plogging à plusieurs demeure quelque chose de très convivial. Il n’y a pas des cadences très élevées, le rythme est fractionné si on doit faire un lien avec les entrainements. Il faut très souvent plier les jambes du fait du ramassage des déchets, cela contribue fortement au renforcement musculaire, étant donné qu’on réalise des squats par la force des choses. Dès lors, l’idéal est de le faire en sécurité et de ne pas se blesser. Lorsqu’on organise les séances avec le coach sportif, il explique tout pour parer à d’éventuels bobos. En ce sens, chaque séance se voit ponctuée par une petite session d’étirements.
Après l’aspect sportif, il y a aussi celui de la pédagogie. De la même manière qu’on effectue nos clean walk, on recense quels types de déchets on a ramassé et ceux qui vont être recyclés. On fait ce tri à l’issue du plogging. Ces sorties contribuent au bienfait de la santé à bien des égards et cela nous permet de rejoindre une communauté et de pouvoir ensuite essayer de sensibiliser le plus grand nombre.
La pandémie a-t-elle affecté vos activités ?
Individuellement, les gens ont profité des rares libertés qu’on leur avait laissées pour aller marcher dans la nature et pratiquer son petit ramassage de mégots et de déchets. Cela n’a pas été que négatif car les gens ont dû se réinventer et trouver d’autres activités. Sur nos réseaux sociaux, les gens ont relaté leurs petits gestes et ces actions ont contribué à donner des idées à d’autres qui ne le faisaient pas.
Comment avez-vous ensuite relancé la machine ?
Il faut être présent sur les événements mais également sur les réseaux sociaux qui permettent un certain essor. Le fait de documenter nos ramassages et de ne pas craindre de faire des selfies avec le sac de déchets ramassés en tagguant les différents partenaires est un vrai plus. Ramasser est un geste vertueux : il faut en discuter. C’est le travail de chacun et nous sommes là pour motiver les gens !
On doit continuer d’opérer un travail de sensibilisation auprès des jeunes dans le système scolaire luxembourgeois car ce sont eux ensuite qui sensibilisent leurs parents. Le travail auprès des institutions avec les partenariats auprès du public où on peut toucher un plus grand nombre revêt bien évidemment aussi une grande importance. Dans tous les cas, il nous sera impossible de faire de PickItUp un acteur majeur au Grand-Duché car on n’a tout simplement pas le temps. C’est un métier à temps plein si on veut vraiment être actif et ultra performant. Finalement, on se sent bien en tant que bénévoles, cela nous permet de garder notre indépendance.
Quels conseils donneriez-vous aux citoyens qui souhaitent contribuer à un environnement plus propre et plus durable au Luxembourg ?
Bien évidemment, et avant tout, de ne pas jeter ses déchets dans la nature. Je pense qu’il existe suffisamment de matériels et d’initiatives au Luxembourg pour ne pas devoir le faire. D’ailleurs agir ainsi est punissable par la loi. Ce n’est pas un geste anodin !
En tant que président, quelle est votre vision à long terme pour votre association ? Comment voyez-vous son rôle évoluer dans la société luxembourgeoise ?
Elle est dictée par la nécessité de continuer à sensibiliser car le problème ne s’arrange malheureusement pas. D’ailleurs ce mal ne fait qu’empirer à cause de la problématique de surconsommation. Consommer moins participe à la réduction des déchets, c’est une logique. On ne ramasse que les petits déchets dans la nature, les dépôts sauvages ne font pas partie de notre registre.
Une expérience ou anecdote particulièrement marquante ?
On trouve un peu de tout au rayon des curiosités et notamment des choses olé olé dont je ne peux pas parler ici (rires). Malheureusement, et c’est moins drôle, sur le parking des festivals, on a déjà trouvé des drogues dures. Mais sinon, cela figure toujours comme de grands moments de partage avec les gens !
Pour suivre l’actualité de l’association :
Jocelin Maire
Mental Médias SARL
15 Rue Emile Mark
L-4620 Differdange LUXEMBOURG
m : moien@mental.lu