Christos, Kostas, est-ce que vous pouvez nous raconter votre début de carrière ?
Christos : On a été formés tous les deux à l’Iraklis Thessalonique. C’est un bon niveau, mais il est difficile en Grèce de s’établir dans la durée en équipe première, parce qu’il faut connaître les bonnes personnes. D’Iraklis, je suis d’abord parti à Panserraikos en Grèce, puis je suis arrivé à Reutlingen en août 2018 en Allemagne, et ensuite au TUS Coblence en septembre 2019. C’est là que Kostas m’a rejoint.
Pourquoi justement l’Allemagne ou plus précisément Coblence ?
Christos : Notre papa organise des camps d’entraînement de football en Grèce. J’ai joué avec mon frère dans l’un de ceux-là et un des entraîneurs venait de Coblence. Il nous a vu jouer et il nous a proposé de tenter notre chance en Allemagne. C’est ainsi que nous sommes arrivés là-bas.
Vous êtes ensuite revenus en Grèce…
Christos : Oui, c’est juste, je suis retourné en Grèce à l’Olympiacos Volos. C’est un club qui jouait l’Europa League avant et qui y avait rencontré Differdange en qualifications. Ils avaient battu Differdange 0-3 en déplacement et 3-0 à domicile (n.d.l.r. lors de la saison 2011/2012). Ils auraient dû tomber contre le PSG au tour suivant, mais ont été exclu de toute compétition européenne par l’UEFA pour des problèmes avec l’argent (n.d.l.r. le club a été reconnu coupable en 2011 dans le scandale de matchs truqués, appelé Koriopolis). J’ai été champion avec cette équipe lors de la saison 2018/2019 en troisième division et nous sommes donc montés en deuxième division.
Kostas : De mon côté, j’étais au club de Niki Volos et on était également en deuxième division…
Vous deviez donc jouer l’un contre l’autre…
Christos : On aurait dû… C’était très intéressant comme situation. C’était quelque chose de tout à fait nouveau. Malheureusement on n’a pas joué l’un contre l’autre, parce que le match a été reporté, puis annulé en raison de la pandémie.
Ensuite, pour la saison 2020/2021, vous décidez de quitter la Grèce pour rejoindre le Syra Mensdorf. Qu’est-ce qui vous a poussé à un changement aussi radical ?
Christos : On est arrivés au Luxembourg sur conseil d’un joueur qu’on a côtoyé à Coblence, Amodou Abdullei (n.d.l.r. joueur passé dans notre championnat par Dudelange, Käerjeng et Grevenmacher). Il aimait bien notre manière de jouer et un jour, alors qu’il était venu nous voir en Grèce, il nous a proposé de tenter notre chance au Luxembourg. On était jeunes, 20 ans et on s’est dits pourquoi pas. On est venus ici pour tenter quelque chose de nouveau dans notre carrière. C’est vrai que le Luxembourg n’est pas la destination la plus connue. Mais peu importe, le but est de jouer. D’abord en D1, maintenant en Promotion d’Honneur, et essayer de toujours progresser. Notre but est d’atteindre le plus haut niveau au Luxembourg.
N’y a-t-il pas un écart de niveau énorme entre une D2 grecque et notre troisième échelon national ?
Kostas : Je ne vais pas vous mentir, à Mensdorf, on ne joue pas à un niveau extrêmement élevé. Mais pour moi, en tant que gardien de 19 ans, ce qui comptait, c’était de jouer et d’accumuler de l’expérience pour monter de niveau. Je préfère jouer que monter trop vite en BGL Ligue et me retrouver sur le banc.
N’était-ce pas trop difficile de changer de vie, comme ça sur un claquement de doigts ?
Christos : C’est toujours un peu difficile de changer de vie comme ça, mais pour moi, tout ce qui compte, c’est le football. Je me consacre entièrement au football. Je ne sors pas par exemple, parce que je pense uniquement au football et j’essaie d’être le plus sérieux possible. Ce n’est pas évident de changer d’équipe et de pays chaque année. Mais ce n’est pas un problème. Je considère le football comme un travail et je n’ai pas de problème de faire ces sacrifices pour mon travail. Quand nous sommes arrivés en Allemagne, c’était d’autant plus difficile au début, parce que nous ne parlions pas l’allemand, mais nous avons été au cours pour apprendre la langue. C’était très important pour pouvoir jouer.
De Mensdorf, vous avez ensuite été transférés ici. Comment est-ce que le Berdenia vous a découvert ?
Kostas : L’année dernière, nous avions vraiment bien entamé la saison avec Mensdorf (n.d.l.r. au moment de l’interruption, Mensdorf était 12e de la série avec un total de huit points en autant de matchs). Vous le savez mieux que moi, c’est un club qui n’est pas habitué à la Division 1 et qui a passé l’essentiel de son existence entre la D2 et la D3. En Coupe de Luxembourg, nous avions créé la surprise en battant Mamer 1-0 sur un but de Christos. À ce match, il y avait des scouts du Berdenia Berbourg. On a été invités à y passer un test pendant l’interruption à cause de la pandémie et il a été concluant. Le coach, Martin Forkel, voulait nous faire signer et c’est ainsi qu’on a signé.
