C’est en février 2021 que l’annonce, qui a fait l’effet d’une bombe est parvenue. L’autorisation du télémètre pour l’USPGA est en effet devenue officielle, et a provoqué dans la foulée une avalanche de réactions, la majorité négative. Pourquoi une telle opposition à cette réforme ? Bien des raisons. A commencer par la dénaturation du sport et la dévalorisation du rôle de caddie. C’est ainsi que Justin Thomas n’avait pas hésité à dégainer peu après sa découverte du changement : « Je ne les aime pas vraiment. Je pense que cela enlève un avantage d’avoir un bon caddie qui va peut-être là-bas voir l’endroit ou jouer une ronde d’entraînement et fait le travail à l’avance par opposition à d’autres moins rigoureux. Surtout maintenant entre les livres de métrage, les livres verts et les télémètres, techniquement, vous n’avez même pas vraiment besoin de le faire.». Un avis partagé par de nombreux joueurs qui estiment que faire le choix de la technologie au profit du conseil humain dévalue la nécessité de maîtrise et connaissance du caddie sur le parcours.
Pourtant, à bien regarder les propos de l’institution décisionnelle, le choix d’approuver l’utilisation de télémètres en compétition n’a pas été validé par désir de révolutionner le jeu, mais tout simplement de… l’accélérer. Alors que le jeu lent est depuis des années un adversaire que le PGA Tour n’arrive pas à vaincre – les rondes atteignant parfois six heures – les décideurs ont décidé de tenter leur chance avec un outil conçu pour gagner du temps dans l’analyse d’un coup. Une théorie que là encore, le golfeur Thomas réfute violemment, à l’image du PGA Championship de Kiawah remporté par Phil Mickelson : « Vous allez toujours avoir besoin d’obtenir toutes ces informations, mais cela va simplement ajouter un autre élément qui va ajouter du temps aux tours en termes de prise de vue avec le télémètre. »
Pourtant, lors de la compétition, bon nombre de joueurs ont semblé changer d’opinion sur l’utilisation des télémètres. Souvent réticents au premier abord, les golfeurs ont réussi à voir le bénéfice ajouté de ces gadgets, comme Webb Simpson : « Nous avons expériencé de nombreuses situations dans lesquelles le télémètre peut apporter une aide supplémentaire. Lors de coups aux angles particulièrement épineux, nous avons trouvé de véritables différence de distance avec ce que nous avions calculé ». Considéré totalement inutile lorsque l’on est situé au milieu d’un fairway, où les analyses traditionnelles sont imparables, la valeur ajoutée du télémètre se retrouve donc lorsqu’un golfeur est sorti des sentiers battus.Un apport bienvenu donc, mais qui n’a pas pour autant résolu les soucis de durée de parcours. « Quoi que l’on fasse, avec 156 joueurs sur les deux derniers jours, le temps de jeu va être conséquent, télémètres ou non ».
Si une augmentation de la durée n’a pas été constaté, un grand nombre de joueurs estime paradoxalement que c’est un risque réel. En effet, si cette technologie peut permettre une analyse de la distance peut-être plus précise, elle n’empêche pas de devoir prendre en compte et jauger bien d’autres facteurs. Ainsi, le carnet de parcours devrait demeurer tout aussi indispensable, et le cas de figure où une simple utilisation du télémètre rendrait caduque les autres outils semble impensable.
Le débat continue donc de faire rage entre ceux qui estiment qu’ajouter un nouveau gadget ne fera qu’allonger la durée de parcours, et les autres, plus optimiste sur une utilisation réussie du télémètre dans le futur. Une chose est sûre, le débat semble encore loin d’être fini. En introduisant cette réforme, il était évident qu’il faudrait un certain temps d’acclimatation avec ce nouvel outil avant de réellement pouvoir affirmer si cela porte ses fruits. En attendant ce jour, les déclarations tapageuses et opinions divergents devraient continuer de se propager régulièrement, par le biais d’autres nouvelles technologiques tels que les réseaux sociaux. Le progrès, qu’on vous dit.
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