Comment jugez-vous votre début de saison ?
Kostas : On a fait un très bon début de saison, mais il reste encore beaucoup de chemin. L’atmosphère est bonne et on a un excellent entraîneur, Martin Forkel. Il a beaucoup d’expériences du football allemand et de bien d’autres pays. On a également un excellent entraîneur de gardiens, Daniel Becker. Je suis très heureux ici.
Christos : Certes je ne joue pas le nombre de minutes que j’espérerais et que je pense mériter, mais je continue à travailler dur. On a bien démarré la saison. L’atmosphère est bonne, on s’entraîne bien et le staff nous encadre très bien. Cette saison, je pense qu’on peut viser le top 6.
Comment jugez-vous le niveau général du football au Luxembourg ?
Kostas : Je suis super heureux de jouer au Luxembourg, parce que c’est une nation qui footballistiquement a progressé de 20 niveaux sur les dix dernières années. On a vu Dudelange accéder aux phases de groupe de l’Europa League et bien y performer. Sébastien Thill actuellement marque très facilement en Ligue des Champions. On voit également beaucoup de joueurs signer dans des clubs d’un bon niveau, comme Tim Kips qui joue maintenant à Aue en deuxième Bundesliga. En Grèce par contre, sur les dix dernières années, le football a régressé de 20 niveaux. Le système actuel au Luxembourg permet aux jeunes joueurs de bien évoluer et de franchir le pas vers de plus grands clubs en Europe. C’est du moins ainsi que je vois le système luxembourgeois.
Et plus précisément de la Promotion d’Honneur ?
Kostas : Le niveau de la Promotion d’Honneur est très élevé. Tous les clubs performent à un haut niveau. Käerjeng est peut-être en tête, mais il n’est pas du tout improbable qu’ils perdent contre Steinsel ou contre nous. Avec l’adversité qu’il y a, à mon avis, un jeune joueur ne doit pas avoir peur de rester deux ou trois ans en Promotion d’Honneur. C’est l’endroit idéal pour la post-formation et un jeune y apprend beaucoup, notamment dans le domaine tactique. Je conseillerais à tout U19 de venir faire ses dents ici.
Quelles sont les caractéristiques du football luxembourgeois par rapport au football grecque ?
Kostas : Le football luxembourgeois est fortement imprégné par le football allemand, français et belge. Ça en fait un football d’une qualité tactique et technique supérieure au football en Grèce, où on joue beaucoup plus avec la force et les qualités athlétiques. Je préfère la manière de jouer des équipes au Luxembourg.
On s’en doute, votre but, c’est d’accéder à la BGL Ligue. Mais il y a-t-il un club pour lequel vous aimeriez jouer ?
Christos : J’aimerais jouer pour Differdange, parce qu’ils ont déjà rencontré mon ancienne équipe. C’est le tout premier club luxembourgeois que j’ai connu. J’aimerais bien aussi jouer pour Hamm Benfica, parce que l’année dernière, on aurait dû jouer contre eux en Coupe de Luxembourg, mais la rencontre a été annulée à cause du Covid.
Kostas : J’aime quelques clubs de BGL Ligue, à commencer par Dudelange et le Racing. Ce sont évidemment de très bonnes équipes, et pour moi, le coach du Racing (n.d.l.r. Jeff Saibene) est le meilleur de la Ligue.
Est-ce que vous préférez jouer ensemble ou l’un contre l’autre ?
Christos : C’est toujours intéressant de jouer dans la même équipe que mon frère, parce que je sais exactement comment il joue. On a joué pendant des années ensemble.
Kostas : Moi justement, j’aimerais jouer contre mon frère. Comme on est jumeaux, on joue quasiment toujours ensemble depuis tout petit. Je sais ce que c’est d’avoir son frère comme coéquipier. Maintenant, je veux savoir ce que ça fait d’avoir son frère comme adversaire. Et je veux naturellement gagner… En arrêtant son pénalty dans le temps additionnel (Rires).
Un dernier mot pour conclure ?
Christos : J’ai un conseil pour les joueurs qui ont actuellement six ou sept ans et qui rêvent de devenir professionnel. Il faut travailler dur, tous les jours. Le football n’est pas évident. Parfois, il faut quitter la maison très jeune. Moi, j’ai quitté la mienne à quinze ans. C’est important de rester concentré sur le football et de s’entraîner sérieusement. Il ne faut pas commencer à sortir et à perdre son focus. C’est l’un des meilleurs sports du monde, mais ce n’est pas évident d’en faire son métier.
Entretien réalisé par Andy Foyen
Mental Médias SARL
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